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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiare <strong>sur</strong> l’or 34<br />

Chapitre 1<br />

définies de manière précise. En règle générale, il existait une différence fondamentale entre<br />

l’administration militaire <strong>et</strong> l’administration civile. <strong>La</strong> présence constante d’organes de <strong>la</strong> SS fit<br />

ce<strong>pendant</strong> naître dans <strong>les</strong> deux systèmes d’occupation des tensions <strong>et</strong> des conflits entre <strong>la</strong> SS <strong>et</strong><br />

<strong>les</strong> autorités d’occupation. Il est toutefois frappant de constater que ces différends ne<br />

concernaient que très rarement <strong>les</strong> principes mêmes de l’occupation, mais étaient engendrés par<br />

des intérêts sectoriels. L’une des questions <strong>les</strong> plus âprement disputées était l’attribution des<br />

biens volés. Nous donnons ici un bref aperçu du pil<strong>la</strong>ge de l’or des divers groupes de victimes<br />

au moyen de deux exemp<strong>les</strong>.<br />

Immédiatement après l’entrée des troupes allemandes en Union soviétique 46 , des «groupes<br />

d’intervention» (Einsatzgruppen) procédèrent à des exécutions massives. Par <strong>la</strong> suite, des<br />

gh<strong>et</strong>tos furent établis, dans <strong>les</strong>quels on regroupa <strong>les</strong> juifs destinés à être liquidés. Puis, ces<br />

gh<strong>et</strong>tos furent «vidés» <strong>et</strong> leurs habitants assassinés <strong>sur</strong> p<strong>la</strong>ce ou déportés ailleurs.<br />

Dès <strong>les</strong> premiers mois de l’occupation allemande <strong>et</strong> jusqu’en 1942, <strong>les</strong> communautés juives<br />

ainsi que d’autres groupes se virent extorquer d’énormes contributions, qu’ils devaient souvent<br />

verser en métaux précieux. Dans <strong>les</strong> zones administrées par l’armée, <strong>la</strong> saisie des biens juifs<br />

incombait aux services économiques de l’armée; dans <strong>les</strong> Commissariats du Reich<br />

(Reichskommissariate) Ost<strong>la</strong>nd <strong>et</strong> Ukraine, à des services civils appelés Commissariats<br />

régionaux (Gebi<strong>et</strong>skommissariate). Toutefois, <strong>la</strong> police de sûr<strong>et</strong>é revendiquait pour elle-même<br />

<strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>les</strong> plus précieux; son succès dépendait des rapports de force locaux.<br />

L’or des victimes arrivait à Berlin sous forme de bijoux (bagues, montres), de pièces de<br />

monnaie, mais aussi d’or dentaire. L’administration civile gérait des comptes désignés par des<br />

rubriques correspondantes 47 <strong>et</strong>, selon toute apparence, traitait directement avec <strong>la</strong> Reichsbank.<br />

Les bijoux étaient envoyés au mont-de-piété municipal de Berlin, qui <strong>les</strong> vendait ou, s’ils ne<br />

pouvaient l’être, <strong>les</strong> faisait fondre sous <strong>la</strong> supervision de l’Office du Reich pour <strong>les</strong> métaux<br />

précieux. Les commandements de l’armée en campagne (Feldkommandanturen) transféraient<br />

<strong>les</strong> biens saisis à <strong>la</strong> Caisse centrale du Reich (Reichshauptkasse), qui <strong>les</strong> comptabilisait à<br />

me<strong>sur</strong>e dans le Registre du butin de Russie (Beutebuch Russ<strong>la</strong>nd). 48 Les mêmes procédures<br />

s’appliquaient à l’or pris aux habitants non juifs.<br />

Il est néanmoins probable qu’une p<strong>et</strong>ite partie seulement du butin provenant d’Union<br />

soviétique soit parvenu à l’instance à <strong>la</strong>quelle il était officiellement destiné. <strong>La</strong> police de sûr<strong>et</strong>é,<br />

par exemple, était en principe tenue de rem<strong>et</strong>tre à l’administration civile <strong>les</strong> métaux précieux<br />

saisis. On ne sait pas exactement ce qu’il advint des valeurs qu’elle garda pour elle. Par<br />

46<br />

Nous remercions Christoph Dieckmann, Francfort-<strong>sur</strong>-le-Main, <strong>et</strong> Christian Ger<strong>la</strong>ch, Berlin, pour <strong>les</strong> renseignements<br />

fournis <strong>sur</strong> <strong>la</strong> situation en Union soviétique.<br />

47<br />

Il existait des comptes «J» ou «Fonds» p<strong>la</strong>cés sous <strong>la</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce de <strong>la</strong> Reichsstelle für Edelm<strong>et</strong>alle ainsi que des<br />

comptes «J» ou avec des désignations analogues dans <strong>les</strong> administrations fiduciaires <strong>et</strong> financières des territoires<br />

occupés de l’Union soviétique qui transféraient à <strong>la</strong> Reichsbank <strong>les</strong> montants ainsi encaissés.<br />

48<br />

BAB, R 2104/84–88. Les monnaies d’or confisquées par l’armée arrivaient également d’autres territoires occupés<br />

(Pologne, France, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> étaient consignées dans ce même type de registres de bull<strong>et</strong>in.

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