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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 88<br />

Chapitre 2<br />

apparaissait comme ach<strong>et</strong>euse. Au cours des seuls trois derniers mois de 1941, <strong>la</strong> Banque<br />

nationale ach<strong>et</strong>a de l’or à <strong>la</strong> Reichsbank pour une valeur totale de 126,5 millions de francs pour<br />

son propre compte. En 1942, ses achats d’or à <strong>la</strong> Reichsbank atteignirent une valeur totale de<br />

424 millions de francs, soit <strong>la</strong> valeur annuelle <strong>la</strong> plus élevée de toute <strong>la</strong> guerre (cf.<br />

graphique II). 95<br />

L’apogée des achats d’or<br />

Au cours de l’année 1942, <strong>les</strong> informations <strong>sur</strong> l’origine de l’or livré par <strong>la</strong> Reichsbank se<br />

confirmèrent. Il devint de plus en plus évident qu’une grande partie de c<strong>et</strong> or provenait non<br />

plus des réserves d’avant-guerre, mais des campagnes de pil<strong>la</strong>ge du III e Reich dans <strong>les</strong><br />

territoires occupés par l’Allemagne. Comme le précise ce chapitre, <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong><br />

BNS commença à considérer que ses soupçons pouvaient constituer un risque. Elle envisagea<br />

même <strong>la</strong> refonte de l’or qui lui paraissait d’origine suspecte. 96<br />

<strong>La</strong> position particulière de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> dans le commerce international de l’or de <strong>la</strong> Reichsbank<br />

présentait un risque pour <strong>la</strong> BNS. Elle constituait en revanche un avantage pour d’autres<br />

banques centra<strong>les</strong>. Elle leur offrait <strong>la</strong> possibilité d’éviter <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions d’affaires directes avec <strong>la</strong><br />

banque centrale du III e Reich. C’est ainsi que le Portugal put refuser toute livraison d’or<br />

directe de <strong>la</strong> Reichsbank jusqu’en été 1942. Les dirigeants de <strong>la</strong> BNS en apprirent <strong>la</strong> raison au<br />

plus tard en juin 1942. Il semb<strong>la</strong>it qu’une «pression ang<strong>la</strong>ise» s’exerçait <strong>sur</strong> <strong>les</strong> Portugais, <strong>et</strong><br />

que ceux-ci craignaient «qu’il s’agisse d’or dérobé dont l’utilisation pourrait être remise en<br />

question plus tard», écrivit en juin 1942, de Londres, un directeur de <strong>la</strong> BNS, Rudolf<br />

Pfenninger. 97 Quelques semaines plus tard ce<strong>pendant</strong>, le Portugal modifia sa politique<br />

monétaire envers l’Allemagne, sans aucun doute à <strong>la</strong> suite d’une visite de Treue, un directeur<br />

de <strong>la</strong> Reichsbank, à Lisbonne au début de l’été 1942. Ainsi que l’a montré Willi A. Boelcke, le<br />

Banco de Portugal se déc<strong>la</strong>ra alors disposé à compenser <strong>la</strong> d<strong>et</strong>te de l’Allemagne dans le<br />

commerce du wolfram par de l’or allemand qui devrait être livré à son dépôt auprès de <strong>la</strong> BNS<br />

à Berne. 98 «<strong>La</strong> Reichsbank cède désormais de l’or directement au Banco de Portugal, qui le<br />

reçoit à Berne <strong>sur</strong> un nouveau dépôt appelé ‹dépôt C›». 99<br />

95 Archives BNS, Gold-Transaktionen für eigene Rechnung 1939–1945, 4.3.1997.<br />

96 Cf. à ce suj<strong>et</strong> le paragraphe 2.4 du présent chapitre ainsi que Fior 1997, p. 51-58.<br />

97 Pfenninger avait participé aux négociations de l’accord économique entre <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> Grande-Br<strong>et</strong>agne. Rapport de<br />

Rudolf Pfenninger, directeur de <strong>la</strong> BNS, au directeur général Fritz Schnorf, Londres, 21.6.1942, DDS, volume 14, N°<br />

173, Annexe, p. 547 (citation originale en allemand).<br />

98 «Le Banco de Portugal s’est déc<strong>la</strong>ré disposé à compenser avec nous le réglement des soldes du commerce du wolfram<br />

avec de l’or. Un prix de base de Esc. 28 131 le kilogramme d’or fin serait facturé à <strong>la</strong> livraison du métal <strong>sur</strong> le compte<br />

C de <strong>la</strong> banque du Portugal auprès de <strong>la</strong> Banque nationale. […] Sur ordre de <strong>la</strong> banque du Portugal, <strong>la</strong> Banque<br />

nationale suisse envoie ensuite l’or à Lisbonne, où <strong>les</strong> frais devraient être remboursés en francs suisses à <strong>la</strong> charge de <strong>la</strong><br />

Reichsbank. <strong>La</strong> banque du Portugal est prête à réceptionner l’or à Lisbonne également, à payer le même prix de base de<br />

Esc 28 131.– le kilogramme d’or fin <strong>et</strong> à régler au cours inchangé de RM 10,15, soit Esc 9,852 (moyenne de 9,802 <strong>et</strong> de<br />

9,902) une contre-valeur de RM 2855,36.» Politisches Archiv des Auswärtigen Amtes Bonn, R 116815, Bericht des<br />

Herrn Reichsbankdirektor Treue in der Sitzung des Handelspolitischen Ausschusses am 26. Juni 1942 über seine Reise<br />

nach Portugal und Spanien; Boelcke 1976, p. 307–308 (citation originale en allemand).<br />

99 Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 23.7.1942, N° 506, p. 623 (citation originale en allemand).

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