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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 102<br />

Chapitre 2<br />

simplement une me<strong>sur</strong>e de guerre. Quant à savoir si nous devons y donner suite ou non, c’est<br />

une question politique qui regarde <strong>la</strong> Confédération.» 167<br />

Le Comité de banque était inqui<strong>et</strong>, quoique sûr de son bon droit. 168 Mais Weber ne céda pas. Il<br />

s’obstina à répéter que Puhl en personne lui avait déc<strong>la</strong>ré que l’or livré en <strong>Suisse</strong> ne provenait<br />

pas de pays tiers <strong>et</strong> que l’Allemagne possédait d’importants stocks d’or. On pouvait donc<br />

conclure que <strong>la</strong> Banque nationale avait acquis son or «toujours légitimement» ou, en d’autres<br />

termes «qu’elle avait toujours agi en toute bonne foi». 169 Les explications de Rossy <strong>sur</strong> l’or<br />

belge <strong>et</strong> français confirmaient c<strong>et</strong>te thèse. Pourtant, Hirs considérait qu’il était<br />

«inutile de se casser <strong>la</strong> tête après coup à propos des <strong>transactions</strong> <strong>sur</strong> l’or passées avec l’Axe.<br />

Nous ne devons pas être trop inqui<strong>et</strong>s. Nous avons agi à l’époque en pleine conscience de nos<br />

responsabilités. Nous n’avons jamais eu l’impression de faciliter <strong>la</strong> vente d’or pillé. Si <strong>les</strong><br />

Alliés veulent nous juger, alors ils nous tiendront rigueur des services rendus à l’Allemagne<br />

dans <strong>les</strong> échanges financiers internationaux même si nos affaires sont irréprochab<strong>les</strong> <strong>sur</strong> le<br />

p<strong>la</strong>n juridique.» 170<br />

Un autre membre du Conseil de banque, Ernst <strong>La</strong>ur, qui avait dirigé <strong>pendant</strong> des années<br />

l’Union suisse des paysans dont il était alors le délégué permanent, lut l’expertise de Schindler<br />

«non sans réserve»; il aurait préféré ne pas voir élucider «trop de questions d’ordre juridique»;<br />

il p<strong>la</strong>ida en faveur «d’une suspension provisoire de toute analyse juridique […], tant que nous<br />

ne sommes pas accusés». Le vice-président, Léon Dagu<strong>et</strong>, fut du même avis; il mit en garde<br />

contre le danger de «perdre [déjà] <strong>la</strong> tête» <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base de «simp<strong>les</strong> allusions dans <strong>la</strong> presse <strong>et</strong><br />

[des] interventions des instances américaines». Lui aussi jugeait «un peu malencontreux<br />

d’ériger c<strong>et</strong>te question de l’or allemand en une sorte de procès avant même qu’on nous en<br />

fasse un». 171<br />

Comme le proposait l’expertise interne de <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> afin de s’entourer de précautions<br />

supplémentaires, on demanda à Puhl «s’il ne serait pas possible que <strong>la</strong> Reichsbank» livre<br />

désormais son or sous <strong>la</strong> forme de pièces de 20 marks. Puhl répondit qu’à sa connaissance <strong>la</strong><br />

Reichsbank «disposait encore d’une quantité considérable de pièces d’or de ce genre», mais<br />

qu’il espérait que <strong>la</strong> BNS continuerait à accepter des lingots pour une partie des <strong>transactions</strong>.<br />

167<br />

Archives BNS B3/117.8 I (Bachmann), Procès-verbal du Comité de banque, 20.7.1944, p. 247 (c’est nous qui<br />

soulignons dans <strong>la</strong> citation originale en allemand). Au suj<strong>et</strong> des exigences formulées à Londres, cf. Archives BNS<br />

B3/117.8 I, L<strong>et</strong>tre du 28.6.1944 du DPF à <strong>la</strong> BNS. Cf. également Archives BNS, Extrait du procès-verbal du Comité de<br />

banque du 26/27.10.1944, p. 342.<br />

168<br />

Au suj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> discussion <strong>sur</strong> l’expertise Schindler, cf. Archives BNS B3/117.8 I, Procès-verbal du Comité de banque,<br />

31.8./1.9.1944, p. 279 sqq. Bachmann résuma en disant qu’il ressortait des déc<strong>la</strong>rations répétées de <strong>la</strong> direction<br />

générale «que <strong>la</strong> banque a <strong>la</strong>rgement suivi <strong>les</strong> ‹avertissements› des Alliés». Ibid., p. 287 (citation originale en<br />

allemand).<br />

169<br />

Une déc<strong>la</strong>ration écrite de <strong>la</strong> Reichsbank ne fut pas demandée – probablement intentionnellement, ainsi que Rossy<br />

devait le confirmer plus tard: en demandant un certificat écrit de garantie de bonne foi, «elle [<strong>la</strong> BNS] aurait déjà<br />

reconnu en son temps qu’elle n’avait pas confiance dans <strong>les</strong> déc<strong>la</strong>rations des Allemands». Archives BNS B3/117.8 III,<br />

Extrait du procès-verbal du Comité de banque, 23./24.5.1946, p. 157 (citation originale en allemand); Archives BNS<br />

B3/117.8 II, Extrait du procès-verbal de <strong>la</strong> réunion du Conseil de banque du 16.6.1944, Rapport Weber (citation<br />

originale en allemand).<br />

170<br />

Archives BNS B3/117.8 I, Procès-verbal du Comité de banque du 31.8./1.9.1944, p. 283 s. (citation originale en<br />

allemand).<br />

171<br />

Ibid., p. 284 (citation originale en allemand).

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