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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 120<br />

Chapitre 2<br />

Pour ne pas enfreindre ouvertement l’accord Currie, on convint que ces paiements seraient<br />

couverts par des avoirs en francs que <strong>la</strong> Reichsbank possédait en <strong>Suisse</strong>; <strong>la</strong> récente vente d’or<br />

servirait quant à elle à financer <strong>les</strong> besoins à caractère diplomatique <strong>et</strong> humanitaire. Comme le<br />

constata fort pertinemment Puhl, il s’agissait de donner un autre nom à un achat régulier<br />

d’or: 264<br />

«Par c<strong>et</strong>te réglementation, on espère pouvoir as<strong>sur</strong>er, <strong>pendant</strong> quelques mois au moins, un<br />

déroulement satisfaisant des opérations financières germano-suisses. Mais ces opérations<br />

cesseront d’el<strong>les</strong>-mêmes, étant donné que <strong>la</strong> Banque nationale n’est plus en me<strong>sur</strong>e de procurer<br />

de nouveaux avoirs en francs à <strong>la</strong> Reichsbank en lui ach<strong>et</strong>ant de l’or.» 265<br />

C<strong>et</strong>te astuce ne pouvait durer que jusqu’à l’épuisement des avoirs en francs de <strong>la</strong> Reichsbank,<br />

qui se montaient à environ 26 millions. Malgré ce<strong>la</strong>, <strong>la</strong> solution convenue avec Puhl équiva<strong>la</strong>it à<br />

une feinte ouvertement déc<strong>la</strong>rée pour «utiliser jusqu’au bout <strong>les</strong> fonds encore existants». 266 Elle<br />

constituait donc une vio<strong>la</strong>tion incontestable, sinon de <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre, du moins de l’esprit de l’accord<br />

Currie. De plus, comme le montrera le chapitre 5, on éludait ainsi, avec l’aval des autorités, le<br />

blocage des avoirs allemands.<br />

Dans sa dernière l<strong>et</strong>tre à Funk, Puhl se montra très satisfait de l’issue des négociations, qu’il<br />

qualifia fièrement de victoire <strong>sur</strong> <strong>les</strong> efforts alliés en <strong>Suisse</strong>:<br />

«Ce succès signifie que nous avons pour ainsi dire forcé le blocus financier souhaité par nos<br />

ennemis <strong>et</strong> [...] nous [m<strong>et</strong>] en me<strong>sur</strong>e [...] de garantir <strong>la</strong> continuité de nombreux accords<br />

germano-suisses publics <strong>et</strong> privés [...]. Je suis également parvenu à obtenir de <strong>la</strong> Banque<br />

nationale de nouveaux achats d’or qui perm<strong>et</strong>tront au Reich de s’acquitter de ses engagements<br />

envers <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> en tant que puissance protectrice des prisonniers de guerre <strong>et</strong> des internés,<br />

ainsi que de financer <strong>les</strong> représentants de <strong>la</strong> Croix-Rouge <strong>et</strong> du Reich.» 267<br />

Toutefois, l’application de l’accord Puhl déçut en grande partie <strong>les</strong> espoirs des principaux<br />

représentants des créanciers suisses – 7 millions de francs seulement furent versés au fond de<br />

transfert –, ce qu’on reprocha aux autorités fédéra<strong>les</strong> dont «le point de vue[…] mesquin<br />

[n’était] en aucune façon dans l’intérêt des créanciers suisses» <strong>et</strong> qui n’auraient «absolument<br />

pas été disposées […] à exploiter <strong>les</strong> possibilités créées par l’échange épisto<strong>la</strong>ire du 11 avril<br />

1945. […] Il est particulièrement incompréhensible que <strong>les</strong> autorités ne veuillent plus<br />

reconnaître <strong>les</strong> ordres de paiements signés après le 8 mai 1945 par le Délégué de <strong>la</strong><br />

Reichsbank, Monsieur Hinz». Il est «inexplicable que l’on adopte aujourd’hui une position<br />

formaliste <strong>et</strong> qu’on tente par tous <strong>les</strong> moyens d’empêcher ces paiements». 268 Ce que<br />

264<br />

AFB E 2801 1967/77, volume 9, L<strong>et</strong>tre du 23.3.1945 de Puhl à Funk (citation originale en allemand).<br />

265<br />

Archives BNS, Procès-verbal de <strong>la</strong> direction générale, 21.3.1945, N° 390, p. 405 (citation originale en allemand).<br />

266 e<br />

Archives ASB, volume 203, F17, Procès-verbal de <strong>la</strong> 59 séance du 26.6.1945 du Comité Allemagne de l’Association<br />

suisse des banquiers (citation originale en allemand).<br />

267<br />

AFB E 2801 1967/77, volume 9, L<strong>et</strong>tre du 6.4.1945 de Puhl à Funk (citation originale en allemand); cf. également<br />

Guex/Perrenoud 1995, p. 59–60.<br />

268 e<br />

Archives ASB, volume 203, F17, Procès-verbal de <strong>la</strong> 59 séance du 26.6.1945 du Comité Allemagne de l’Association<br />

suisse des banquiers, p. 11, 16 (Déc<strong>la</strong>rations Diggelmann, Türler) (citation originale en allemand). Hinz resta à Berne<br />

après l’effondrement du Reich allemand <strong>et</strong> établit au nom de <strong>la</strong> Reichsbank des ordres de paiement dans un certain<br />

nombre de cas restés en souffrance en Allemagne au cours des deux derniers mois de <strong>la</strong> guerre. Cf. également AFB E<br />

2001 (E) 1, volume 345.

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