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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 127<br />

Chapitre 2<br />

particuliers belges devaient désormais déc<strong>la</strong>rer l’or <strong>et</strong> <strong>les</strong> devises qu’ils possédaient». 301 Il n’y a<br />

donc aucun doute possible: avant même de commencer à ach<strong>et</strong>er activement de l’or à <strong>la</strong><br />

Reichsbank en octobre 1941, <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> Banque nationale étaient au courant des<br />

méthodes utilisées par l’Allemagne pour s’approprier l’or dans <strong>les</strong> territoires occupés. A<br />

l’époque ils n’exigèrent aucune garantie que l’or provenait des réserves d’avant-guerre; ni par<br />

écrit, ni de vive voix. 302<br />

Plus le nombre de lingots d’or arrivant de Berlin s’élevait, mieux on savait que l’or provenait<br />

de campagnes de pil<strong>la</strong>ge menées par l’Allemagne dans <strong>les</strong> territoires occupés. Dans l’optique<br />

d’aujourd’hui, <strong>la</strong> réaction qu’eut <strong>la</strong> Banque nationale face à ce problème en été 1942 est<br />

étonnante. <strong>La</strong> seule chose qui lui importait était le risque de ne plus pouvoir disposer librement<br />

de l’or acquis. Autrement dit, elle craignait «que des banques centra<strong>les</strong> qui s’étaient soustraites<br />

à l’occupation en transférant leur domicile dressent des listes dites de blocage, ce qui aurait<br />

pour résultat que ces lingots ne seraient plus considérés comme de bonnes livraisons d’or». 303<br />

<strong>La</strong> direction générale chercha par conséquent une possibilité de dissimuler l’identité des lingots<br />

reçus <strong>et</strong> envisagea de <strong>les</strong> refondre à ses frais. En examinant <strong>les</strong> choses de plus près, on<br />

s’aperçut que c’était trop compliqué. A Berne, <strong>la</strong> plus grande partie de l’or avait déjà été<br />

p<strong>la</strong>cée dans <strong>les</strong> dépôts d’autres banques d’émission, <strong>et</strong> <strong>les</strong> numéros des lingots avaient été<br />

transmis aux acquéreurs selon <strong>la</strong> procédure habituelle. Comme il était impossible d’échanger<br />

ces lingots sans le consentement des nouveaux propriétaires, <strong>la</strong> direction générale estima<br />

finalement plus judicieux d’abandonner le proj<strong>et</strong> de refonte «tant qu’il n’y aura pas de<br />

réc<strong>la</strong>mations», ainsi qu’on peut le lire dans son procès-verbal. 304<br />

C’est au milieu de l’année 1943 que <strong>la</strong> BNS commença à é<strong>la</strong>borer sa stratégie offensive fondée<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> bonne foi. Dans c<strong>et</strong>te perspective, le fait que <strong>les</strong> envois allemands pouvaient contenir non<br />

seulement de l’or de banques centra<strong>les</strong> mais aussi de l’or pillé chez <strong>les</strong> particuliers, semb<strong>la</strong><br />

particulièrement problématique. Le directeur du bureau juridique de <strong>la</strong> BNS, Max Schwab,<br />

décrivit <strong>la</strong> situation comme suit:<br />

«Il est désormais établi que dans <strong>les</strong> territoires occupés, des avoirs ont été confisqués aussi à<br />

des particuliers (par exemple à des Juifs déportés ou à des personnes frappées de sanctions<br />

spécia<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c.). On ne sait pas si, dans ce contexte ou dans d’autres cas, des particuliers ont<br />

également été dépouillés de leur or; c’est toutefois du domaine du possible.» 305<br />

301<br />

Archives BNS, Procès-verbal du Comité de banque, 5.9.1940, p. 506 (citation originale en allemand).<br />

302<br />

Cf. Fior 1997, p. 52, 65-66.<br />

303<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 18.6.1942, N° 450, p. 563–564 (citation originale en allemand).<br />

Les banques centra<strong>les</strong> belge <strong>et</strong> néer<strong>la</strong>ndaise avaient transféré leur siège à Londres. Cf. pour tout le passage <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

proj<strong>et</strong>s de refonte Fior 1997, p. 55–58; Balzli 1997a, p.154–157; Ziegler 1997, p.88–90.<br />

304<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 18.6.1942, N° 450, p. 564 (citation originale en allemand). C<strong>et</strong>te<br />

stratégie semb<strong>la</strong> faire ses preuves pour <strong>la</strong> BNS. Dans un premier temps, aucune banque d’émission ne refusa d’ach<strong>et</strong>er<br />

de l’or à <strong>la</strong> banque nationale suisse. En décembre 1942, <strong>la</strong> Reichsbank demanda à <strong>la</strong> BNS si elle était prête à refondre<br />

<strong>les</strong> lingots qu’elle avait déjà reçus d’Allemagne <strong>et</strong> d’y apposer le poinçon suisse. <strong>La</strong> BNS refusa. Pour plus de détails,<br />

cf. Fior 1997, p. 53-54.<br />

305<br />

Archives BNS, Extrait du procès-verbal de <strong>la</strong> conférence des directeurs du 2 décembre 1943, p. 17 (citation originale en<br />

allemand).

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