07.01.2013 Views

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 146<br />

Chapitre 3<br />

américain restèrent vains; d’autant plus que <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es de contrôle furent encore renforcées<br />

par <strong>la</strong> suite.<br />

Le blocage des importantes encaisses de devises <strong>et</strong> d’or de <strong>la</strong> BNS n’empêcha pourtant pas <strong>les</strong><br />

opérations financières entre <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> Etats-Unis de se développer rapidement. <strong>La</strong> BNS<br />

fut confrontée à une offre croissante de dol<strong>la</strong>rs; <strong>la</strong> création de monnaie qui en décou<strong>la</strong> fut<br />

considérée comme un problème. C<strong>et</strong>te évolution était due au gonflement des réserves<br />

monétaires bloquées aux Etats-Unis, à <strong>la</strong> liquéfaction du marché monétaire, à <strong>la</strong> pression <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> taux d’intérêt <strong>et</strong> à l’augmentation des prix. Bien que certains dirigeants de <strong>la</strong> BNS ne<br />

crussent pas à une re<strong>la</strong>tion étroite entre l’augmentation de <strong>la</strong> masse monétaire <strong>et</strong> <strong>la</strong> hausse des<br />

prix, <strong>les</strong> autorités tant monétaires que politiques jugeaient qu’une politique monétaire orientée<br />

<strong>sur</strong> <strong>les</strong> seuls besoins des échanges extérieurs pourrait comprom<strong>et</strong>tre d’importants objectifs de<br />

l’économie de guerre en <strong>Suisse</strong>. 20 <strong>La</strong> BNS réorienta donc sa politique monétaire. Elle maintint<br />

le cours du dol<strong>la</strong>r d’avant-guerre, soit fr. 4.30; mais elle n’accepta plus tous <strong>les</strong> dol<strong>la</strong>rs qui<br />

affluaient. Il s’en suivit un excédent de dol<strong>la</strong>rs; <strong>et</strong> l’on vit apparaître, <strong>sur</strong>tout à New York, un<br />

marché libre des devises. Comme le cours de <strong>la</strong> monnaie américaine tendait à baisser, ce<br />

marché ressemb<strong>la</strong> à un marché noir, qui enregistrait des baisses accentuées. C<strong>et</strong>te situation fit<br />

problème, notamment pour le commerce extérieur; car <strong>les</strong> exportateurs avaient tendance à<br />

céder leurs rec<strong>et</strong>tes en dol<strong>la</strong>rs à <strong>la</strong> BNS au cours officiel, alors que <strong>les</strong> importateurs préféraient<br />

tirer profit de <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se du dol<strong>la</strong>r <strong>sur</strong> le marché parallèle.<br />

<strong>La</strong> principale contre-me<strong>sur</strong>e fut <strong>la</strong> réglementation <strong>sur</strong> le dol<strong>la</strong>r instaurée le 24 septembre 1941<br />

par un gentlemens’ agreement entre <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> l’Association suisse des banquiers, qui<br />

représentait <strong>les</strong> banques commercia<strong>les</strong>. 21 Appelé «convention X», c<strong>et</strong> accord distinguait deux<br />

catégories de dol<strong>la</strong>rs: le «dol<strong>la</strong>r commercial» 22 <strong>et</strong> le «dol<strong>la</strong>r financier». Les «dol<strong>la</strong>rs<br />

commerciaux» tenaient leur nom des soldes en dol<strong>la</strong>rs résultant des exportations. Dès mai<br />

1940, <strong>la</strong> BNS, en accord avec <strong>les</strong> autorités fédéra<strong>les</strong>, avait invité <strong>les</strong> banques à ne plus vendre<br />

de devises que pour <strong>les</strong> besoins du commerce extérieur <strong>et</strong> pour payer des services. Le<br />

gentlemens’ agreement sanctionna c<strong>et</strong>te politique par un accord informel, un procédé courant<br />

dans le système politique suisse. 23 Sur le p<strong>la</strong>n comptable, <strong>la</strong> BNS escomptait un équilibre entre<br />

l’offre de dol<strong>la</strong>rs d’exportation <strong>et</strong> <strong>la</strong> demande de dol<strong>la</strong>rs d’importation. 24 De c<strong>et</strong>te manière, son<br />

engagement résultant du règlement des soldes aurait été maintenu dans des limites plus<br />

20 Pahud 1950; Feisst 1950.<br />

21 Cf. à ce suj<strong>et</strong> Halbeisen 1998.<br />

22 Egalement appelés «dol<strong>la</strong>rs d’exportation».<br />

23 Banque nationale suisse 1957, p. 240.<br />

24 Selon <strong>la</strong> statistique annuelle officielle, le rapport importations/exportations de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> avec <strong>les</strong> Etats-Unis était<br />

toutefois en 1942 de 235,245 millions de francs pour 102,233 millions; en 1943, 56,412 millions pour 152,803 millions<br />

<strong>et</strong> en 1944 de 21,184 millions pour 140,824 millions. Société de Banque <strong>Suisse</strong> 1945, p. 72 s. Aux exportations<br />

régulières de marchandises s’ajoutèrent à partir de l’hiver 1944/45 <strong>les</strong> achats de marchandises (<strong>sur</strong>tout de<br />

médicaments) des troupes alliées combattant à proximité de <strong>la</strong> frontière suisse; cf. c<strong>la</strong>sseur «Vente de francs au<br />

gouvernement américain <strong>et</strong> transfert de dol<strong>la</strong>rs, 1944–45», AFB E 7110 1973/135, volume 31; cf. également DDS,<br />

volume 15, p. 930.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!