Amour et sexualité chez l’adolescent
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AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT<br />
La démarche que nous avons proposée nous conduit inévitablement à<br />
nous interroger, d’une part, sur l’impact qu’elle a eu par rapport à son but<br />
initial de prévention des paternités précoces <strong>et</strong> des ITS <strong>chez</strong> les adolescents<br />
<strong>et</strong>, d’autre part, sur les possibilités d’adapter la théorie à d’autres populations.<br />
Il importe de rappeler que nous souscrivons pour l’essentiel à des paradigmes<br />
qui ne prétendent pas à l’objectivité. Dans ces paradigmes, les concepts traditionnels<br />
de validité, de fidélité <strong>et</strong> de généralisation des résultats n’ont pas<br />
la même signification que dans les approches hypothético-déductives ou<br />
quantitatives. Toutefois, dans la dernière décennie, plusieurs ouvrages ont<br />
été publiés sur la question de la scientificité des méthodes qualitatives (Denzin<br />
<strong>et</strong> Lincoln, 2000 ; Guba <strong>et</strong> Lincoln, 1984 ; Lincoln <strong>et</strong> Guba, 2000 ; Poupart<br />
<strong>et</strong> al., 1997). Nous tirons divers enseignements de ces réflexions. D’abord,<br />
de nouveaux concepts devraient être utilisés pour discuter des résultats d’une<br />
démarche qualitative. Ainsi, il serait plus opportun de parler de « valeur de<br />
vérité », « d’applicabilité », de « cohérence » <strong>et</strong> de « neutralité » dans les analyses<br />
(Denzin <strong>et</strong> Lincoln, 2000 ; Laperrière, 1997). La majorité des travaux qualitatifs<br />
reconnaissent d’emblée le rôle central des valeurs des participants <strong>et</strong><br />
des chercheurs dans leurs analyses, ce qui confère à ces travaux une part de<br />
subjectivité admise d’entrée de jeu. Au sein d’un courant constructiviste<br />
radical, des auteurs présentent même leurs analyses en parlant au « je » <strong>et</strong><br />
en utilisant un vocabulaire volontairement subjectif qui rej<strong>et</strong>te toute possibilité<br />
de généralisation associée aux paradigmes positiviste <strong>et</strong> postpositiviste.<br />
Comme le précise Laperrière(1997), les tenants des approches<br />
qualitatives sont, la plupart du temps d’avis que la complexité du monde<br />
in vivo est telle qu’elle rend impossible la construction inductive de théories<br />
concluantes <strong>et</strong> définitives rendant toute forme de généralisation abusive.<br />
Il reste que, malgré c<strong>et</strong>te subjectivité reconnue, la démarche qualitative<br />
s’est le plus souvent imposée comme une démarche réflexive, même si toute<br />
l’expérience de vie du chercheur entre en jeu, puisqu’il est directement<br />
impliqué sur le terrain.<br />
Dans la plupart des écrits que nous avons consultés, la recherche de<br />
vérité préoccupe les chercheurs en qualitatif. La distanciation est un principe<br />
fondamental, malgré l’immersion du chercheur dans son obj<strong>et</strong> d’étude.<br />
Le chercheur d’obédience qualitative doit toujours être à l’affût pour découvrir<br />
ses propres biais <strong>et</strong> les m<strong>et</strong>tre en perspective. C<strong>et</strong>te démarche doit<br />
s’accomplir, comme le précisent Guba <strong>et</strong> Lincoln (1994), par du débriefing<br />
entre pairs, mais aussi par la présence à long terme dans un milieu, laquelle<br />
peut confirmer la justesse des analyses. Dans c<strong>et</strong>te perspective, la production<br />
d’une théorie négociée sur le terrain semble une mesure pertinente pour<br />
augmenter sa valeur de vérité (Guba <strong>et</strong> Lincoln, 1994 ; Laperrière, 1997).