Amour et sexualité chez l’adolescent
Amour et sexualité chez l’adolescent
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LES PROPOS DES JEUNES ET DES ÉDUCATEURS<br />
107<br />
C’est valorisant de parler de ça, des expériences sexuelles. (FG2,<br />
529-538)<br />
Il y a toujours l’image là, le jeune va chercher les condoms, fait en sorte que<br />
les autres le voient partir avec des condoms, ce qui fait qu’automatiquement<br />
les autres se disent : « Il s’en va faire l’amour. » (FG3, 997-1002)<br />
Pour les éducateurs (17 interventions), ce discours débridé a pour<br />
fonction d’épater <strong>et</strong> d’impressionner les autres résidants, afin de se m<strong>et</strong>tre<br />
en valeur.<br />
Selon les éducateurs, les propos des résidants peuvent être qualifiés<br />
de vulgaires (7), de tentatives pour prouver leur virilité (4) <strong>et</strong> de verbalisation<br />
à outrance (4). Les citations suivantes illustrent ces noyaux de sens.<br />
Au niveau verbal, les gars vont employer un langage vulgaire. On ne l’a<br />
pas dit <strong>et</strong> ça me surprend. Les garçons, en général, emploient un langage<br />
très, très coloré, très vulgaire. Aussi, très inadéquat, je dirais, que ça ne rend<br />
pas hommage à la gent féminine. (FG1, 1919-1925)<br />
Il faut qu’ils soient identifiés comme des hommes. Finalement, pour eux, le<br />
concept d’être un homme, tu sais… il faut qu’ils aient le contrôle, faut qu’ils<br />
tapent la gueule à leur blonde. Il faut qu’ils s’affichent comme des gars qui,<br />
sexuellement, sont très, très performants mais ils ne savent habituellement<br />
pas de quoi ils parlent. C’est juste des stéréotypes qui sont aussi inadaptés<br />
que l’inadapté qu’on a en face de nous. (FG2, 1026-1036)<br />
Si tu en as un qui rentre un moment donné dans l’unité puis qu’il étale les<br />
vingt filles qu’il a passées, puis il commence à en parler beaucoup, bien, ça<br />
va avoir un eff<strong>et</strong> pervers au niveau des autres <strong>et</strong> à ce moment-là, ça va<br />
devenir un suj<strong>et</strong> qui sera très verbalisé. (FG3, 591-598)<br />
Ces propos des éducateurs sur le discours des résidants illustrent à<br />
quel point ces derniers leur semblent préoccupés par la sexualité ; leur<br />
discours exagéré a une fonction essentiellement défensive : se revaloriser<br />
aux yeux des autres, se sentir plus masculins <strong>et</strong> prouver leur virilité en<br />
recourant à la vulgarité, voire aux exagérations mensongères.<br />
Les éducateurs, dans vingt-six segments de discours, soulignent la<br />
primauté qu’accordent les résidants à la sexualité <strong>et</strong> au plaisir au détriment<br />
de la relation. Les résidants font preuve, selon les éducateurs, d’hypersexualité<br />
<strong>et</strong> d’immaturité, sont axés sur la génitalité <strong>et</strong> ont une attitude de consommateur<br />
primaire.<br />
On a des gars qui sont bien près du principe de plaisir. Il faut profiter de<br />
la vie le plus possible […]. On se lance à corps perdu dans la drogue, on<br />
se lance à corps perdu dans la sexualité. (FG3, 1950-1956)<br />
C’est le fun qui prime, tu sais la génitalité, puis après ça, bien, on verra<br />
s’il y a des problèmes à ramasser. (FG4, 461-463)