Didactique, philosophie, transparence et séduction - Depositum
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fait peur <strong>et</strong> que les systèmes tendent à l'exclure ou à la normaliser comme on l'a<br />
fait pour la folie, c'est, nous dit Baudrillard (p.32), qu'elle l'emporte comme la<br />
forme réversible l'emporte sur la forme linéaire, la forme exclue sur la forme<br />
dominante, la forme séductive sur la forme productive.<br />
La séduction ne réside ni dans la production effrénée du désir ni dans la<br />
production compulsive de la vérité. C<strong>et</strong>te monstruosité productive du vrai <strong>et</strong> de la<br />
demande aux limites du voyeurisme serait plut6t caractéristique de l'entreprise<br />
pornographique: exhiber à tout prix, tout j<strong>et</strong>er sur la scène (ob-scene), rendre tout<br />
transparent. C'est le propre du porno d'effacer toute distance du regard, toute<br />
pénombre qui pourrait altérer le voir. Le porno c'est l'ambition d'une vision<br />
totalitaire du réel, la quête d'un hyperréel qui, à travers son obsession de la mise à<br />
nu, son «hallucination du détail», serait plus réel que le réel <strong>et</strong> ses ombres. C'est<br />
l'obsession d'une <strong>transparence</strong>-culte où ne peut être vrai, ne peut être bon que<br />
ce qui ce est débarrassé de ses voiles. Notons en passant que Baudrillard reprend<br />
ici la critique qu'il y a plus d'un siècle, Ni<strong>et</strong>zsche, dans le gai savoir (1950), avait<br />
faite de c<strong>et</strong>te rage de la «vérité à tout prix», de c<strong>et</strong>te maladie du dévoilement.<br />
C<strong>et</strong> excès de réalité <strong>et</strong> de clarté, qui nous plonge dans l'obscène. dissout son<br />
obj<strong>et</strong> en effaçant le minimum nécessaire de distance, d'analyse, d'imaginaire pour<br />
qu'il y ait une scene <strong>et</strong> qu'il y ait quelque chose à se représenter. C<strong>et</strong>te obscénité,<br />
nous dit Baudrillard (p.49-53), n'est «plus de l'ordre de l'imaginaire, elle est de<br />
l'ordre du plus de référence, du plus de vérité. du plus d'exactitude». Le porno est<br />
«une métaphysique qui ne vit que du phantasme d'une vérité cachée <strong>et</strong> de sa<br />
révélation. du phantasme d'une énergie refoulée <strong>et</strong> de sa production - sur la<br />
scène obscène du réel». Si la performance technique, exigée par c<strong>et</strong>te production