Amour et sexualité chez l’adolescent
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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />
Sont bien gênés... Moi en tout cas, j’ai eu un jeune, un moment donné, [à<br />
qui] on fournissait des condoms. Puis quand arrivait le moment où on<br />
devait lui donner les condoms là, il était vraiment mal à l’aise. « Hé, pas<br />
devant les gars. » Tu sais là, c’est quasiment en cach<strong>et</strong>te qu’il fallait lui<br />
donner ça. Il était bien mal, c’était un gars qui se vantait tout le temps <strong>et</strong><br />
qui avait plein de filles…mais pour les condoms là, ça le m<strong>et</strong>tait bien, bien,<br />
bien mal à l’aise, tu sais, mais il était le seul qu’on fournissait en condoms.<br />
(FG4, 604-615)<br />
Le faible taux de mention par les éducateurs de l’existence du service<br />
de santé nous incite à croire qu’il ne joue qu’un rôle marginal dans la santé<br />
sexuelle des résidants. Ainsi, il est possible d’obtenir des condoms au centre<br />
mais les jeunes, qui l’ignorent peut-être, n’en demandent pas. L’un des<br />
éducateurs dit à ce suj<strong>et</strong> que, si les attitudes par rapport aux condoms ont<br />
évolué depuis une décennie, c’est manifestement dans la mauvaise<br />
direction.<br />
Il y a une dizaine d’années, quand au Service de santé d’ici, les infirmières<br />
commençaient à parler de condoms, des préservatifs [...], les jeunes s’imaginaient<br />
qu’avec ça, tu pouvais garder les filles comme avec du collant à<br />
mouches, qu’avec ça, tu ferais l’amour toute la fin de semaine, c’est<br />
l’impression que les jeunes avaient. (FG3, 978-990).<br />
Le portrait dépeint aujourd’hui est tout autre. Bien que le condom<br />
soit mieux connu <strong>et</strong> qu’ils en distribuent davantage, les éducateurs constatent<br />
que les attitudes des résidants sont généralement négatives à son<br />
égard.<br />
Si ça ne leur tente pas de sortir un condom, c’est trop long [ou bien] ils<br />
n’ont pas assez de sensations alors ils ne le m<strong>et</strong>tront pas. Point à la ligne.<br />
(FG3, 1079-1082)<br />
Le condom, c’est mal vu. Ce n’est pas confortable, ça ne donne pas les mêmes<br />
sensations, c’est moins bon. (FG4, 1283-1285)<br />
Dans les propos des éducateurs, treize segments de discours dans<br />
trois groupes de discussion se rapportent à l’avortement. Cinq éléments<br />
émergent : les résidants parlent peu de l’avortement ; ils sont peu nombreux<br />
à y songer en cas de grossesse ; certains rej<strong>et</strong>tent carrément c<strong>et</strong>te intervention ;<br />
d’autres au contraire la banalisent à l’extrême jusqu’à la considérer comme<br />
une méthode contraceptive d’urgence ; enfin, d’autres encore éprouvent un<br />
deuil consécutivement à un avortement.<br />
Les éducateurs trouvent que les résidants parlent peu de l’avortement :<br />
« Moi je n’ai jamais, jamais entendu parler [de l’avortement] » (FG1,<br />
1386-1393).