Amour et sexualité chez l’adolescent
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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />
Les jeunes se sentent isolés <strong>et</strong> laissés à eux-mêmes devant leurs interrogations<br />
sur la sexualité, qui sont pourtant au cœur de leurs préoccupations<br />
d’adolescents. Rappelons que les résidants veulent pouvoir parler ouvertement<br />
<strong>et</strong> être informés sur la sexualité. De leur côté, les intervenants prodiguent<br />
une forme restrictive d’éducation sexuelle qui consiste essentiellement à<br />
interdire <strong>et</strong> à sanctionner les conduites <strong>et</strong> propos sexuels des jeunes. Ils<br />
sont d’ailleurs sceptiques à l’égard d’une quelconque forme d’éducation<br />
sexuelle dans un internat à vocation transitionnelle.<br />
Ainsi, adolescents comme intervenants adm<strong>et</strong>tent que le contexte de<br />
l’internat ne leur laisse que peu d’espace pour le dialogue sur les préoccupations<br />
sexuelles ou sentimentales des jeunes. C<strong>et</strong>te catégorie conceptuelle<br />
a donné lieu à l’objectif général de vaincre l’isolement devant les<br />
questions sexuelles.<br />
Le moyen privilégié pour vaincre c<strong>et</strong> isolement est d’inciter les intervenants<br />
à ouvrir le dialogue avec les jeunes. Il semble que la vision pessimiste<br />
qu’ont les intervenants au suj<strong>et</strong> de la vie sexuelle des jeunes constitue un<br />
obstacle majeur qui entrave le rapprochement. Il faut donc trouver un<br />
moyen qui perm<strong>et</strong>tra de modifier le regard stigmatisant que posent les<br />
intervenants sur la vie sexuelle des jeunes. Il semble y avoir un fossé entre<br />
l’importance qu’accordent les jeunes à la sexualité <strong>et</strong> la place que veulent<br />
lui accorder les intervenants. Si l’existence de ce fossé est démontrée aux<br />
intervenants, ils pourraient accepter de réexaminer leurs représentations<br />
afin de diminuer l’isolement des jeunes. Les moyens mis en œuvre dans<br />
ces deux premières rencontres devraient aider les jeunes à se dégager du<br />
processus de stigmatisation dont ils sont victimes <strong>et</strong> qui les enferme dans<br />
un isolement destructeur.<br />
Nous croyons que plus les jeunes ressentiront que les intervenants<br />
sont disposés à les écouter sans les juger <strong>et</strong> sans juger leur vie sexuelle, plus<br />
ils auront tendance à parler ouvertement de leur vécu, de leurs craintes,<br />
de leur méconnaissance des femmes. Il sera dès lors possible de leur proposer<br />
des amorces de réponse à leurs questionnements <strong>et</strong>, éventuellement,<br />
de leur suggérer des moyens concr<strong>et</strong>s pour changer le cours des choses.<br />
L’une des dimensions de l’isolement est l’autocensure des jeunes. La<br />
vantardise qu’ils perçoivent <strong>chez</strong> les autres jeunes les empêche de parler<br />
sérieusement de la sexualité <strong>et</strong> les incite à prendre le même ton pour<br />
discuter. Nous avons eu recours à la taxonomie expérientielle (Steinaker<br />
<strong>et</strong> Bell, 1979) <strong>et</strong> au modèle de l’herméneutique dialectique (Guba <strong>et</strong><br />
Lincoln, 1989 ; Zúñiga, 1994) afin d’inciter les intervenants à s’ouvrir au<br />
discours <strong>et</strong> au vécu des jeunes en leur montrant à quel isolement ils sont<br />
condamnés vis-à-vis de la sexualité si personne ne leur vient en aide. En<br />
m<strong>et</strong>tant en commun les expériences des intervenants, ce procédé de négo-