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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 76<br />

Chapitre 2<br />

particulièrement intéressantes pour <strong>les</strong> banques commercia<strong>les</strong>. 48 Au début, au contraire de<br />

cel<strong>les</strong>-ci, <strong>la</strong> BNS était plus réservée quant au commerce avec <strong>la</strong> Reichsbank. Après <strong>les</strong><br />

<strong>transactions</strong> opérées entre <strong>les</strong> deux banques d’émission qui eurent lieu aux mois de mars <strong>et</strong> mai<br />

1940, <strong>la</strong> BNS n’accepta de nouveaux envois qu’en octobre de <strong>la</strong> même année. 49<br />

Les envois d’or de <strong>la</strong> seconde période, soit à partir du milieu de 1940, se déroulèrent dans un<br />

contexte politique fondamentalement différent de <strong>la</strong> situation qui régnait avant <strong>la</strong> défaite de <strong>la</strong><br />

France <strong>et</strong> l’entrée en guerre de l’Italie. L’Allemagne avait étendu sa domination <strong>sur</strong> de vastes<br />

territoires de l’Europe du Nord <strong>et</strong> de l’Ouest à un rythme effrayant <strong>et</strong> très impressionnant pour<br />

<strong>les</strong> observateurs d’alors. Au sein des élites politiques <strong>et</strong> militaires, certains se mirent à p<strong>la</strong>ider<br />

ouvertement pour que <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> cherche à se ménager une p<strong>la</strong>ce aussi avantageuse que possible<br />

dans une «Europe nouvelle» dirigée par Hitler. Toutefois <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion suisse était loin d’être<br />

unanime à l’idée de s’adapter à l’hégémonie politique <strong>et</strong> économique du III e Reich. Les débats<br />

politiques <strong>sur</strong> le rôle de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> dans une Europe dominée par le national-socialisme furent<br />

intenses. 50 Dans l’accord commercial conclu le 9 août 1940, <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> fit à l’Allemagne de<br />

<strong>la</strong>rges concessions économiques. Dans le même temps, l’industrie suisse commença à s’adapter<br />

aux besoins de l’économie d’armement allemande. 51<br />

D’un point de vue économique, <strong>la</strong> démobilisation partielle <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>rait de l’armée dans le<br />

Réduit permirent de libérer <strong>la</strong> main-d’œuvre dont l’économie suisse, axée <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

exportations, avait un besoin urgent. 52 Les représentants de <strong>la</strong> Banque nationale avaient<br />

recommandé eux aussi c<strong>et</strong>te substantielle démobilisation afin d’intensifier <strong>les</strong> échanges avec<br />

l’Allemagne. Dans une l<strong>et</strong>tre confidentielle du 13 août 1940 au Conseiller fédéral Pil<strong>et</strong>-Go<strong>la</strong>z,<br />

Max Schwab, directeur de <strong>la</strong> BNS, expliquait après <strong>la</strong> conclusion de l’accord économique<br />

avec l’Allemagne que du côté allemand on avait fait remarquer que «le maintien de nos<br />

48<br />

<strong>La</strong> direction générale de <strong>la</strong> BNS constate à <strong>la</strong> fin de juill<strong>et</strong> 1940 que «<strong>les</strong> prix de l’or sont plutôt à <strong>la</strong> hausse, ce que l’on<br />

peut justifier par le fait que toutes <strong>les</strong> banques centra<strong>les</strong> achètent de l’or <strong>et</strong> qu’ici <strong>et</strong> là un arbitrage a été possible, par<br />

exemple avec <strong>la</strong> Banque de France. Depuis peu une banque suisse ( S.A. Leu & Cie) achète également tout l’or qu’elle<br />

peut pour <strong>la</strong> Reichsbank. <strong>La</strong> Banque Leu nous en a informés. Par ces opérations, <strong>la</strong>dite banque domine momentanément<br />

le marché de l’or.» Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 31.7.1940, N° 667, p. 819 (citation originale<br />

en allemand). Cf. également chapitre 4 du présent rapport <strong>sur</strong> le marché de l’or <strong>et</strong> le rôle des banques commercia<strong>les</strong>.<br />

Les opérations de <strong>la</strong> banque Leu pour le compte de <strong>la</strong> Reichsbank ont <strong>la</strong>issé des traces dans <strong>la</strong> comptabilité de <strong>la</strong> BNS.<br />

Entre le 29 juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> le 10 août, le dépôt de <strong>la</strong> Reichsbank auprès de <strong>la</strong> BNS à Berne enregistre huit envois de <strong>la</strong> banque<br />

commerciale domiciliée à Zurich. Les entrées en dépôt portaient <strong>sur</strong> 62 lingots d’or d’une valeur totale de 3,8 millions<br />

de francs. Archives BNS, <strong>La</strong>gerbuchhaltung der Kunden-Golddepots 1939-1945, 4.3.1997.<br />

49<br />

Archives BNS, Gold-Transaktionen für eigene Rechnung 1939-1945, 4.3.1997; cf. à ce propos le graphique II du<br />

présent rapport.<br />

50<br />

Pour <strong>la</strong> crise politique de 1940 cf. Bonjour, Histoire de <strong>la</strong> neutralité suisse, volume IV, 1939–1945, p. 115–137; Jost<br />

1986, p. 803–804; Cheval<strong>la</strong>z 1997; Kreis 1973; Bucher 1979; Favez 1990.<br />

51<br />

Cf. Bourgeois 1974, p. 158–182.<br />

52<br />

Après avoir cité une déc<strong>la</strong>ration du Général Guisan affirmant «<strong>la</strong> volonté de défense absolue», Willi Gautschi écrit:<br />

«Pourtant, l’annonce simultanée de <strong>la</strong> démobilisation partielle semble contredire c<strong>et</strong>te déc<strong>la</strong>ration». «Partielle» est ici<br />

un euphémisme, car le gros de l’armée fut démobilisé à partir du 6 juill<strong>et</strong>. Deux tiers des soldats, soit 300 000<br />

hommes, rentrèrent dans leurs famil<strong>les</strong> <strong>et</strong> reprirent leur travail. Des 450 000 soldats, il n’en restait plus que 150 000.<br />

Les chiffres proviennent du rapport du chef de l’Etat-major de l’armée <strong>sur</strong> le service actif de 1939 à 1945, paru en<br />

annexe au rapport du Général Guisan. Les indications correspondantes sont aussi données par Gautschi 1989, p. 218.<br />

Les chiffres plus élevés, qui indiquent 800 000 mobilisés, incluent également <strong>les</strong> gardes loca<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> services<br />

complémentaires.

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