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Amour et sexualité chez l’adolescent

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LES PROPOS DES JEUNES ET DES ÉDUCATEURS<br />

47<br />

Dans les extraits de discours que nous avons présentés jusqu’à maintenant,<br />

les jeunes disent que leur séjour a un impact négatif sur leurs relations<br />

amoureuses <strong>et</strong> sexuelles. Considérant l’importance qu’accordent ces<br />

adolescents à ces aspects de leur vie, c<strong>et</strong>te privation de liberté est encore<br />

plus significative, comme nous le verrons ultérieurement.<br />

La régulation de la sexualité des résidants passe aussi par une certaine<br />

censure de leurs discussions à ce suj<strong>et</strong>. Treize résidants, parmi les vingt qui<br />

abordent le ralentissement de leur vie sexuelle durant leur séjour au centre,<br />

nous décrivent un contexte de relative censure des discussions qui portent<br />

sur la sexualité, du moins lorsqu’elles ne respectent pas certains paramètres.<br />

Ainsi, les éducateurs demandent aux résidants de changer de suj<strong>et</strong> lorsqu’ils<br />

abordent la sexualité d’une manière crue ou irrespectueuse. Pour certains<br />

résidants, la nature des propos ne justifie pas toujours une telle censure.<br />

Il n’y a pas de discussions parce que les éducateurs vont penser que c’est du<br />

négatif […]. Puis même les jokes, on se fait stopper des fois […]. Tu peux<br />

en parler tant que tu veux mais si un moment donné ils t’entendent, ils<br />

vont continuer à t’écouter puis, à un moment donné, ils vont dire : « Change<br />

de suj<strong>et</strong> ou bien fais une heure de chambre. » (Émilio, 717-712/1059-<br />

1063)<br />

L’autre jour, je parlais avec un gars ici, on parlait, tu sais, lui, il me disait<br />

que sa blonde elle aimait ceci, cela, puis moi je disais que la mienne, c’était<br />

pareil. Puis, là, l’éducatrice a entendu. Elle a dit : « Bien, les gars là, vous<br />

allez changer de conversation. Ne parlez pas de ça ici. » (Louis, 420-438)<br />

Selon Louis <strong>et</strong> Fabricio, le personnel féminin serait moins tolérant<br />

que le personnel masculin en ce qui a trait à l’usage d’un vocabulaire cru.<br />

Ainsi, le mot « fourrer » conduirait les éducateurs à demander simplement<br />

de changer de suj<strong>et</strong>, mais les intervenantes à réagir plus sévèrement :<br />

« OK, les gars, voyons donc, c’est quoi ce langage-là, pis nan, nan, nan.<br />

Puis la prochaine fois [que] je vous entends parler de même, je vais vous<br />

rem<strong>et</strong>tre en chambre, puis là vous changez de conversation ». Elles en m<strong>et</strong>tent,<br />

pis elles en m<strong>et</strong>tent, elles beurrent épais […]. Elles sont moins tolérantes,<br />

mais juste quand on parle comme ça là parce que, dans d’autres situations,<br />

c’est le contraire là. (Louis, 554-594)<br />

Dans ce contexte, dit Stéphane, les résidants évitent les conversations<br />

sur la sexualité en présence des éducateurs. Paul-Émile <strong>et</strong> Dany ajoutent<br />

qu’il n’y a pas que les discussions sur la sexualité qui font l’obj<strong>et</strong> d’interdits,<br />

il en va de même pour les suj<strong>et</strong>s suivants : « drogue, sexe, argent <strong>et</strong> tout ça »<br />

(Paul-Émile, 1567-1569).

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