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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 198<br />

Conclusion<br />

1941 déjà, <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS savaient que l’Allemagne disposait d’or volé. C<strong>et</strong> état de<br />

fait fut discuté lors de réunions internes. En 1942, <strong>la</strong> direction générale envisagea même de<br />

faire refondre une partie importante du métal jaune livré par le III e Reich. En outre, elle<br />

disposait d’informations <strong>sur</strong> <strong>les</strong> confiscations d’or à des particuliers en Belgique <strong>et</strong> aux Pays-<br />

Bas. Au plus tard en 1943, il devint évident que <strong>les</strong> livraisons de <strong>la</strong> Reichsbank pouvaient<br />

contenir également du métal jaune provenant des banques centra<strong>les</strong> des pays occupés.<br />

Les avertissements officiels <strong>la</strong>ncés par <strong>les</strong> Alliés à partir du début de 1943 incitèrent <strong>la</strong> BNS à<br />

prendre certaines précautions; elle exigea <strong>la</strong> garantie que <strong>les</strong> livraisons allemandes provenaient<br />

bien des stocks d’avant-guerre. <strong>La</strong> BNS modifia son attitude non pas de sa propre initiative,<br />

mais sous <strong>la</strong> pression extérieure. Pendant longtemps, <strong>la</strong> direction générale n’a pas pris acte du<br />

fait que l’Etat national-socialiste pratiquait le vol <strong>et</strong> le pil<strong>la</strong>ge à grande échelle, qu’il m<strong>et</strong>tait à<br />

mort des personnes <strong>et</strong> des groupes entiers de popu<strong>la</strong>tions. Bien qu’il ait été patent que<br />

l’Allemagne s’appropriait de l’or illégalement, <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS persistèrent dans<br />

l’attitude du business as usual.<br />

Alors même qu’ils étaient au courant de l’origine problématique de l’or <strong>et</strong> malgré <strong>les</strong><br />

avertissements des Alliés à ce suj<strong>et</strong>, des dirigeants de banques <strong>et</strong> de compagnies d’as<strong>sur</strong>ances<br />

suisses n’en continuèrent pas moins d’insister durant <strong>les</strong> derniers mois de <strong>la</strong> guerre pour que <strong>la</strong><br />

BNS continuât d’accepter de l’or allemand, ce qu’elle fit effectivement jusqu’en avril 1945.<br />

Ces transferts servirent entre autres à payer des intérêts <strong>et</strong> à régler d’autres d<strong>et</strong>tes en <strong>Suisse</strong>.<br />

Ces achats d’or étaient également destinés à maintenir le plus longtemps possible <strong>les</strong> opérations<br />

de paiement avec l’Allemagne <strong>et</strong>, par conséquent, à ménager une position de départ aussi<br />

favorable que possible aux re<strong>la</strong>tions financières germano-suisses d’après-guerre.<br />

A partir de 1943, <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS é<strong>la</strong>borèrent une série d’arguments pour se défendre<br />

contre <strong>les</strong> accusations des Alliés. Après <strong>la</strong> guerre, <strong>la</strong> direction générale invoqua, pour sa<br />

défense face aux détracteurs suisses <strong>et</strong> étrangers, qu’elle avait agi en toute bonne foi, étant<br />

persuadée de l’origine irréprochable de l’or que lui livrait l’Allemagne. Elle prétexta en outre<br />

que ces opérations respectaient <strong>les</strong> principes de <strong>la</strong> neutralité suisse, <strong>et</strong> qu’en se rendant utile à<br />

l’Allemagne par des achats d’or, l’institut d’émission avait contribué à réduire le risque d’une<br />

invasion de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>. Enfin, elle soutint que sa politique en matière d’or aurait reçu l’aval du<br />

gouvernement suisse.<br />

Dans l’optique actuelle, tant <strong>la</strong> bonne foi que l’obligation d’accepter l’or conformément à <strong>la</strong><br />

politique de neutralité ne sont pas des arguments probants. En eff<strong>et</strong>, il est apparu lors des<br />

négociations de l’Accord de Washington que <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS savaient durant <strong>la</strong> guerre<br />

déjà que <strong>la</strong> Reichsbank livrait aussi à <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> de l’or volé. <strong>La</strong> politique de neutralité, quant à<br />

elle, n’obligeait en aucune manière à accepter de l’or volé. En outre, <strong>la</strong> thèse de <strong>la</strong> bonne foi se<br />

révé<strong>la</strong> être un piège: <strong>la</strong> BNS ne pouvait s’en distancer sans perdre sa crédibilité.<br />

Quant à <strong>la</strong> thèse invoquée par <strong>la</strong> BNS selon <strong>la</strong>quelle l’or ach<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> Reichsbank aurait<br />

contribué à dissuader l’Allemagne d’envahir <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>, il convient de noter tout d’abord que <strong>la</strong>

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