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Amour et sexualité chez l’adolescent

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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />

Il avait des tendances, il faisait des mouvements comme les gais pis on<br />

n’arrêtait pas de le niaiser avec ça, pis à un moment il l’a avoué. Tous les<br />

gars l’ont forcé à avouer, mais un moment donné, il l’a avoué. Là, les gars<br />

se sont fermés là-dessus pendant une semaine. Après une semaine, [un autre<br />

résidant] lui a montré ses gosses, il a fait tout pour le niaiser au niveau<br />

de l’homosexualité. Il n’y a pas de respect, le gars est gai, on va le faire chier.<br />

Il va se faire battre. (Martin, 910-924)<br />

Ces propos montrent dans quelle impasse se trouvent les jeunes gais :<br />

s’ils se dévoilent comme homosexuels, ils sont ridiculisés ; s’ils ne se dévoilent<br />

pas, ils le sont également, mais, en plus, ils sont contraints d’avouer. C’est<br />

probablement ce qui fait dire ce qui suit à Édouard.<br />

Je ne le dis pas aux jeunes [que j’ai déjà eu des expériences homosexuelles].<br />

Les éducateurs le savent, ça ils le savent par mon dossier, mais<br />

pour les autres jeunes, je ne dis pas que j’ai eu des rapports, quelque chose<br />

de même, j’aime mieux garder ça pour moi. (Édouard, 1879-1890)<br />

C<strong>et</strong>te attitude de crainte <strong>et</strong> de prudence n’est pas surprenante étant<br />

donné la conception de l’homosexualité qui prévaut parmi les résidants.<br />

Martin raconte que des contacts homosexuels se produisaient dans<br />

un centre où il résidait auparavant, mais que le suj<strong>et</strong> n’était jamais ouvertement<br />

discuté. Antonio dit, quant à lui, n’avoir jamais rencontré d’homosexuel.<br />

Ainsi, si l’homosexualité comme suj<strong>et</strong> de dérision ou comme insulte<br />

est bien présente entre les résidants, la vraie homosexualité (celle qui pourrait<br />

représenter une menace identitaire) est plus rarement abordée. Pour<br />

Stéphane, il y a un malaise <strong>chez</strong> les résidants à c<strong>et</strong> égard, malaise qu’il<br />

attribue à l’ignorance.<br />

Les gars, des fois, ils se sentent mal par rapport à ça parce qu’ils ne savent<br />

pas vraiment ce que c’est l’homosexualité. Ils n’ont pas eu le temps de<br />

découvrir vraiment c’est quoi une personne de ce côté-là. Ils pensent que<br />

parce qu’ils sont gais, ils vont tripper sur tout ce qui bouge. (Stéphane,<br />

1525-1534)<br />

En fait, ce n’est ni dans sa présence ni dans son absence que se profile<br />

l’homosexualité : les propos à son suj<strong>et</strong> abondent en eff<strong>et</strong>. C’est plutôt dans<br />

le silence sur les malaises <strong>et</strong> les inconforts qu’elle génère que le statut que<br />

les résidants accordent à l’homosexualité peut être le mieux saisi.<br />

2.1.2. DE NOMBREUSES PATERNITÉS NON VOULUES<br />

ET NE PAS SE SENTIR CAPABLE D’Y FAIRE FACE<br />

Vingt-trois des vingt-quatre résidants que nous avons rencontrés ont dû<br />

faire face à la perspective d’une paternité ; certains cumulant d’ailleurs plus<br />

d’un épisode de prises de risque. En tout, nous avons dénombré trente-sept

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