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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 133<br />

Chapitre 2<br />

financière <strong>et</strong> du bon fonctionnement de l’économie. 329 A <strong>la</strong> fin de 1942, le chef du Département<br />

de l’économie politique, le Conseiller fédéral Walter Stampfli, déc<strong>la</strong>ra que le III e Reich ne se<br />

comporterait pas en ennemi de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n économique. «L’Allemagne témoigne aussi<br />

d’un grand intérêt pour <strong>la</strong> monnaie suisse, qui est <strong>la</strong> seule à jouir encore d’une certaine liberté<br />

au niveau international. Tout ce<strong>la</strong> ne constitue pas l’indice d’une intention d’attaquer <strong>la</strong><br />

<strong>Suisse</strong>.» 330 Dans quelle me<strong>sur</strong>e <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong> BNS partageait-elle ces opinions?<br />

Les sources ne perm<strong>et</strong>tent pas de le dire.<br />

Rétrospectivement, son rapport du 16 mai 1946 insista pourtant fortement <strong>sur</strong> ce point. On y<br />

trouve trois définitions généra<strong>les</strong> de <strong>la</strong> dissuasion: tout d’abord, il se serait agi «dans <strong>les</strong> années<br />

où <strong>la</strong> force militaire de l’Allemagne faisait p<strong>la</strong>ner <strong>sur</strong> nous une menace permanente» de ne pas<br />

irriter l’adversaire. «Il était tout simplement impensable de refuser l’or de l’Allemagne», car ce<br />

refus aurait «pu facilement entraîner un conflit de grande envergure, probablement même une<br />

guerre» pour <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>. 331 En outre, le rapport indique, même si c’est avec beaucoup de<br />

circonspection, que «l’or en tant que moyen de règlement de paiements internationaux»<br />

gagnait en importance à me<strong>sur</strong>e que <strong>la</strong> guerre se prolongeait. A ce propos, l’avantage que<br />

l’Allemagne pouvait tirer des ventes d’or à <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> n’est jamais évoqué isolément, mais on<br />

construit toujours un schéma symétrique: «Par conséquent, le besoin de francs suisses des deux<br />

parties belligérantes ne cessa d’augmenter». 332 Enfin, l’importance des achats d’or pour<br />

l’approvisionnement du pays <strong>et</strong> pour le maintien de <strong>la</strong> volonté de résistance suisse est située<br />

dans un contexte plus <strong>la</strong>rge: «Seul le fait que <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> soit parvenue, malgré toutes <strong>les</strong><br />

difficultés de ces années, à maintenir, avec divers pays, ses exportations <strong>et</strong> ses importations,<br />

nous a finalement permis de trouver <strong>la</strong> force morale <strong>et</strong> militaire de résister <strong>et</strong> de nous affirmer<br />

dans <strong>la</strong> tempête de <strong>la</strong> guerre.» 333<br />

Il existe ainsi un fossé entre l’argumentation avancée au cours des années de conflit <strong>et</strong> ses<br />

positions définies après coup. Il est permis d’en déduire que <strong>la</strong> BNS s’est servie de <strong>la</strong> thèse de<br />

<strong>la</strong> dissuasion pour justifier sa politique de l’or à l’égard du régime nazi. Aussi bien, des<br />

affirmations contemporaines que des enquêtes empiriques soutiennent en revanche l’hypothèse<br />

que l’utilité de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que tournante était telle qu’elle exerça réellement un eff<strong>et</strong> dissuasif dans<br />

<strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions germano-suisses. D’importants dignitaires du III e Reich, comme des observateurs<br />

neutres sont revenus sans cesse <strong>sur</strong> l’importance éminente du franc suisse pour l’industrie<br />

d’armement allemande. Le major Gäfgen, chef de <strong>la</strong> Commission industrielle allemande (Leiter<br />

der Deutschen Industriekommission) à Berne, consigna dans un document daté du 1 er avril<br />

1944 sous <strong>la</strong> rubrique «Prestations de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> en faveur de l’Allemagne»: «Grâce à <strong>la</strong> valeur<br />

329<br />

L<strong>et</strong>tre du 16 juill<strong>et</strong> 1940 de Pil<strong>et</strong>-Go<strong>la</strong>z à Minger, AFB E 27/15067. Cf. également DDS, volume 14, p. 825–826, 865.<br />

Cf. également Perrenoud 1990, p. 379.<br />

330<br />

DDS, volume 14, n° 282, p. 942 (citation originale en allemand). Cf. également Gautschi 1989, p. 433, 229.<br />

331<br />

DDS, volume 15, p. 1123 (citation originale en allemand).<br />

332<br />

Ibid., p. 1118 (citation originale en allemand).<br />

333<br />

Ibid., p. 1122 (citation originale en allemand).

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