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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 134<br />

Chapitre 2<br />

internationale unique du franc suisse, le Reich est en me<strong>sur</strong>e d’ach<strong>et</strong>er dans des pays tiers des<br />

matières premières importantes pour son économie de guerre, par exemple du tungstène en<br />

Espagne <strong>et</strong> au Portugal.» Il mentionne ensuite «<strong>la</strong> disposition de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> à poursuivre ses<br />

achats d’or au Reich allemand». 334 Selon Karl Clodius, Funk, le ministre de l’économie du<br />

Reich, déc<strong>la</strong>ra en juin 1943 qu’il «ne pourrait renoncer, même pas pour deux mois, à <strong>la</strong><br />

possibilité d’opérer des <strong>transactions</strong> en <strong>Suisse</strong> pour <strong>les</strong> devises». 335<br />

En résumé, on peut dire que <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong> BNS intégra a posteriori dans ses<br />

justifications des arguments qui correspondaient tout à fait à des rapports réels de cause à<br />

eff<strong>et</strong>. Ce<strong>la</strong> ne change toutefois rien au fait que ces constatations prirent une autre fonction dans<br />

le contexte des années d’après-guerre <strong>et</strong> de <strong>la</strong> critique alliée à l’égard de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>. Ils<br />

s’inscrivirent en partie dans une stratégie de disculpation.<br />

d) Coordination avec le gouvernement<br />

Les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> <strong>les</strong> autorités fédéra<strong>les</strong> <strong>pendant</strong> <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale<br />

forment un ensemble contradictoire. D’une part, el<strong>les</strong> se distinguent par une étroite<br />

col<strong>la</strong>boration. D’autre part, le Département fédéral des finances reprocha en mai 1946 à <strong>la</strong><br />

BNS d’avoir dissimulé au gouvernement des informations importantes <strong>sur</strong> <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> <strong>sur</strong><br />

l’or avec <strong>la</strong> Reichsbank, ce qui aurait eu des répercussions négatives <strong>sur</strong> le déroulement des<br />

négociations de Washington. 336 Même si, à l’extérieur, le Conseil fédéral couvrait <strong>la</strong> BNS, on<br />

par<strong>la</strong>it ouvertement au Conseil de banque de <strong>la</strong> nécessité de rétablir «<strong>la</strong> confiance<br />

indispensable» entre <strong>les</strong> autorités suprêmes du pays <strong>et</strong> l’institut d’émission. 337 Le Conseil<br />

fédéral exprima par ailleurs c<strong>la</strong>irement qu’il se refusait à répondre d’un éventuel dommage<br />

dont l’institut d’émission pourrait avoir à souffrir par suite de ses achats d’or. <strong>La</strong> BNS rej<strong>et</strong>a <strong>la</strong><br />

critique en faisant remarquer que le Département des finances avait été informé des<br />

<strong>transactions</strong> avec l’Allemagne bien avant <strong>les</strong> avertissements des Alliés d’octobre 1943. Le chef<br />

de département de l’époque, le Conseiller fédéral Ernst W<strong>et</strong>ter, se serait toutefois «toujours<br />

bien gardé de donner <strong>la</strong> moindre instruction à <strong>la</strong> BNS». 338<br />

Ces tensions s’expliquent d’abord par le statut de <strong>la</strong> BNS. C<strong>et</strong>te banque avait été créée comme<br />

institut monétaire indé<strong>pendant</strong>. Elle considérait <strong>la</strong> défense du franc suisse comme sa mission<br />

prioritaire pour <strong>la</strong>quelle elle devait s’engager, même au prix d’une opposition «à son propre<br />

334<br />

Ce document a été publié <strong>et</strong> commenté pour <strong>la</strong> première fois par Bourgeois 1982, in: RSH, p. 569 (citation originale en<br />

allemand).<br />

335<br />

Akten zur deutschen auswärtigen Politik 1918-1945, volume VII, p. 130 sqq. (citation originale en allemand); cf. Favez<br />

1970, p. 173; Bourgeois 1974, p. 182–183, 368.<br />

336<br />

Malgré plusieurs demandes, <strong>la</strong> BNS ne soumit au DFFD une présentation à peu près complète de ses <strong>transactions</strong> avec<br />

l’Allemagne qu’après <strong>la</strong> conclusion des négociations de Washington. Ernst W<strong>et</strong>ter, chef du DFFD jusqu’en 1943,<br />

s’exprima aussi <strong>sur</strong> ce point après <strong>la</strong> guerre: «<strong>La</strong> Banque nationale n’a pas informé régulièrement le Département des<br />

finances des envois d’or de <strong>la</strong> Reichsbank, mais uniquement mentionné en passant, au cours d’entr<strong>et</strong>iens, que ces<br />

envois d’or se poursuivaient.» L’ancien Conseiller fédéral W<strong>et</strong>ter au Conseiller fédéral Nobs, 10.5.1946, AFB E 6100<br />

(A) 25, volume 2326 (citation originale en allemand).<br />

337<br />

Cité d’après Vogler 1997b, p. 11 (citation originale en allemand).<br />

338<br />

Archives BNS, Procès-verbal du Comité de banque, 14 mai 1946, p. 136 (citation originale en allemand).

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