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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 140<br />

Chapitre 3<br />

Les <strong>transactions</strong> <strong>sur</strong> l’or entre <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> Alliés occidentaux étaient en corré<strong>la</strong>tion étroite<br />

avec à des mouvements transnationaux <strong>sur</strong> <strong>les</strong> marchés de devises. Contrairement aux avoirs<br />

suisses en Allemagne qui avaient été gelés dans <strong>les</strong> années trente, ceux déposés dans <strong>les</strong> pays<br />

anglo-saxons restèrent librement disponib<strong>les</strong> dans un premier temps, ce qui rendit possible à<br />

plusieurs reprises des fuites massives de capitaux outre-At<strong>la</strong>ntique. 1 Par ailleurs, contrairement<br />

aux échanges économiques avec l’Allemagne, <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions entre <strong>les</strong> pays alliés <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> ne<br />

furent jamais réglementées par un accord de clearing. En vertu de l’accord de blocus (War<br />

Trade Agreement) conclu en 1940 avec <strong>les</strong> Alliés <strong>et</strong> des accords de contre-blocus<br />

(Geleitscheinabkommen) signés avec l’Allemagne <strong>et</strong> l’Italie, <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> put fournir des biens aux<br />

Etats-Unis <strong>et</strong> à <strong>la</strong> Grande-Br<strong>et</strong>agne; ces livraisons étaient payées en dol<strong>la</strong>rs <strong>et</strong> en livres sterling.<br />

Ces échanges non réglementés étaient décisifs pour <strong>les</strong> différents éléments de <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce des<br />

paiements de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> (ba<strong>la</strong>nce commerciale, solde des paiements courants <strong>et</strong> ba<strong>la</strong>nce des<br />

capitaux) <strong>et</strong>, partant, pour <strong>la</strong> liquidité de son marché des capitaux <strong>et</strong> pour sa prospérité<br />

monétaire. 2<br />

En bloquant <strong>les</strong> avoirs suisses un semestre déjà avant leur entrée en guerre, <strong>les</strong> Etats-Unis<br />

créèrent des conditions nouvel<strong>les</strong>, qui se traduisirent par un changement d’attitude de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong><br />

envers le dol<strong>la</strong>r. <strong>La</strong> réglementation qu’elle introduisit trois mois après le freezing était conçue<br />

comme dispositif de défense contre le gonflement du bi<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> BNS qui aurait résulté d’un<br />

fort afflux de dol<strong>la</strong>rs <strong>et</strong> aurait représenté une menace inf<strong>la</strong>tionniste. C<strong>et</strong>te me<strong>sur</strong>e ne constituait<br />

pas pour autant un premier pas dans <strong>la</strong> direction d’un contrôle intégral des changes; elle<br />

s’imposa en eff<strong>et</strong> en réaction à l’engouement que suscitait de toutes parts le franc suisse<br />

librement convertible. <strong>La</strong> BNS avait défini des objectifs précis. Elle ne vou<strong>la</strong>it en aucun cas<br />

accepter de l’or ou des dol<strong>la</strong>rs qui <strong>les</strong> dépassassent.<br />

<strong>La</strong> nécessité de contrôler <strong>la</strong> croissance de <strong>la</strong> masse monétaire par une réglementation <strong>sur</strong> le<br />

dol<strong>la</strong>r résultait de <strong>la</strong> structure asymétrique de l’économie de guerre de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> des tensions<br />

qui lui étaient inhérentes. L’abandon de l’idée d’un contrôle des changes, décidé au cours du<br />

premier semestre 1940 après de vives controverses (voir le chapitre 2), avait provoqué un<br />

antagonisme entre <strong>les</strong> impératifs de <strong>la</strong> politique de l’emploi <strong>et</strong> du commerce (politique<br />

d’approvisionnement <strong>et</strong> des prix), <strong>et</strong> <strong>les</strong> intérêts des créanciers suisses ou <strong>les</strong> besoins de francs<br />

des Alliés. 3 Bien que strictement réglementés, <strong>les</strong> échanges de biens <strong>et</strong> de capitaux avec<br />

l’Allemagne étaient pratiqués de manière plus souple qu’avec <strong>les</strong> Alliés, pourtant libres de tout<br />

contrôle. On eut peu à peu l’impression d’avoir affaire à un système restrictif mais une pratique<br />

fluide du côté de l’Axe <strong>et</strong> à un système libéral mais une pratique restrictive du côté des Alliés,<br />

1<br />

Ceci, en dépit du fait que <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> <strong>les</strong> banques commercia<strong>les</strong> suisses aient conclu à <strong>la</strong> mi-novembre 1937 un<br />

gentlemens’ agreement visant à freiner <strong>la</strong> fuite dans le franc suisse (dévalué de 30% en septembre 1936) <strong>et</strong> à lutter<br />

contre <strong>la</strong> thésaurisation de bill<strong>et</strong>s de banque. Cf. par exemple Banque nationale suisse 1957, p. 121, 187, 241. Les<br />

me<strong>sur</strong>es de c<strong>et</strong>te nature n’ont aucun rapport avec un système de clearing <strong>et</strong> il convient de <strong>les</strong> distinguer d’un contrôle<br />

des changes. Cf. AFB E 2001 (D) 2, volume 267.<br />

2<br />

Sur <strong>la</strong> statistique du commerce extérieur, cf. L’économie de guerre en <strong>Suisse</strong> 1939/1948, 1951.<br />

3<br />

Tanner 1986, p. 243 sqq.

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