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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 165 Chapitre 4<br />

contrôle du négoce en <strong>Suisse</strong>, on se demanda au CS si le commerce de l’or à l’étranger,<br />

notamment en Argentine, était concerné par <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e. Le service juridique du siège central à<br />

Zurich parvint à une conclusion négative. L’arrêté de décembre 1942 de l’Office fédéral du<br />

contrôle des prix indiquait, selon ce service, «que le prix maximum ne se réfère qu’à l’or<br />

déposé en <strong>Suisse</strong>, ainsi qu’à l’or destiné à être importé ou exporté». 33 On s’était également<br />

entr<strong>et</strong>enu à ce propos avec le vice-président de <strong>la</strong> BNS Paul Rossy, qui jugea que <strong>les</strong><br />

<strong>transactions</strong> <strong>sur</strong> l’or déposé à l’étranger n’étaient pas soumises à l’obligation de déc<strong>la</strong>ration. 34<br />

Le commerce de l’or pratiqué hors des frontières échappait aux réglementations fédéra<strong>les</strong>. Ce<strong>la</strong><br />

va<strong>la</strong>it également pour <strong>la</strong> fixation des prix. Dans son expertise interne, le service juridique du<br />

Crédit <strong>Suisse</strong> considéra que le cours auquel c<strong>et</strong>te banque échangeait son or contre des pesos en<br />

Argentine pouvait être supérieur au prix maximum défini en <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> qu’en outre il était<br />

indifférent que le vendeur ou l’ach<strong>et</strong>eur fût domicilié à l’étranger ou en <strong>Suisse</strong>. 35<br />

<strong>La</strong> BNS n’avait pas d’objection contre <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> d’or internationa<strong>les</strong> des banques tant<br />

qu’el<strong>les</strong> se dérou<strong>la</strong>ient hors du territoire helvétique. Dans l’optique de <strong>la</strong> politique monétaire,<br />

rien, en eff<strong>et</strong>, ne s’opposait à ces opérations qui n’avaient aucune répercussion <strong>sur</strong> <strong>la</strong> stabilité<br />

du franc suisse. En même temps, el<strong>les</strong> ouvraient aux banques commercia<strong>les</strong> d’intéressantes<br />

possibilités de gains. Paul Rossy partageait tout à fait l’avis des banques à ce suj<strong>et</strong>, comme le<br />

montre une note personnelle de Maurice Go<strong>la</strong>y. 36 Le 16 mars 1944, ce dernier rendit visite au<br />

Chef du 2 e Département de <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> lui exposa un proj<strong>et</strong> de transaction <strong>sur</strong> or avec <strong>la</strong><br />

Deutsche Orientbank 37 à Istanbul. Il lui rapporta que l’Orientbank s’était adressée à <strong>la</strong> SBS,<br />

dans l’idée de pratiquer avec elle le commerce du métal jaune pour un compte joint en Turquie.<br />

Il s’enquit d’éventuel<strong>les</strong> objections juridiques de <strong>la</strong> part de <strong>la</strong> BNS: 38<br />

«Je demande à Monsieur Rossy s’il estime qu’une transaction comme ce<strong>la</strong> serait contraire à <strong>la</strong><br />

loi <strong>sur</strong> le commerce des banques. Personnellement j’envisage que <strong>la</strong> transaction serait<br />

parfaitement correcte, puisque nous vendrions au prix officiel au compte joint <strong>et</strong> que <strong>les</strong><br />

opérations subséquentes se feraient entièrement à l’étranger. Après avoir réfléchi un très court<br />

instant Monsieur Rossy me déc<strong>la</strong>re qu’il est tout à fait de mon avis <strong>et</strong> que nous pouvons traiter<br />

ces opérations sans arrière-pensée.»<br />

L’alliance de <strong>la</strong> SBS <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Deutsche Orientbank dans c<strong>et</strong>te affaire ne suscita aucune critique.<br />

l’importance d’un trafic des paiements normal avec l’Argentine, le Crédit <strong>Suisse</strong> a tout mis en œuvre ces dernières<br />

années pour le faciliter <strong>et</strong>, à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, il a géré depuis 1942, un dépôt à Buenos Aires qui atteint 27 millions de francs<br />

d’or.» (Citation originale en allemand) Note du directeur général du CS Grandjean au Conseiller fédéral Nobs re<strong>la</strong>tive<br />

aux difficultés actuel<strong>les</strong> dans le cadre du trafic des paiements helvéto-argentins, 20.6.1945, AFB E 6100 (A) 1972/96,<br />

volume 35.<br />

33<br />

Archives centra<strong>les</strong> CSG, Note du 12.3.1943 du Service juridique du Crédit <strong>Suisse</strong> (citation originale en allemand).<br />

34<br />

Ibid.<br />

35<br />

Ibid.<br />

36<br />

Au suj<strong>et</strong> de Maurice Go<strong>la</strong>y, cf. annexe 1, Notices biographiques, du présent rapport.<br />

37<br />

<strong>La</strong> Deutsche Orientbank, dont le siège était à Berlin, fut fondée en 1905 avec une participation déterminante de <strong>la</strong><br />

Dresdner Bank. Elle ouvrit une succursale à Istanbul en 1924, une autre à Izmir en 1925, <strong>et</strong> deux en 1926 au Caire <strong>et</strong> à<br />

Alexandrie. Elle fusionna en 1933 avec <strong>la</strong> Dresdner Bank, qui maintint <strong>les</strong> succursa<strong>les</strong> de l’étranger jusqu’à leur<br />

liquidation après <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale. Dresdner Bank 1972, p. 282.<br />

38<br />

Archives historiques SBS, Dossiers personnels Go<strong>la</strong>y, Note du 18 mars 1944 «Commerce de l’or, Visite à Monsieur<br />

Rossy du 16 mars 1944» (citation originale en français).

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