Amour et sexualité chez l’adolescent
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LES PROPOS DES JEUNES ET DES ÉDUCATEURS<br />
51<br />
Il peut être dans la chambre [en train de se masturber] pis il n’entend<br />
pas, pis il y a un gardien […]. Ils passent [les gardiens] à peu près aux<br />
45 minutes, fait que… (Jean-Luc, 734-767)<br />
Malgré ces conditions d’encadrement <strong>et</strong> de surveillance, Euclide<br />
affirme que les gars se masturbent la nuit, lorsqu’il fait noir, ou alors dans<br />
la douche, ce que précise Émilio :<br />
Ce n’est pas toléré, mais tu vas dans la douche là […]. Dans la journée,<br />
tu vois un avec du papier de toil<strong>et</strong>te qui s’en va […] il sort de sa chambre<br />
pis il a l’air tout pogné, tout gêné. Il y en a qui sont habitués, ce qui fait<br />
qu’ils sortent comme ça, ils font ça n’importe où. Ce n’est pas trop toléré,<br />
mais tu ne peux pas l’empêcher. (Émilio, 1162-1202)<br />
Six résidants rapportent des situations au cours desquelles les résidants<br />
homosexuels ou ceux qui sont présumés tels ont été l’obj<strong>et</strong> d’insultes, voire<br />
de violence. Ainsi, selon Ludovic, Martin, Stéphane <strong>et</strong> Fabricio, l’homosexualité<br />
est fréquemment utilisée comme une insulte. Il semble qu’emprunter<br />
les stéréotypes de l’homosexuel pour taquiner un autre résidant<br />
<strong>et</strong> traiter un résidant de « gai » soient deux formes d’insultes fréquentes.<br />
Louis <strong>et</strong> Antonio nous rapportent des préjugés entendus dans leur<br />
unité :<br />
[Si tu lui demandes :] « Aimes-tu les gais ? », il va dire : « Ah, je les haïs. »<br />
D’après moi, il y en a bien qui vont dire ça, ils vont penser ça. Bien, je ne<br />
sais pas pourquoi ils vont dire ça, peut-être parce que ce sont des tough<br />
[…]. Ben tu sais, je veux dire, parce que dans le milieu où on vit, ils ne<br />
diront pas : « Ah moi, un gai, ça ne me dérange pas. S’ils s’embrassent pis<br />
qu’ils font ceci puis ça. » Ils ne diront pas ça. Ils vont dire : « Ah t’es dégueulasse,<br />
t’es-tu con de dire ça ! Ah, c’est des tatas eux-autres. » Ça fait que les<br />
gars, ils disent : « Ah moi, je les haïs eux autres, pis qu’ils ne viennent pas<br />
m’écœurer parce que sinon… » […]. Ben tu sais, au lieu de dire ce qu’ils<br />
pensent, ben ils vont dire ça. (Antonio, 1861-1888)<br />
Il y en a qui disent : « Ah moi, qu’ils s’éloignent de moi les homosexuels,<br />
parce que moi je ne suis pas capable. Les hosties de fifs, pis les tap<strong>et</strong>tes. »<br />
(Louis, 531-540)<br />
Considérée de c<strong>et</strong>te manière, il n’est pas étonnant que l’homosexualité<br />
soit une insulte de choix <strong>chez</strong> les résidants. Cependant, cela n’est pas sans<br />
conséquence pour les résidants qui sont homosexuels ou qui sont présumés<br />
tels <strong>et</strong> qui peuvent être ridiculisés, voire violentés. Quatre résidants parlent<br />
du sort réservé aux résidants homosexuels.<br />
Tout le monde l’écœurait, parce qu’il disait qu’il n’était pas gai [alors qu’il<br />
en avait « l’air »]. (Fabricio, 1363-1364)