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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 121<br />

Chapitre 2<br />

demandaient effectivement <strong>les</strong> créanciers, <strong>et</strong> en particulier certaines grandes banques, 269 c’était<br />

que l’on <strong>la</strong>isse l’Etat allemand renaître provisoirement, le temps qu’il satisfasse leurs exigences<br />

financières! Kohli s’opposa à c<strong>et</strong>te revendication en soulignant qu’il ne fal<strong>la</strong>it pas considérer<br />

l’accord Puhl comme une liquidation des fonds de <strong>la</strong> Reichsbank déposés en <strong>Suisse</strong>, qui<br />

s’élevaient à 30 millions de francs environ – Puhl avait déc<strong>la</strong>ré que «<strong>les</strong> avoirs de <strong>la</strong> Reichsbank<br />

ne sont pas un gibier que <strong>les</strong> autorités suisses peuvent dépecer à leur convenance» –, mais qu’il<br />

traduisait simplement <strong>la</strong> disposition de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> à lever le blocage des avoirs pour perm<strong>et</strong>tre à<br />

<strong>la</strong> Reichsbank d’effectuer certains paiements précis. 270<br />

Très vite, <strong>la</strong> Banque nationale fut elle aussi forcée de constater que l’accord conclu avec <strong>la</strong><br />

Reichsbank «ne fonctionne pas vraiment. Déjà, l’achat d’or suscite des inquiétudes, <strong>et</strong><br />

d’aucuns pensent que <strong>la</strong> Banque nationale aurait accepté de trop grandes quantités d’or de <strong>la</strong><br />

Reichsbank». 271 Contrairement aux intentions de <strong>la</strong> BNS, le compte de virement II, <strong>sur</strong> lequel<br />

avait été comptabilisés <strong>les</strong> 15,6 millions de francs reçus en paiement de l’or, demeura intact<br />

jusqu’à <strong>la</strong> mi-novembre 1946. <strong>La</strong> réaction des Alliés avait été rapide <strong>et</strong> énergique, <strong>et</strong> le Conseil<br />

fédéral, pour des considérations d’ordre politique, refusa toutes <strong>les</strong> demandes de paiement. 272<br />

Selon <strong>les</strong> Alliés, il n’y avait eu aucune raison de procéder à ce transfert d’or, pas même pour<br />

<strong>les</strong> besoins diplomatiques <strong>et</strong> humanitaires invoqués, pour <strong>les</strong>quels <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> aurait pu utiliser <strong>les</strong><br />

avoirs bloqués de <strong>la</strong> Reichsbank auprès de <strong>la</strong> Banque nationale – <strong>et</strong> dont le DPF avait dans un<br />

premier temps tenté de dissimuler l’existence aux Américains. 273 Du côté suisse, on avait<br />

l’intention, comme indiqué plus haut, d’utiliser ces 26 millions de francs pour amortir <strong>les</strong> d<strong>et</strong>tes<br />

de débiteurs allemands envers des créanciers suisses. 274<br />

269<br />

L’exemple des créanciers intéressés aux accords de prorogation (Stillhaltegläubiger) est ici particulièrement instructif.<br />

Lorsqu’il apparut que, pour des raisons techniques, <strong>les</strong> ordres de paiements de <strong>la</strong> Reichsbank n’arrivaient plus en<br />

<strong>Suisse</strong>, trois représentants de <strong>la</strong> Banque Leu, de <strong>la</strong> Banque commerciale de Bâle <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Banque fédérale conclurent le<br />

3 mai 1945 avec le directeur de <strong>la</strong> Reichsbank, Bodo von Wedel, <strong>et</strong> le délégué de <strong>la</strong> Reichsbank Hinz, qui séjournaient<br />

à l’époque à Samedan, une convention supplémentaire qui perm<strong>et</strong>tait une solution globale sans versement préa<strong>la</strong>ble de<br />

Reichsmark en Allemagne. Un tel versement forfaitaire, il est vrai déjà demandé par <strong>les</strong> compagnies d’as<strong>sur</strong>ance<br />

suisses intéressées aux échanges avec l’Allemagne, <strong>et</strong> que Puhl avait c<strong>la</strong>irement rej<strong>et</strong>é (cf. à ce suj<strong>et</strong> le chapitre 5 du<br />

présent rapport), était en contradiction f<strong>la</strong>grante avec le contenu de l’accord Puhl du 11 avril 1945. De plus il ne tenait<br />

aucun compte du fait «que <strong>les</strong> débiteurs allemands auraient pu ainsi […] continuer à honorer leurs anciens engagements<br />

envers l’étranger sans que <strong>la</strong> force d’occupation le sache ou y participe», <strong>et</strong> que des sommes considérab<strong>les</strong> auraient<br />

ainsi échappé au blocage des avoirs. AFB E 2001 (E) 2, volume 576, Notice de dossier «Versement d’intérêts<br />

moratoires», 17.5.1945 (citation originale en allemand), ainsi que ibid., l<strong>et</strong>tre du 23.5.1945 de <strong>la</strong> délégation des<br />

banques à <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> Notice «Versement des intérêts moratoires d’Allemagne», 26.10.1945.<br />

270 e<br />

Archives ASB, volume 203, F17, Procès-verbal de <strong>la</strong> 59 séance du 26.6.1945 du Comité Allemagne de l’Association<br />

suisse des banquiers, p. 13 s. (citation originale en allemand).<br />

271<br />

Archives BNS B3/105.7, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 3/4 mai 1945, N° 540 (citation originale en allemand).<br />

272<br />

A <strong>la</strong> mi-juill<strong>et</strong> 1946, <strong>les</strong> délégations alliées à Washington autorisèrent le paiement d’une première tranche de 5 millions<br />

de francs au «fonds de roulement de <strong>la</strong> représentation des intérêts allemands en <strong>Suisse</strong>». AFB E 2801 1968/84, volume<br />

108, L<strong>et</strong>tre du 22.7.1946 d’Emile Fontanel à Daniel John Reagan.<br />

273<br />

Archives BNS B3/117.8 II, l<strong>et</strong>tre du 12.4.1945 de <strong>la</strong> section du contentieux <strong>et</strong> des intérêts privés à l’étranger (Kohli) à<br />

<strong>la</strong> BNS.<br />

274<br />

AFB E 2001 (E) 2, volume 560, L<strong>et</strong>tre du 9.5.1945 de <strong>la</strong> section du contentieux <strong>et</strong> des intérêts privés à l’étranger du<br />

DPF aux légations de <strong>Suisse</strong> à Londres, Washington <strong>et</strong> Paris. Cf. également Archives BNS B3/117.8 II, L<strong>et</strong>tre du<br />

4.5.1945 de <strong>la</strong> Section du Contentieux <strong>et</strong> des Intérêts privés à l’étranger (Kohli) à <strong>la</strong> BNS: «C’eût été, d’ailleurs,<br />

beaucoup demander de notre part que d’affecter aux dépenses du Gouvernement allemand en <strong>Suisse</strong> des sommes qui y<br />

étaient déposées en vue d’as<strong>sur</strong>er le service d’intérêts financiers exclusivement suisses.» (Citation originale en<br />

français)

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