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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 167 Chapitre 4<br />

faits sont déjà connus: 46 au printemps <strong>et</strong> en été 1943, <strong>la</strong> Banque nationale autorisa à plusieurs<br />

reprises des livraisons au CS de p<strong>et</strong>ites quantités d’or provenant d’Allemagne, mais<br />

problématiques à plusieurs titres. Par <strong>la</strong> suite, <strong>la</strong> BNS devint de plus en plus restrictive. Ainsi,<br />

<strong>la</strong> direction générale n’accepta <strong>la</strong> requête du CS demandant le 7 mai 1943 l’autorisation<br />

d’importer 4 000 napoléons <strong>et</strong> 5 000 pièces d’or néer<strong>la</strong>ndaises qu’à <strong>la</strong> condition expresse que<br />

l’or importé soit «quelque peu <strong>sur</strong>veillé» dans le dépôt du Crédit <strong>Suisse</strong>. 47 En septembre 1943,<br />

<strong>la</strong> direction générale refusa provisoirement son accord à une livraison analogue venant<br />

d’Allemagne <strong>et</strong> destinée au dépôt en <strong>Suisse</strong> de <strong>la</strong> succursale turque de <strong>la</strong> Deutsche Bank.<br />

Apparemment, <strong>la</strong> BNS craignait que ces pièces françaises <strong>et</strong> néer<strong>la</strong>ndaises ne soient vendues en<br />

<strong>Suisse</strong>, ce qui aurait posé un problème politique. En eff<strong>et</strong>, on savait déjà à l’époque que <strong>les</strong><br />

pièces en question avaient été très probablement volées ou confisquées par des «commandos<br />

pour <strong>la</strong> protection des devises allemandes» (Devisenschutzkommando) allemands dans <strong>les</strong><br />

territoires occupés. 48 De même, <strong>la</strong> cliente du CS pour le compte de qui <strong>la</strong> transaction devait<br />

être effectuée, à savoir <strong>la</strong> succursale de <strong>la</strong> Deutsche Bank à Istanbul, était tout aussi suspecte.<br />

Son directeur, Hans Weidtmann, s’était déjà fait remarquer en <strong>Suisse</strong> par des «<strong>transactions</strong><br />

d’or indésirab<strong>les</strong>», <strong>et</strong> <strong>la</strong> BNS avait déconseillé en avril 1943 à <strong>la</strong> police fédérale des étrangers<br />

de lui accorder un nouveau visa d’entrée en <strong>Suisse</strong>. 49<br />

Comme il a été indiqué plus haut, Maurice Go<strong>la</strong>y, président de <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong> SBS,<br />

parvint encore en mars 1944 à obtenir l’approbation par <strong>la</strong> BNS de <strong>transactions</strong> communes<br />

avec <strong>la</strong> Deutsche Orientbank à Istanbul. Apparemment, il fut encore longtemps possible, audelà<br />

de l’été 1943, de continuer à opérer des <strong>transactions</strong> avec des banques allemandes en<br />

dehors du territoire suisse. Quel jugement porter <strong>sur</strong> ces faits? Les sources analysées ne<br />

perm<strong>et</strong>tent de relever de <strong>la</strong> part des banques commercia<strong>les</strong> suisses ni réflexion d’ordre moral,<br />

ni précaution pour raisons politiques. Que <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> aient eu lieu au su de <strong>la</strong> BNS ne<br />

peut constituer une justification satisfaisante. <strong>La</strong> question se pose donc de savoir ce qui a incité<br />

<strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> des banques suisses à poursuivre un tel commerce, <strong>sur</strong>tout à partir de l’été<br />

1943, alors qu’il ne s’agissait plus que de quantités re<strong>la</strong>tivement mineures, mais que l’origine<br />

de l’or était manifestement problématique.<br />

A partir de 1942, <strong>la</strong> BNS se réserva <strong>la</strong> grande partie des livraisons directes d’or de <strong>la</strong><br />

Reichsbank à <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>. Toutefois, <strong>les</strong> banques commercia<strong>les</strong> gardaient <strong>la</strong> possibilité, dans une<br />

me<strong>sur</strong>e restreinte, d’accepter de l’or en provenance de Berlin, même si ce n’était pas<br />

directement de <strong>la</strong> Reichsbank. A c<strong>et</strong> égard, le cas du dépôt d’or de <strong>la</strong> Banque nationale de<br />

46<br />

Balzli 1997a, p. 162–164; Fior 1997, p. 82–83.<br />

47<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 7.5.1943, N° 436, p. 426 (citation originale en allemand).<br />

48<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 23.9.1942, N° 898, p. 985, Requête du 22 septembre 1943; Fior<br />

1997, p. 83–86.<br />

49<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 16.4.1943, N° 369, p. 371: «<strong>La</strong> police fédérale des étrangers<br />

informe que Monsieur Hans Weidtmann, directeur de <strong>la</strong> Deutsche Bank à Istanbul, a déposé une nouvelle requête<br />

d’entrée en <strong>Suisse</strong>. Etant donné qu’il s’agit d’une personne qui s’est déjà fait remarquer auparavant par des<br />

<strong>transactions</strong> d’or indésirab<strong>les</strong>, <strong>la</strong> direction générale décide de recommander à <strong>la</strong> police des étrangers de rej<strong>et</strong>er <strong>la</strong><br />

requête.» (Citation originale en allemand) Cf. également Balzli 1997a, p. 163.

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