ICOM International Council of Museums - Museo Estancia Jesuitica ...

Célius: Le musée, le passé et l’histoire
alphabétique dans celui de 1941 suggérait un mode de regroupement (certes discutable)
des objets. Si, désormais, on distingue clairement ce qui se situe à l’extérieur de ce qui
est exposé à l’intérieur du musée, aucun ordonnancement n’est indiqué pour l’intérieur.
La collection reste hétéroclite et le mode d’exposition n’est ni chronologique ni
thématique. Aucune précision n’est fournie sur les objets énumérés dans le catalogue.
Selon Georges Corvington, Gérard M. Laurent qui a succédé à Dorsinville et a dirigé le
musée pendant une quinzaine d’années, serait parvenu à une organisation méthodique
de la collection 26 . Ce n’est pas le point de vue des responsables du MUPANAH qui ont
hérité de l’ensemble du fonds. Selon l’un d’entre eux, Gérald Alexis, aucune orientation
précise n’a été donnée, aucune politique de conservation n’a été réellement pratiquée
dans ce musée 27 .
Comment est né le MUPANAH ? Jean-Claude Duvalier, succédant à son père en
1971, envisage d’ériger un mausolée dédié à sa mémoire. Le projet, lancé en 1972,
aboutit en 1975. Une place privilégiée est réservée à François Duvalier, mais il s’agit
d’un Mausolée des Pères de la Patrie, auquel on envisage, très vite, d’associer un
musée. Le dépliant d’inauguration du Mausolée annonce la création de celui-ci, prévu
par le décret du 12 avril 1975, complété par celui du 17 novembre 1975 portant
organisation administrative et statut du personnel du Musée de la Nation haïtienne.
Albert Mangonès, alors Directeur du Service de conservation des sites et des
monuments historiques créé en 1972, membre de l’équipe de réalisation du Mausolée,
sollicite Georges Henri Rivière pour la concrétisation du nouveau musée 28 . Les deux
hommes avaient travaillé ensemble à l’accomplissement, en 1950, de l’éphémère
Musée du peuple haïtien. Rivière achève la rédaction du rapport définitif de sa
deuxième mission en Haïti en 1976 29 . S’ensuit une mission technique, visant à
proposer une muséographie adaptée au lieu, effectuée par un spécialiste de
l’UNESCO, le muséologue-programmateur Claude Pecquet 30 . Le décret de création du
musée, daté du 20 octobre 1982, en fait un organisme autonome à caractère
administratif et culturel dénommé «Musée du Panthéon National haïtien, désigné sous
le sigle: MUPANAH». Un autre décret affecte «le Mausolée des Pères de la Patrie à
titre de local du Musée du Panthéon national haïtien» 31 . En 1983, la famille Duvalier
fonde l’INAHCA, Institut national haïtien de la culture et des arts (loi du 30 juin), qui a
pour mission de définir et d’exécuter la politique culturelle du gouvernement et
regroupe un certain nombre d’établissements dont le MUPANAH. L’INAHCA n’a pas
survécu à la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986 et les organismes qui le
constituaient, après une période de flottement quant à leurs ministères de tutelle, ont
été rattachés au Ministère de la culture, créé en 1988.
Le MUPANAH a recueilli l’ensemble du fonds du Musée National. Il traduit toutefois
une conception patrimoniale sensiblement élargie par rapport à celle sur laquelle
reposait le Musée National. L’entreprise menée sous Vincent se base sur une vision
foncièrement historicisante, alors qu’elle s’inscrit dans le contexte de l’émergence
26 Georges Corvington, Discours prononcé aux funérailles de Gérard M. Laurent, Revue de la Société
haïtienne d’histoire et de géographie, no 207, avril - juin 2001, pp. 65-67.
27 Gérald Alexis, « Le musée haïtien : passé, présent et perspective » in Gérard Barthélemy et Christian
Girault, dir., La République haïtienne. État des lieux et perspectives, Paris, ADEC-Karthala, 1993, pp.
424-433.
28 Cf. archives de Georges Henri Rivière que j’ai consultées alors qu’elles étaient conservées au Service
historique du Musée National des arts et traditions populaires (MNATP), Paris. Bte 18.
29 Georges Henri Rivière, avec la collaboration d’Albert Mangonès, Réflexions sur un programme de
présentation, d’animation et d’administration pour le Mausolée des Fondateurs de la Patrie à Port-au-
Prince, Port-au-Prince, 3 septembre 1976. Archives de Georges Henri Rivière, MNATP, Bte 18.
30 Claude Pecquet, Muséologue – Programmateur, Consultant de l’UNESCO, Rapport de mission. Haïti,
Port-au-Prince: 26 novembre 1979 - 14 décembre 1979. Projet muséologique d’adaptation de l’actuel
"Mausolée des Pères de la Patrie" en Musée de la Nation haïtienne, Paris, le 17 décembre 1979.
Archives de Georges Henri Rivière, MNATP, Bte 18.
31 Le Moniteur, jeudi 21 octobre 1982.
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