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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 18 Introduction<br />

système politique qui évoluait visiblement en marge du droit international, de l’Etat de droit <strong>et</strong><br />

de <strong>la</strong> notion suisse d’ordre public. Dans ses re<strong>la</strong>tions avec <strong>les</strong> autres Etats, le III e Reich faisait<br />

mine de respecter <strong>les</strong> conventions du droit international; ce n’était qu’une façade. Pourquoi<br />

s’est-on à ce point trompé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> portée du problème? Serait-ce parce que, dans l’optique<br />

partiale qui préva<strong>la</strong>it, on s’en est tenu aux catégories formel<strong>les</strong> du droit de neutralité? Pourquoi<br />

n’a-t-on pas vu que, face à l’Allemagne, <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> avait affaire à un système inique qui<br />

comm<strong>et</strong>tait un génocide sans précédent dans l’histoire de l’humanité?<br />

Dès l’époque de <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale, l’attitude de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> a été légitimée par <strong>la</strong><br />

simple référence à sa neutralité internationalement garantie <strong>et</strong> à l’égalité formelle de traitement<br />

qu’elle devait par conséquent réserver à toutes <strong>les</strong> parties belligérantes. Or, l’équivalence<br />

consistant à m<strong>et</strong>tre <strong>sur</strong> un même pied <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> avec l’Axe <strong>et</strong> cel<strong>les</strong> conclues avec <strong>les</strong><br />

Alliés méconnaît le caractère criminel de l’appropriation de <strong>la</strong> plus grande partie de l’or<br />

allemand <strong>et</strong> <strong>la</strong> nature véritable du régime national-socialiste. Les considérations <strong>sur</strong> <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s<br />

juridiques de <strong>la</strong> neutralité revêtent sans conteste une grande importance. Mais el<strong>les</strong> ne peuvent<br />

conduire à ignorer des principes éthiques <strong>et</strong> des fondements moraux universellement reconnus.<br />

En outre, c’est en adoptant une démarche qui tienne compte des persécutions <strong>et</strong> des pil<strong>la</strong>ges<br />

systématiques commis par le III e Reich qu’il devient possible de reconstruire ou de se<br />

rapprocher de <strong>la</strong> perspective des personnes spoliées <strong>et</strong> des pays pillés. C<strong>et</strong>te perspective avait<br />

déjà été occultée dans <strong>les</strong> négociations de Washington en 1946. Depuis lors, <strong>la</strong> recherche s’est<br />

principalement concentrée <strong>sur</strong> <strong>les</strong> entrées <strong>et</strong> <strong>les</strong> sorties d’or des banques centra<strong>les</strong>. Seu<strong>les</strong><br />

quelques rares informations sont disponib<strong>les</strong> <strong>sur</strong> le vol <strong>et</strong> <strong>les</strong> circuits de l’or des victimes saisi<br />

dans <strong>les</strong> gh<strong>et</strong>tos <strong>et</strong> <strong>les</strong> camps de concentration <strong>et</strong> d’extermination.<br />

<strong>La</strong> question de savoir ce que savaient <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de l’époque a soulevé entre-temps<br />

l’intérêt. On l’a dit, l’argument selon lequel <strong>les</strong> dirigeants de <strong>la</strong> BNS auraient agi en toute<br />

bonne foi – à savoir sans connaître l’origine de l’or – ne résiste plus aujourd’hui à l’analyse.<br />

Mais nous manquons d’une étude <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mentalité <strong>et</strong> <strong>les</strong> motivations de ces personnages. Que<br />

vou<strong>la</strong>it-on ignorer? A quel<strong>les</strong> informations est-on demeuré en quelque sorte imperméable? Ce<br />

problème comporte un aspect supplémentaire, celui de <strong>la</strong> fiabilité que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de <strong>la</strong><br />

BNS ont accordée aux informations contradictoires produites par l’une <strong>et</strong> l’autre partie en<br />

conflit. Pourquoi <strong>la</strong> direction générale de <strong>la</strong> BNS a-t-elle entr<strong>et</strong>enu des re<strong>la</strong>tions étroites,<br />

amica<strong>les</strong> même, avec un personnage aussi équivoque qu’Emil Puhl, le vice-président de <strong>la</strong><br />

Reichsbank? Ce sont là autant d’interrogations auxquel<strong>les</strong> <strong>la</strong> Commission attache beaucoup<br />

d’importance, mais ne se voit encore que partiellement en me<strong>sur</strong>e de répondre.<br />

Pour saisir toute <strong>la</strong> portée du problème, il convient de le rep<strong>la</strong>cer dans le contexte international<br />

de l’époque. Une époque caractérisée par <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s conjugués d’évolutions à long terme <strong>et</strong><br />

d’événements tout à fait exceptionnels. Le développement de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce financière suisse s’est<br />

Fraenkel 1969.

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