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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 98<br />

Chapitre 2<br />

qu’une telle démarche violerait c<strong>et</strong>te neutralité. Weber souligna enfin que l’argument de<br />

l’obligation pour <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> d’accepter de l’or en vertu de son statut de pays à monnaie-or<br />

continuait à être «défendable»; <strong>et</strong> que, d’ailleurs, on ne pouvait pas savoir d’où venait l’or de <strong>la</strong><br />

Reichsbank: «Qui nous prouvera que c<strong>et</strong> or est, comme <strong>les</strong> Ang<strong>la</strong>is l’affirment, de l’or<br />

‹volé›?» 141<br />

Lors de <strong>la</strong> réunion suivante, Weber réaffirma son point de vue. Il était certes d’accord pour<br />

dire «que <strong>la</strong> question a acquis un caractère politique; il n’en reste pas moins que nous sommes<br />

tenus, parce que <strong>et</strong> tant que nous avons une monnaie-or, à accepter de l’or d’autres pays».<br />

Bachmann souligna à nouveau que <strong>la</strong> BNS ne devait «pas se contenter d’invoquer sa bonne<br />

foi», mais qu’elle pouvait très bien refuser «d’accepter de l’or sans pour autant renoncer à sa<br />

position de pays à monnaie-or». 142 C’est alors que Bachmann fit <strong>la</strong> distinction décisive:<br />

«Le Président fit remarquer qu’il convenait ici de distinguer deux questions. D’une part, <strong>la</strong><br />

question objective de savoir si nous voulons ou non accepter de l’or <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>la</strong><br />

question subjective de savoir si nous pouvons accepter sans examen l’or qui nous est offert,<br />

même si nous soupçonnons qu’il pourrait s’agir d’or acquis de manière illégitime.»<br />

D’un point de vue objectif, poursuivit Bachmann, une loi nationale n’implique pas une<br />

obligation internationale d’ach<strong>et</strong>er de l’or; il existe des précédents, ajouta-t-il: «Ainsi, au cours<br />

de <strong>la</strong> dernière guerre mondiale, <strong>la</strong> Suède <strong>et</strong> <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde ont refusé d’une manière générale, pour<br />

empêcher une extension déme<strong>sur</strong>ée des crédits, d’accepter sans autre de l’or en paiement.»<br />

Bachmann fit aussi remarquer que le problème dépassait le simple cadre juridique: «Le<br />

caractère politique de <strong>la</strong> question réside dans son aspect subjectif, qui nous contraint à<br />

observer une certaine vigi<strong>la</strong>nce […].» 143 Rossy déc<strong>la</strong>ra être d’accord «<strong>sur</strong> le principe» de<br />

l’optique de Bachmann, mais ajouta aussitôt «que <strong>la</strong> Banque nationale n’avait reçu jusqu’ici<br />

aucune information selon <strong>la</strong>quelle <strong>les</strong> Allemands auraient volé de l’or. <strong>La</strong> réquisition d’or est<br />

un droit qui revient à l’occupant en vertu des règ<strong>les</strong> du droit international public.» 144<br />

Rossy poursuivit en disant qu’Yves de Boisanger lui avait déc<strong>la</strong>ré «que <strong>les</strong> instances<br />

allemandes n’avaient pas, jusqu’ici, réquisitionné d’or privé». Lui-même, Boisanger, avait<br />

«transmis l’or belge aux Allemands de son plein gré». 145 C<strong>et</strong>te objection était inexacte en l’état<br />

des connaissances de l’époque, <strong>et</strong> elle rem<strong>et</strong>tait en question <strong>la</strong> propre justification de Rossy.<br />

Bachmann perçut <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se de c<strong>et</strong> argument <strong>et</strong> répliqua que <strong>la</strong> Reichsbank avait peu d’or déjà<br />

bien des années avant <strong>la</strong> guerre, même si on a toujours affirmé qu’elle «possédait malgré tout<br />

de grandes quantités d’or […]». De toute façon, elle «était parvenue plus tard <strong>et</strong> au cours du<br />

141<br />

Ibid., p. 189 (citation originale en allemand). Weber se déc<strong>la</strong>ra toutefois d’accord pour que le Conseil fédéral soit<br />

informé de <strong>la</strong> question. De toute façon, le Conseiller fédéral W<strong>et</strong>ter «a été jusqu’ici systématiquement mis au courant<br />

des envois d’or de <strong>la</strong> Reichsbank» (citation originale en allemand).<br />

142<br />

Archives BNS, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.8.1943, p. 240 (citation originale en allemand).<br />

Les avertissements des Alliés ont déjà été traités à maintes reprises, par exemple dans Rings 1985, p. 57-68; Fior 1997,<br />

p. 52-70; Durrer 1984, p. 135 sqq.<br />

143<br />

Archives BNS, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.8.1943, p. 240 (citation originale en allemand).<br />

144<br />

Ibid., p. 240 (C’est nous qui soulignons dans <strong>la</strong> citation originale en allemand).<br />

145<br />

Ibid., p. 241 s. (citation originale en allemand).

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