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Amour et sexualité chez l’adolescent

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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />

Néanmoins, Jules, Stéphane, Martin <strong>et</strong> Ludovic nuancent leurs propos<br />

<strong>et</strong> se joignent à d’autres pour reconnaître que les discussions sur la sexualité<br />

sont tolérées lorsque les propos sont jugés appropriés <strong>et</strong> peu explicites.<br />

Voici des extraits illustrant ces conditions.<br />

Bien, je vais te lancer une joke, comme c’est quoi la différence entre un<br />

maringouin <strong>et</strong> une femme tu sais, il n’y en a pas parce que les deux, il faut<br />

que tu les tapes pour qu’ils arrêtent de sucer. Là, dès qu’il a dit le mot sucer<br />

ou bien dès qu’il dit qu’il faut que tu les frappes pour qu’ils arrêtent, là ils<br />

vont arrêter la discussion. (Émilio, 1043-1056)<br />

Bien, s’ils parlent de sexualité, genre, s’il y en a un qui ne dit pas les mots<br />

propres là, comme à la place de dire « vagin », il dit « plotte », il va se faire<br />

avertir. (Jules, 1088-1091)<br />

Ils disent qu’il y a une façon d’en parler <strong>et</strong> d’en parler d’une bonne façon.<br />

(Stéphane, 885-901)<br />

Ce sont donc les propos dénigrants, irrespectueux ou trop explicites<br />

qui sont interrompus par les éducateurs.<br />

Seize résidants disent que les discussions franches <strong>et</strong> sérieuses sur la<br />

sexualité sont plutôt rares entre eux. En fait, la sexualité est, selon huit<br />

résidants, le lieu privilégié des blagues, des fanfaronnades <strong>et</strong> des vantardises<br />

de leurs compagnons. Dans c<strong>et</strong>te perspective, il est difficile d’engager une<br />

conversation sérieuse sur ce suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> certains résidants ne voient pas d’intérêt<br />

à dévoiler ce qu’ils considèrent comme leur intimité. Quant aux huit résidants<br />

qui rapportent que la sexualité est un suj<strong>et</strong> de vantardise, ils précisent<br />

que ce sont les autres qui se vantent en parlant de sexualité. Certains<br />

déplorent plutôt c<strong>et</strong>te attitude, comme ces propos l’indiquent :<br />

Moi quand ils se vantent, je les laisse parler. Je n’ai pas vraiment parlé. Il<br />

y a du monde qui sait que j’ai une fille, les éducatrices le savent aussi, elles<br />

l’ont vue aussi. Mais à part ça, je ne me vante pas que j’ai une fille, que<br />

j’ai couché avec une tonne de filles […]. Je garde ça pour moi, tandis qu’eux<br />

autres, ils le sortent, fait qu’après ça, moi, je me dis : « Ah non lui, je suis<br />

sûr que ce n’est pas vrai. » (Édouard, 1211-1223)<br />

Mais les gars ici ont trois ou quatre filles pis ils les appellent puis ils vont<br />

coucher avec elles […] Il y en a beaucoup qui parlent comme ça, là. Moi,<br />

je les laisse faire parce que je sais que, dans le fond, il en a que c’est vrai…<br />

pis il y en a d’autres qui disent ça juste pour se vanter là. À la longue, c’est<br />

gossant. (Martin, 715-724)<br />

Au total, donc, c’est la moitié des résidants qui disent que les discussions<br />

sur la sexualité sont essentiellement constituées de blagues, de vantardises,<br />

voire d’exagérations. Mais, en fait, les discussions sur la sexualité provoquent<br />

de la gêne <strong>chez</strong> certains résidants, comme en témoignent Stéphane, David<br />

<strong>et</strong> Jean-Luc.

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