Amour et sexualité chez l’adolescent
Amour et sexualité chez l’adolescent
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LES PROPOS DES JEUNES ET DES ÉDUCATEURS<br />
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un résidant <strong>et</strong> sa copine en visite, un concours de masturbation dans les<br />
douches ou encore du harcèlement ou des tentatives de séduction à l’endroit<br />
des intervenantes. Ces comportements sont sanctionnés surtout par le r<strong>et</strong>rait<br />
en chambre, destiné à faire réfléchir les résidants sur le caractère inapproprié<br />
de leurs comportements. Lorsqu’il s’agit de propos vulgaires, plusieurs<br />
éducateurs préfèrent toutefois amener les résidants à reformuler immédiatement<br />
leurs propos en des termes plus respectueux.<br />
Le choix des interventions, en l’occurrence sanction ou encadrement,<br />
n’est pas déterminé par des lignes directrices claires. En fait, plusieurs facteurs<br />
influenceraient ce choix : la personnalité de l’intervenant, son niveau<br />
de tolérance <strong>et</strong> ses valeurs, la formation <strong>et</strong> les méthodes éducatives qu’il<br />
privilégie. La rar<strong>et</strong>é des situations à caractère sexuel <strong>et</strong> la multiplicité des<br />
facteurs influençant les interventions expliqueraient, selon les éducateurs,<br />
la difficulté à établir des protocoles systématiques d’intervention en matière<br />
de sexualité.<br />
Même si elle existe, la paternité <strong>chez</strong> les résidants apparaît comme<br />
un phénomène somme toute marginal. Selon les éducateurs, les jeunes<br />
éprouvent surtout des sentiments de valorisation <strong>et</strong> de fierté à l’annonce<br />
de la paternité, d’autres y voient la possibilité d’un changement de style<br />
de vie. Toutefois, les jeunes pères semblent n’être pas très conscients des<br />
responsabilités qui découlent d’une paternité <strong>et</strong>, selon les éducateurs, ils<br />
sont peu nombreux à vouloir les assumer. Enfin, certains éducateurs doutent<br />
du rôle des résidants dans certaines grossesses, car les jeunes femmes enceintes<br />
ont eu de multiples partenaires sexuels.<br />
Du point de vue des éducateurs, il semble que les résidants reproduisent<br />
le stéréotype du play-boy pour consolider leur identité sexuelle. Les comportements<br />
non conformes aux stéréotypes ouvrent la porte au questionnement<br />
sur la masculinité <strong>et</strong> l’orientation sexuelle, ce qui peut exposer certains jeunes<br />
à la stigmatisation <strong>et</strong> à des réactions homophobes.<br />
Ce stéréotype du play-boy s’accompagne d’un manque de respect<br />
notable à l’égard des partenaires, voire d’un certain mépris. En eff<strong>et</strong>, le<br />
dénigrement des femmes comme celui de l’homosexualité deviennent des<br />
éléments d’affirmation de la virilité qui perm<strong>et</strong>tent aux jeunes, selon les<br />
éducateurs, de consolider leur identité <strong>et</strong> leur orientation sexuelles.<br />
Les hypothèses formulées par les éducateurs pour expliquer comment<br />
se développent c<strong>et</strong>te image <strong>et</strong> la vision de la sexualité qui s’y rattache,<br />
m<strong>et</strong>tent en cause les modèles sociaux <strong>et</strong> familiaux inadéquats auxquels sont<br />
exposés ces jeunes. La publicisation, la commercialisation <strong>et</strong> la banalisation<br />
excessive de la sexualité dans les médias en sont les manifestations les plus