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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 130<br />

Chapitre 2<br />

Lorsqu’en 1946, <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS se prononcèrent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> question de l’or acquis au<br />

cours de <strong>la</strong> guerre, ils soulignèrent avoir toujours eu le souci d’adopter «une attitude<br />

absolument neutre». 315 Par conséquent l’attitude<br />

«consistant à traiter forcément de <strong>la</strong> même manière <strong>les</strong> deux parties belligérantes ne lui <strong>la</strong>issait<br />

tout simplement pas d’autre choix que d’accepter l’or offert par <strong>les</strong> deux parties en guerre. Il<br />

eut été impensable d’accepter de l’or, <strong>et</strong> en plus de l’or bloqué, de <strong>la</strong> part des Alliés <strong>et</strong> de<br />

refuser l’or que l’Allemagne livrait à <strong>la</strong> Banque nationale <strong>et</strong> dont c<strong>et</strong>te dernière pouvait<br />

disposer librement.» 316<br />

C<strong>et</strong>te manière de présenter <strong>les</strong> choses ne reflète guère <strong>la</strong> réalité. Elle oublie le fait que, dès le<br />

milieu de 1943, on avait <strong>la</strong>rgement débattu <strong>la</strong> question de savoir si <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>, pays neutre,<br />

pouvait se perm<strong>et</strong>tre de refuser l’or provenant d’Allemagne; <strong>et</strong> qu’on en avait discuté avec<br />

l’administration fédérale, déterminée à soutenir l’attitude de <strong>la</strong> BNS. A ce moment déjà, on<br />

avait reconnu l’importance de <strong>la</strong> neutralité en tant que justification: «Nous pouvons défendre<br />

en toute bonne foi <strong>la</strong> position selon <strong>la</strong>quelle nous trahirions notre neutralité en n’acceptant d’or<br />

que d’un seul groupe d’Etats.» 317 Bachmann lui-même avait alors objecté que même si <strong>les</strong><br />

autorités monétaires étaient tenues par <strong>la</strong> loi d’ach<strong>et</strong>er de l’or, «ce<strong>la</strong> ne signifiait pas pour<br />

autant pour le pays concerné ou <strong>la</strong> banque d’émission en question une obligation<br />

internationale d’ach<strong>et</strong>er de l’or»; <strong>et</strong> que, d’ailleurs, il existait des précédents qui pourraient<br />

justifier un refus de nouveaux achats d’or. 318 Aussitôt après <strong>la</strong> guerre, Eberhard Reinhardt, le<br />

directeur de l’administration fédérale des finances, en convint lui aussi:<br />

«En eux-mêmes, <strong>la</strong> neutralité <strong>et</strong> le mécanisme de l’or n’obligent certainement aucun institut<br />

d’émission à accepter de l’or d’un côté comme de l’autre s’il doit craindre que c<strong>et</strong> or a été volé<br />

<strong>et</strong> qu’il pourrait un jour devoir être restitué.» 319<br />

<strong>La</strong> Banque nationale ne voulut toutefois pas «s’aventurer ici <strong>sur</strong> le terrain glissant de <strong>la</strong><br />

politique» <strong>et</strong> se prononça délibérément contre toute me<strong>sur</strong>e de défense: «Nous aurions certes<br />

<strong>les</strong> moyens de tenir <strong>les</strong> opérations d’or indésirab<strong>les</strong> à distance[...]», mais il «serait dangereux de<br />

vouloir prendre des me<strong>sur</strong>es de défense en matière d’or». 320<br />

Il y a une raison supplémentaire pour n’être pas convaincu par <strong>les</strong> propos de <strong>la</strong> BNS en 1946.<br />

L’institut d’émission ne s’était-il pas refusé, à peine deux ans auparavant, à lier <strong>les</strong> achats d’or<br />

allemand à des «considérations politiques». 321 Vu sous c<strong>et</strong> angle, c<strong>et</strong> argument sous sa forme<br />

présentée en 1946 est peu crédible. Il s’y ajoute l’exemple de <strong>la</strong> Suède, qui avait renoncé dès<br />

août 1944 à ach<strong>et</strong>er de l’or à l’Allemagne. <strong>La</strong> Suède se déc<strong>la</strong>ra disposée à respecter <strong>les</strong><br />

315 Archives BNS B3/117.8, Rapport de <strong>la</strong> direction générale du 16 mai 1946, p. 58 (citation originale en allemand).<br />

316 Ibid.; cf. également Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.8.1943, p. 239. Cf. également<br />

DDS, volume 15, p. 42 (citation originale en allemand).<br />

317 Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 22./23.7.1943, p. 191 (citation originale en allemand).<br />

Cf. également DDS, volume 15, p.41–42.<br />

318 Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.8.1943, p. 240 (souligné dans <strong>la</strong> citation originale<br />

en allemand).<br />

319 AFB E 6100 (A) 25, volume 2328; DDS, volume 15, p. 1138 (citation originale en allemand).<br />

320 Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.8.1943, p. 241 (citation originale en allemand).<br />

321 Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 26./27.10.1944, p. 342 (citation originale en allemand).

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