Structure, fonctionnement, évolution des communautés benthiques ...
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tel-00009359, version 1 - 1 Jun 2005<br />
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Chapitre 4 – Synthèse et discussion générale<br />
voisines immédiates. L’hypothèse de la « diversité-stabilité » postule que l’efficacité énergétique et la<br />
stabilité d’un système augmentent avec la diversité et que toutes les espèces jouent un rôle identique.<br />
Enfin, l’hypothèse de la « redondance » considère que <strong>des</strong> analogues fonctionnels peuvent se<br />
remplacer dès lors qu’ils appartiennent à <strong>des</strong> groupes fonctionnels identiques. Les conséquences de la<br />
perte de diversité sur le <strong>fonctionnement</strong> de l’écosystème sont différentes selon les hypothèses.<br />
Alors qu’aucune relation n’existe entre la diminution de la diversité et les conséquences<br />
prévisibles sur le <strong>fonctionnement</strong> <strong>des</strong> écosystèmes dans l’hypothèse de l’« idiosynchrasie », une<br />
diminution <strong>des</strong> attributs fonctionnels <strong>des</strong> écosystèmes est associée à l’altération de la diversité dans les<br />
hypothèses de la « redondance » et <strong>des</strong> « rivets pop ». Enfin, l’hypothèse de la « diversité-stabilité »<br />
prévoit une diminution linéaire <strong>des</strong> attributs fonctionnels avec la diminution de la diversité. Ces<br />
différentes hypothèses sont dépendantes de différentes échelles temporelles. Ainsi, la redondance<br />
d’espèces assurant la même fonction à un instant donné permet le maintien de cette fonction au cours<br />
du temps face aux variations du milieu et à ses perturbations, chaque espèce différant cependant par<br />
ses traits adaptatifs (Clarke et Warwick, 1998).<br />
Les écosystèmes peu diversifiés sont particulièrement sensibles à la perte de certaines espèces,<br />
elles sont qualifiées d’espèces clés (Paine, 1966). A l’échelle de la Grande Vasière, la diversité<br />
spécifique est élevée, impliquant la redondance de certaines fonctions chez différentes espèces. Sur la<br />
partie centrale de la Grande Vasière, les faibles différences de diversité sur les deux zones impactées<br />
ne permettent pas la détection de différences effectives dans les fonctionnalités analysées. Les deux<br />
hypothèses de la « redondance » et <strong>des</strong> « rivets pop » pourraient donc s’appliquer.<br />
Néanmoins, au sein d’un écosystème, les espèces n’ont pas exactement les mêmes fonctions,<br />
la même localisation spatiale (épigée ou endogée plus ou moins profonde), la même échelle de taille<br />
(meio-, macro, mégafaune) ou les mêmes cycles et durée de vie par exemple. La perte d’une espèce<br />
peut donc entraîner une perte de fonctionnalité(s) qui peut être d’une importance majeure (espèce clé)<br />
et donc aisément détectable, ou ne pas être apparente ou voir tout simplement ne pas être détectée par<br />
l’observateur. Ainsi, la perte d’une espèce entamerait les « réserves » de fonctionnalités efficaces et<br />
potentielles d’un écosystème. Cependant, une théorie globale applicable aux écosystèmes complexes<br />
et fédérant les théories existantes reste à établir pour appréhender les conséquences de la diminution de<br />
la diversité spécifique. Dans notre cas, la perte d’espèces engendrée par le chalutage sur la Grande<br />
Vasière conduit inévitablement à se poser la question de la résilience de cet écosystème à moyen et à<br />
long terme face aux forçages imposés par les actions de l’homme, qu’ils soient directs (pêche, rejets de<br />
contaminants métalliques et organiques) ou indirects (changement global climatique). Dans un objectif<br />
de développement durable, il importerait donc de connaître le seuil d’altération qui conduirait à <strong>des</strong><br />
modifications profon<strong>des</strong> de fonctionnalités de l’écosystème. Certaines fonctions auraient-elles déjà<br />
disparu ?<br />
La pêche impactant directement l’habitat benthique et la structure <strong>des</strong> <strong>communautés</strong>, elle<br />
engendre la mise en œuvre de processus écologiques liés ou en casca<strong>des</strong> (Auster et Langton, 1999). De<br />
forts niveaux de perturbations du benthos par la pêche conduisent à une dérive dans la composition<br />
faunistique <strong>des</strong> peuplements, <strong>des</strong> espèces à cycle de vie long et à recrutement lent, vers <strong>des</strong> espèces<br />
plus opportunistes et moins sensibles pouvant coloniser rapidement les zones perturbées grâce à leur<br />
recrutement et leur croissance rapide (Mac Donald et al., 1996). Ainsi, le remplacement <strong>des</strong> espèces à