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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 84<br />

Chapitre 2<br />

des pièces, <strong>la</strong> BNS cessa temporairement ses ventes aux banques commercia<strong>les</strong> en août 1942.<br />

Les ventes <strong>sur</strong> le marché devaient reprendre au début de 1943, dans d’autres conditions. 82<br />

<strong>La</strong> demande croissante d’or <strong>sur</strong> le marché intérieur n’était toutefois qu’un des facteurs du recul<br />

inquiétant des réserves suisses tel qu’il s’esquissa en automne 1941 (cf. graphique III:<br />

répartition des stocks d’or). Ces interventions <strong>sur</strong> le marché ne constituent toutefois pas le<br />

motif déterminant des achats accrus d’or à l’Allemagne, qui débutèrent au cours des mois<br />

suivants. C’était le commerce d’escudos des banques commercia<strong>les</strong> suisses avec <strong>la</strong> Reichsbank<br />

qui – comme <strong>les</strong> autorités américaines l’avaient justement remarqué – avait provoqué le fort<br />

accroissement du besoin d’or de <strong>la</strong> Banque nationale.<br />

En simplifiant, voici comment se présente le commerce des escudos: <strong>les</strong> importations de<br />

wolfram <strong>et</strong> d’autres biens portugais vers l’Allemagne entraînaient un besoin de paiement en<br />

r<strong>et</strong>our. Les moyens de paiement possib<strong>les</strong> étaient le franc suisse, mais <strong>sur</strong>tout l’escudo, que <strong>la</strong><br />

Reichsbank se procurait de préférence auprès des banques commercia<strong>les</strong> suisses contre de l’or.<br />

Le métal jaune livré par <strong>la</strong> Reichsbank aux banques suisses était thésaurisé dans le pays ou en<br />

ressortait par divers canaux, notamment vers <strong>la</strong> France. Les banques commercia<strong>les</strong> devaient<br />

ach<strong>et</strong>er au Portugal, contre des francs suisses, <strong>les</strong> escudos que <strong>la</strong> Reichsbank leur demandait.<br />

De sorte qu’une quantité de francs s’accumu<strong>la</strong> à <strong>la</strong> banque centrale portugaise, conduisant<br />

c<strong>et</strong>te dernière à s’adresser finalement à <strong>la</strong> BNS pour <strong>les</strong> changer contre de l’or. 83 Schnorf,<br />

directeur général de <strong>la</strong> BNS, proposa à ses collègues en août 1941: 84<br />

«Il est temps de faire savoir à <strong>la</strong> Reichsbank à <strong>la</strong> prochaine occasion que ces <strong>transactions</strong> ne<br />

nous servent plus à rien aujourd’hui, puisque nous ne pouvons pas disposer librement de nos<br />

réserves à New York. Nous nous m<strong>et</strong>trons à <strong>la</strong> disposition de <strong>la</strong> Reichsbank pour lui livrer des<br />

escudos <strong>et</strong> nous <strong>les</strong> lui vendrons même n<strong>et</strong>tement moins cher contre de l’or à Berne, à <strong>la</strong><br />

condition que, de son côté, elle s’engage à payer <strong>les</strong> frais de transport de ces lingots à<br />

Lisbonne.» 85<br />

82 Fior 1997, p. 37. Au suj<strong>et</strong> de l’introduction du contrôle <strong>sur</strong> le commerce d’or en décembre 1942, cf. infra.<br />

83 Cf. également, pour c<strong>et</strong>te présentation quelque peu schématique, <strong>les</strong> explications rétrospectives de <strong>la</strong> BNS dans son<br />

rapport <strong>sur</strong> le commerce d’or avec <strong>la</strong> Reichsbank, 16.5.1946, in: DDS, volume 15, N° 446, p. 1127f.; cf. également<br />

Fior 1997, p. 32.<br />

84 Voici <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que tournante des escudos que donne Schnorf le 7 août 1941: «Hier, le Banco de Portugal<br />

a de nouveau r<strong>et</strong>iré 2000 kg d’or chez nous. C’est en partie <strong>la</strong> contre-valeur des escudos vendus par <strong>les</strong> banques<br />

commercia<strong>les</strong> suisses à <strong>la</strong> Reichsbank. <strong>La</strong> Reichsbank paie en lingots d’or – son avoir chez nous a reculé au modeste<br />

montant de 1,5 million –, qu’elle envoie aux banques privées. Ces dernières en font des lingots d’un kilo ou <strong>les</strong><br />

utilisent pour d’autres banques centra<strong>les</strong> qui, à leur tour, vendent des pièces en <strong>Suisse</strong> avec un important agio <strong>et</strong> un fort<br />

bénéfice pour <strong>les</strong> intermédiaires suisses. L’or est donc thésaurisé. D’autre part, nous devons livrer l’or pour payer <strong>les</strong><br />

escudos ach<strong>et</strong>és par nos banques au Portugal.» Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 7.8.1941, N° 573,<br />

p. 689 (citation originale en allemand). Le même mois, Schnorf constatait au vu des événements du marché: «Les prix,<br />

ceux des lingots mais <strong>sur</strong>tout ceux des pièces d’or, ont continué de monter. On dit que <strong>les</strong> ach<strong>et</strong>eurs sont uniquement<br />

des Français. […] <strong>La</strong> Reichsbank envoie continuellement d’importantes quantités de lingots d’or aux banques suisses.<br />

Le prix actuel est d’environ fr. 4970.– le kilogramme d’or fin. D’autre part, elle achète des escudos auprès des banques<br />

suisses qui, à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, se fournissent directement à Lisbonne.» Archives BNS, procès-verbal du Comité de banque,<br />

21.8.1941, p. 474 (citation originale en allemand). Si à l’époque, <strong>la</strong> Reichsbank préféra vendre aux banques<br />

commercia<strong>les</strong>, c’est probablement parce qu’el<strong>les</strong> payaient le prix mentionné de 4970 francs le kgf, soit n<strong>et</strong>tement plus<br />

que le prix d’achat officiel de <strong>la</strong> BNS, qui était de fr. 4869.80 le kgf. Cf. également l<strong>et</strong>tre de Schnorf à Roth, 22.7.1941,<br />

in: DDS, volume 14, N° 81, p. 246–248.<br />

85 «L’autre question est de savoir», poursuit Schnorf «si le commerce d’or, qui porte des fruits gâtés, doit se poursuivre<br />

ainsi. Aujourd’hui, ce sont pour <strong>la</strong> plupart des affaires de contrebande.» Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction<br />

générale, 7.8.1941, p. 689–690 (citation originale en allemand). Par affaires de contrebande, Schnorf entendait très

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