07.01.2013 Views

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 112<br />

Chapitre 2<br />

«expressément» «que l’on n’envisageait pas de supprimer c<strong>et</strong>te liberté [de <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion des<br />

capitaux par l’introduction d’un contrôle des devises] sous <strong>la</strong> pression de <strong>la</strong> partie adverse<br />

[…] <strong>et</strong> qu’elle [<strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>] n’empêcherait pas non plus <strong>la</strong> Banque nationale, dans le cadre de <strong>la</strong><br />

politique bancaire autonome qu’elle pratiquait, d’ach<strong>et</strong>er de l’or à l’Allemagne contre des<br />

devises. A <strong>la</strong> condition naturellement», ajouta Homberger, «de l’existence ici aussi de re<strong>la</strong>tions<br />

commercia<strong>les</strong> contractuel<strong>les</strong>». 219<br />

On comprend dès lors pourquoi l’Allemagne, indépendamment de toutes <strong>les</strong> interventions<br />

suisses, accordait tant d’importance au maintien de l’accord, aussi mince fût-il: pour empêcher<br />

<strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> d’intervenir dans <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> <strong>sur</strong> l’or <strong>et</strong> <strong>les</strong> devises, si importantes pour<br />

l’Allemagne, <strong>la</strong> délégation allemande se montra disposée à faire de <strong>la</strong>rges concessions, <strong>sur</strong>tout<br />

dans <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> financières.<br />

De tel<strong>les</strong> concessions étaient d’autant plus importantes pour <strong>les</strong> créanciers suisses 220 que <strong>la</strong><br />

chute spectacu<strong>la</strong>ire des livraisons de marchandises allemandes <strong>et</strong>, dans son sil<strong>la</strong>ge, de <strong>la</strong> quotepart<br />

de <strong>la</strong> Reichsbank, engendrait une situation aussi nouvelle que désagréable: <strong>les</strong> excédents<br />

considérab<strong>les</strong> que présentait encore le fonds de transfert au début de 1944 avaient été absorbés<br />

au cours de l’année <strong>et</strong> il n’y avait aucune perspective de rentrées. Au lieu du minimum de<br />

3 millions nécessaires par mois, le compte de transfert enregistra une entrée de 1,4 millions de<br />

francs suisses seulement en janvier 1945; il fal<strong>la</strong>it donc se procurer <strong>les</strong> fonds nécessaires par<br />

d’autres mécanismes. 221 Les choses semblent avoir été n<strong>et</strong>tement plus simp<strong>les</strong> qu’on l’avait cru<br />

initialement. Au cours des négociations, <strong>la</strong> délégation allemande se montra disposée à verser,<br />

pour préserver son crédit, «certaines devises libres pour le règlement des intérêts dus aux<br />

créanciers financiers»; elle consentit même à renoncer à <strong>la</strong> quote-part libre en devises de <strong>la</strong><br />

Reichsbank, qui représentait 11,8% du volume du clearing. Le «Comité Allemagne» de<br />

l’Association suisse des banquiers savait certainement que ces devises devaient provenir de <strong>la</strong><br />

vente d’or à <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>, mais on n’en par<strong>la</strong> pas; au contraire, lorsque fut soulevée au comité <strong>la</strong><br />

question de savoir comment l’Allemagne comptait se procurer ces devises supplémentaires,<br />

P<strong>et</strong>er Vieli, directeur général du Crédit <strong>Suisse</strong>, répondit que <strong>les</strong> Allemands <strong>les</strong> «prélèveraient<br />

[certainement] <strong>sur</strong> <strong>les</strong> capitaux dont ils peuvent disposer librement en <strong>Suisse</strong>». 222<br />

C<strong>et</strong>te réponse de Vieli ne reflète certainement pas l’état de ses connaissances, car il était<br />

implicitement entendu que l’ouverture du fonds de transfert restait nécessairement liée à de<br />

nouvel<strong>les</strong> ventes d’or par l’Allemagne. Comme on le verra au chapitre 5, <strong>la</strong> position de <strong>la</strong><br />

partie allemande dépendait de <strong>la</strong> disposition de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> à accepter de nouvel<strong>les</strong> livraisons<br />

d’or. Les Allemands n’envisageaient donc pas d’utiliser pour ce<strong>la</strong> <strong>les</strong> capitaux allemands<br />

219<br />

PA/AA Bonn, R 108101 Ha Pol II b: <strong>Suisse</strong> 13A volume 7, Télégramme du 17.12.1944 de Seyboth (citation originale<br />

en allemand).<br />

220<br />

Les intérêts des créanciers financiers étaient servis en partie par <strong>la</strong> quote-part libre de <strong>la</strong> Reichsbank<br />

(Reichsbankspitze), en partie par le compte de transfert; ce dernier était alimenté par le compte des marchandises<br />

(Warenkonto), pour autant que le quota de 12% réservé aux créanciers financiers ne dépassent pas 4,1 millions de<br />

francs par mois. C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>use datant d’août 1940 fut supprimée le 19 décembre 1944. Archives de l’ASB, volume 203,<br />

F17, 58 ème séance du Comité Allemagne de l’Association suisse des banquiers, 14.2.1945, p. 2 s.<br />

221<br />

Ibid.<br />

222<br />

Ibid., p. 6 (citation originale en allemand).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!