07.01.2013 Views

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 90<br />

Chapitre 2<br />

<strong>sur</strong> <strong>les</strong> pièces d’or notamment, entraînèrent une <strong>sur</strong>chauffe du marché. C<strong>et</strong>te évolution inquiéta<br />

beaucoup <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS, car une forte hausse des prix pouvait rem<strong>et</strong>tre en question,<br />

à <strong>la</strong> longue, <strong>la</strong> parité-or du franc. Walter Stampfli, chef du Département fédéral de l’économie<br />

publique, confirma à <strong>la</strong> direction générale «que <strong>les</strong> prix élevés des pièces d’or risquaient malgré<br />

tout de saper <strong>la</strong> monnaie». 103 Dans un premier temps, <strong>la</strong> direction générale tenta d’enrayer <strong>la</strong><br />

montée des prix en vendant des pièces. Mais <strong>la</strong> situation échappa à son contrôle. <strong>La</strong> demande<br />

excédentaire massive était due moins à <strong>la</strong> thésaurisation en <strong>Suisse</strong> qu’au commerce<br />

transfrontalier. <strong>La</strong> BNS reçut <strong>sur</strong> ce point des informations plus précises lorsqu’elle mena, au<br />

milieu de l’année 1942, une enquête auprès de quatre établissements bancaires participant à ce<br />

commerce. Leurs réponses permirent de conclure qu’une grande partie des pièces d’or<br />

acquises en <strong>Suisse</strong> à un prix anormalement élevé étaient détenues par des clients français qui en<br />

confiaient <strong>la</strong> gestion aux banques en <strong>Suisse</strong> ou <strong>les</strong> transféraient à l’étranger. 104<br />

<strong>La</strong> BNS se vit contrainte d’agir. En raison de ses ventes répétées au marché, ses propres<br />

réserves de pièces d’or suisses diminuaient de façon inquiétante, <strong>et</strong> on ne vou<strong>la</strong>it pas procéder<br />

à une nouvelle frappe. Au début d’août 1942, <strong>la</strong> direction générale interrompit provisoirement<br />

<strong>la</strong> vente d’or en <strong>Suisse</strong> – sauf à l’industrie – <strong>et</strong> prit contact avec <strong>les</strong> banques. 105 Dans son<br />

commentaire <strong>sur</strong> <strong>les</strong> événements intervenus <strong>sur</strong> le marché de l’or, <strong>la</strong> BNS regr<strong>et</strong>ta <strong>la</strong> diminution<br />

de ses réserves d’or:<br />

«<strong>La</strong> Banque nationale ne peut plus continuer à m<strong>et</strong>tre à disposition de l’or à des fins de<br />

thésaurisation ou d’arbitrage <strong>et</strong> courir ainsi le risque, dans quelque temps, de ne plus pouvoir<br />

disposer des stocks d’or nécessaires au paiement de nos importations vita<strong>les</strong>.» 106<br />

Les banques se déc<strong>la</strong>rèrent disposées, dans le cadre d’un gentlemen's agreement, à ne plus<br />

négocier <strong>les</strong> lingots au-dessus du prix p<strong>la</strong>fond de 4970 francs le kilogramme d’or fin. <strong>La</strong><br />

circu<strong>la</strong>ire distribuée par l’Association suisse des banquiers contenait en outre des directives<br />

enjoignant <strong>les</strong> banques à renoncer aux exportations de pièces d’or suisses <strong>et</strong> à s’abstenir de <strong>les</strong><br />

soutenir indirectement. Le commerce de pièces étrangères n’était pas interdit, mais<br />

l’Association déc<strong>la</strong>ra qu’il était «souhaitable de s’abstenir autant que possible d’exporter ces<br />

pièces d’or». 107 Les me<strong>sur</strong>es prises n’eurent pas l’eff<strong>et</strong> escompté. Au lieu de cesser<br />

l’exportation en général, <strong>les</strong> banques vendirent d’autant plus de pièces étrangères, causant une<br />

brusque hausse des cours du «vreneli» suisse. 108 Il apparut bientôt qu’il faudrait intervenir plus<br />

énergiquement. 109 Dès le mois d’août, <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong> BNS commença à envisager<br />

103<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 27.8.1942, N° 624, p. 775 (citation originale en allemand).<br />

104<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 9.7.1942, N° 484, p. 601–602. Pour plus de détails, cf.<br />

Fior 1997, p. 34-35. On trouve des informations précieuses à ce suj<strong>et</strong> dans le procès-verbal du débat du 5.8.1942 entre<br />

<strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> <strong>les</strong> représentants des banques <strong>sur</strong> le commerce d’or, reproduit in: DDS, volume 14. N° 229, Annexe 1, p.<br />

743–748. Cf. à ce suj<strong>et</strong> <strong>les</strong> commentaires suivants.<br />

105<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 23.7.1942, N° 527, p. 649–650.<br />

106<br />

Le procès-verbal du débat du 5.8.1942 entre <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> <strong>les</strong> représentants des banques est reproduit in: DDS, volume 14,<br />

N° 229, Annexe I, p. 743–748, particulièrement p. 745 (citation originale en allemand).<br />

107<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 13.8.1942, N° 564, p. 686–688 (citation originale en allemand).<br />

108<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, N° 569, p. 695.<br />

109<br />

«Il est évident que nous sommes coupés du reste du monde. L’or que nous possédons en <strong>Suisse</strong> a, parce que nous en

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!