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Amour et sexualité chez l’adolescent

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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />

Globalement, les témoignages des résidants nous amènent à envisager<br />

un contexte qui ne perm<strong>et</strong> pas vraiment des échanges ouverts <strong>et</strong> honnêtes<br />

au suj<strong>et</strong> de la sexualité, ni entre les résidants, ni avec les éducateurs. Diverses<br />

raisons expliquent c<strong>et</strong> état de fait : le climat de blagues <strong>et</strong> de vantardise qui<br />

freinerait l’ouverture des résidants, le désir de rester discr<strong>et</strong> en ce qui a<br />

trait à la vie privée ainsi que la timidité <strong>et</strong> les malaises <strong>et</strong> inconforts suscités<br />

par le suj<strong>et</strong>. De plus, si certaines discussions sur la sexualité sont tolérées,<br />

elles doivent se faire dans un langage jugé approprié, être dénuées de<br />

contenu explicite ou encore être de nature informative. Ces discussions<br />

possibles avec les éducateurs intéressent peu les résidants notamment parce<br />

qu’ils ne se sentent pas suffisamment proches des éducateurs pour discuter<br />

avec eux de sexualité. Dans certains cas, la différence d’âge <strong>et</strong> le sexe masculin<br />

des éducateurs constituent un obstacle aux échanges. En fait, les<br />

résidants préféreraient discuter entre eux de « sexe », selon leur propre<br />

expression. Toutefois, ils n’ont pas beaucoup d’occasions pour ce faire, car<br />

ils sont rarement à l’abri du périmètre de perception auditive des éducateurs.<br />

Les jeunes vivent dans un contexte de surveillance, de restrictions <strong>et</strong><br />

d’interdictions. Il semble donc que les résidants ne disposent que de peu<br />

d’espace pour partager leurs préoccupations véritables quant à la sexualité.<br />

Le contexte de réclusion que les jeunes décrivent crée un manque<br />

d’intimité. Cinq résidants discutent de diverses formes de régulation de<br />

leur intimité. Émilio, Ludovic <strong>et</strong> Stéphane parlent des commentaires lancés<br />

par des résidants au suj<strong>et</strong> de la masturbation, <strong>et</strong> leurs propos nous incitent<br />

à conclure que les résidants eux-mêmes exercent aussi une certaine censure<br />

au suj<strong>et</strong> de la sexualité.<br />

Les gars essaient de se rabaisser entre eux autres sur ce côté-là souvent.<br />

(Stéphane, 1171-1187)<br />

Quand tu dis que ce gars-là se masturbe dans les douches, des affaires de<br />

même, tu sais, c’est plus des jokes qu’ils se poussent mais comme il y a<br />

toujours du monde pour dire, quasiment à chaque soir : « Ne prends pas<br />

trop de temps, là. » C’est comme si le monde regarde même l’horloge, combien<br />

de temps que ça te prend pour prendre ta douche. Si ça dépasse 10 minutes,<br />

ça veut dire que tu l’as fait. (Émilio, 1145-1157)<br />

Outre donc les commentaires qu’ils s’adressent entre eux, les résidants<br />

font l’obj<strong>et</strong> de rondes de surveillance la nuit ; le gardien regarde dans les<br />

chambres pour assurer le contrôle des présences. Jean-Luc ajoute que les<br />

éducateurs cherchent toujours à savoir ce que font les résidants, ce qui leur<br />

laisse peu d’intimité.<br />

Ils sont là [les gardiens] pis ils font une ronde à chaque 30-45 minutes<br />

là [les surveillants], pour checker dans les chambres. (Euclide, 760-<br />

763)

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