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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 152<br />

Chapitre 3<br />

Pour maîtriser ce problème, <strong>la</strong> BNS disposait en principe de deux possibilités. Elle pouvait<br />

décider de vendre de l’or pour inverser <strong>la</strong> croissance de son bi<strong>la</strong>n. Ce<strong>la</strong> revenait à «détruire» de<br />

l’argent. Les ventes d’or <strong>sur</strong> le marché ont un double eff<strong>et</strong> stabilisateur. D’une part, el<strong>les</strong><br />

réduisent tant <strong>les</strong> actifs du bi<strong>la</strong>n que ses passifs (soit de l’argent circu<strong>la</strong>nt sous forme de<br />

crédits). D’autre part, el<strong>les</strong> ont une incidence indirecte <strong>sur</strong> le marché: en vendant de l’or sous<br />

forme de pièces <strong>et</strong> de lingots par l’intermédiaire des banques commercia<strong>les</strong>, <strong>la</strong> BNS pouvait<br />

enrayer une hausse trop prononcée du prix de l’or <strong>et</strong> empêcher ainsi un écart durable entre le<br />

prix commercial de l’or <strong>et</strong> son cours légal. Un tel écart aurait à son tour favorisé une<br />

dévaluation du franc <strong>et</strong>, partant, se serait traduit par une poussée inf<strong>la</strong>tionniste des prix des<br />

produits importés. 49<br />

Mais <strong>la</strong> Banque pouvait aussi empêcher le gonflement de son bi<strong>la</strong>n en refusant d’accepter de<br />

l’or ou des devises. Les contre-me<strong>sur</strong>es de c<strong>et</strong>te nature correspondent à <strong>la</strong> politique suivie à<br />

l’égard des réfugiés; de fait, el<strong>les</strong> accompagnent <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es qui al<strong>la</strong>ient aboutir en août 1942 à<br />

<strong>la</strong> ferm<strong>et</strong>ure des frontières suisses pour <strong>les</strong> victimes juives des persécutions <strong>et</strong> donc à des<br />

refoulements <strong>et</strong> des expulsions. En avril, <strong>la</strong> BNS refusa d’ach<strong>et</strong>er au cours commercial officiel<br />

des dol<strong>la</strong>rs bloqués que <strong>les</strong> Américains destinaient à l’aide aux réfugiés. 50 Elle déc<strong>la</strong>ra, par<br />

exemple, n’être plus prête à accepter <strong>les</strong> 90 000 dol<strong>la</strong>rs de dons américains pour <strong>la</strong> Fédération<br />

suisse des communautés israélites, pour éviter de nouvel<strong>les</strong> cessions de francs contre des<br />

dol<strong>la</strong>rs bloqués aux Etats-Unis. Il fallut attendre novembre 1943 pour que le transfert des fonds<br />

d’entraide puisse se poursuivre, à un taux inférieur de presque 50% au cours officiel. 51<br />

Le 1 er août 1943, des contingents <strong>sur</strong> <strong>les</strong> montres <strong>et</strong> des quotas par pays 52 furent introduits, qui<br />

restreignaient le volume des exportations destinées aux pays alliés. En mars 1944, ces<br />

restrictions furent assouplies, le seuil passant de 8,5 à 16 millions de francs par mois. Pour<br />

limiter <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te adaptation, on instaura des comptes bloqués <strong>et</strong> un contrôle renforcé<br />

des prix des biens d’exportation. 53 Ces me<strong>sur</strong>es répondaient aux priorités de politique<br />

intérieure définies dans le cadre d’un débat de plus en plus intense <strong>sur</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification de<br />

l’après-guerre. Plus que jamais, une politique monétaire adéquate devait empêcher une<br />

49<br />

Cf. à ce suj<strong>et</strong> entre autres Fior 1997, p. 34.<br />

50<br />

Picard 1994, p. 384s.<br />

51<br />

American Jewish Joint Distribution Committee (AJDC), SM-7, Notices de Mayer, 1.4.–11.8.1942; JDC, N° 4, Mayer<br />

au DPF, 18.11. <strong>et</strong> 30.12.1943; Leavitt à Bruggmann, 30.12.1943; DPF à Mayer, 7.11.1944; JDC, N° 974-75, Schwartz<br />

au JDC, 17.3.1944; Rapports financiers 1943–44; Fédération suisse des communautés israélites, Dossier «Joint»,<br />

Braunschweig à Bruggmann, 2.7.1943. Cf. également le fait que des juifs réfugiés en <strong>Suisse</strong> n’avaient en général pas le<br />

droit de convertir en francs <strong>les</strong> dol<strong>la</strong>rs en bill<strong>et</strong>s qu’ils possédaient. Ce n’est qu’en été 1945 qu’un contingent de 100<br />

dol<strong>la</strong>rs par mois <strong>et</strong> par personne fut autorisé pour le paiement des frais d’entr<strong>et</strong>ien. Archives centra<strong>les</strong> CSG, BPS,<br />

Notice 4.6.1945; Archives centra<strong>les</strong> CSG, Notice 8.11.1944.<br />

52<br />

En plus du contingentement des exportations à destination des pays régis par le dol<strong>la</strong>r, il existait des quotas pour <strong>les</strong><br />

pays qui n’en faisaient pas partie (Proche-Orient). Nous renonçons ici à de plus amp<strong>les</strong> informations. De même, <strong>la</strong><br />

question des produits livrés par l’industrie horlogère en zone alliée nécessiterait des recherches plus approfondies.<br />

53<br />

<strong>La</strong> somme en dol<strong>la</strong>rs versée directement aux exportateurs ne fut pas modifiée par c<strong>et</strong>te réglementation, car elle ne<br />

représentait que 50%. Quarante pour-cent des créances furent versés sans intérêts pour trois ans <strong>sur</strong> le compte bloqué I.<br />

Etant donné que celui-ci était assorti d’une garantie de <strong>la</strong> Confédération, <strong>les</strong> créances correspondantes pouvaient être<br />

escomptées auprès de certaines banques commercia<strong>les</strong>. Les 10% restants furent comptabilisés <strong>sur</strong> le compte bloqué II.<br />

Cf. par exemple Durrer 1984, p. 74 s.; Mächler 1952.

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