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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 132<br />

Chapitre 2<br />

sécurité de l’Union soviétique par une col<strong>la</strong>boration économique étroite avec le III e Reich. En<br />

ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>, il se révé<strong>la</strong> que c<strong>et</strong> élément de dissuasion perm<strong>et</strong>tait de transformer<br />

l’alignement économique <strong>et</strong> une coopération intéressée avec <strong>les</strong> puissances de l’Axe en une<br />

prestation en faveur de <strong>la</strong> défense nationale, <strong>et</strong> de leur attribuer ainsi une valeur morale.<br />

L’historiographie est confrontée ici à un délicat problème d’interprétation, car le fait que <strong>la</strong><br />

<strong>Suisse</strong> n’ait pas été attaquée militairement peut être mis en re<strong>la</strong>tion avec plusieurs hypothèses<br />

de dissuasion. <strong>La</strong>quelle faudrait-il privilégier? Celle qui est centrée <strong>sur</strong> <strong>les</strong> événements<br />

militaires ou celle qui est axée <strong>sur</strong> l’économie? Dans <strong>les</strong> deux cas, il est difficile d’établir un lien<br />

précis entre l’argument <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong> dissuasif. Il apparaît en outre que <strong>les</strong> «eff<strong>et</strong>s» sont toujours<br />

des enchaînements interprétés. Les décideurs doivent avoir conscience de l’importance des<br />

prestations économiques ou de l’efficacité d’une résistance armée pour qu’il en découle un<br />

eff<strong>et</strong> dissuasif. C’est précisément <strong>sur</strong> ce point qu’une vision nationale (suisse) <strong>et</strong> <strong>la</strong> perception<br />

extérieure (allemande) pouvaient diverger considérablement. L’interdiction d’exporter des<br />

armes édictée le 29 septembre 1944, illustre ce phénomène: <strong>les</strong> <strong>Suisse</strong>s étaient persuadés que<br />

<strong>les</strong> livraisons en question étaient primordia<strong>les</strong> pour le III e Reich; mais ce<strong>la</strong> ne signifiait pas que<br />

<strong>les</strong> Allemands en eussent jugé ainsi.<br />

Il est donc, en principe, très possible que le franc suisse ait eu une grande importance pour le<br />

III e Reich <strong>et</strong> qu’il ait exercé un eff<strong>et</strong> dissuasif, sans que ce<strong>la</strong> se soit exprimé dans <strong>la</strong> politique<br />

intérieure suisse. Inversement, c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> dissuasif a pu être avancé par <strong>les</strong> acteurs suisses pour<br />

légitimer des opérations problématiques, sans que c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ait été démontré. Enfin, on peut<br />

également envisager qu’un eff<strong>et</strong> réel de dissuasion ait été exploité ultérieurement à des fins de<br />

justification.<br />

Ces problèmes d’interprétation sont complexes. Mais on peut dire, dans un premier temps,<br />

qu’il est difficile d’adm<strong>et</strong>tre que <strong>les</strong> achats d’or, au moment de leur apogée, aient été dictés par<br />

une volonté de dissuasion. Les sources qui décrivent le processus de décision au sein de <strong>la</strong><br />

BNS ne mentionnent rien de semb<strong>la</strong>ble. Michel Fior tempère c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>cune dans son analyse:<br />

«Les documents n’ont r<strong>et</strong>enu aucune trace d’une éventuelle stratégie de ce type, ce qui ne<br />

prouve en rien qu’elle n’ait pas eu lieu.» 326 On peut estimer qu’un indice de tel<strong>les</strong><br />

considérations se trouve dans <strong>les</strong> déc<strong>la</strong>rations déjà citées qu’Emil Puhl avait faites en novembre<br />

1940 au conseiller de <strong>la</strong> BRI, Per Jacobsson, transmises ensuite à <strong>la</strong> BNS <strong>et</strong> par son<br />

intermédiaire au Conseil fédéral. 327 En juin 1940 déjà, le ministre de l’économie du Reich avait<br />

attiré l’attention <strong>sur</strong> <strong>la</strong> BRI <strong>et</strong> affirmé que c<strong>et</strong>te institution était trop précieuse pour qu’on <strong>la</strong><br />

détruise. 328 Au sein du gouvernement suisse, Marcel Pil<strong>et</strong>-Go<strong>la</strong>z <strong>et</strong> Ernst W<strong>et</strong>ter, en re<strong>la</strong>tion<br />

avec le r<strong>et</strong>rait de l’armée dans le Réduit national, mirent l’accent <strong>sur</strong> l’importance de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

326 Fior 1997, p. 82.<br />

327 Cf. chapitre 2.3.2.<br />

328 Selon une note du 24 juin 1940 de Weizsäcker citée par Bourgeois 1974, p. 120.

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