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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 131<br />

Chapitre 2<br />

recommandations alliées de Br<strong>et</strong>ton Woods; à <strong>la</strong> fin du mois d’octobre 1944, elle interdit<br />

officiellement <strong>les</strong> importations d’or, tout en renforçant <strong>la</strong> réglementation <strong>sur</strong> <strong>les</strong> devises. 322 <strong>La</strong><br />

direction générale de <strong>la</strong> BNS le savait <strong>et</strong> en discuta. 323 Le rapport transmis au Conseil fédéral<br />

en mai 1946 n’en fait pas <strong>la</strong> moindre mention. 324<br />

L’argument d’une obligation de neutralité, utilisé par <strong>la</strong> BNS pour justifier ses achats d’or à<br />

l’Allemagne, se révé<strong>la</strong> déjà inconsistant en 1943. <strong>La</strong> BNS n’en démordit pas, même après<br />

1945; elle s’obstina dans ses efforts pour défendre envers <strong>et</strong> contre tout <strong>la</strong> politique qu’elle<br />

avait menée <strong>pendant</strong> <strong>la</strong> guerre.<br />

c) L’argument de <strong>la</strong> dissuasion<br />

<strong>La</strong> notion de dissuasion fait généralement référence à des me<strong>sur</strong>es de défense militaire.<br />

Dissuader consiste à convaincre un adversaire de renoncer à une agression. Aujourd’hui, le<br />

concept de dissuasion est utilisé dans le contexte de <strong>la</strong> politique globale de sécurité, qui<br />

implique également <strong>les</strong> éléments économiques. <strong>La</strong> question se pose de savoir si <strong>et</strong> dans quelle<br />

me<strong>sur</strong>e <strong>la</strong> coopération économique avec le III e Reich a contribué à épargner à <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> d’être<br />

entraînée dans le conflit militaire de <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale <strong>et</strong>, en particulier, à diminuer<br />

le danger d’une agression de <strong>la</strong> Wehrmacht. Ce raisonnement se fonde <strong>sur</strong> l’idée que<br />

l’Allemagne, agresseur potentiel, était consciente de l’importance de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce financière suisse,<br />

de sa fonction de p<strong>la</strong>que tournante pour le marché de l’or, de l’intérêt de sa monnaie<br />

convertible dans le monde entier, <strong>et</strong> qu’elle avait bien pesé son intérêt. Un tel examen du<br />

rapport coût-profit est parfaitement p<strong>la</strong>usible; il est utile pour une recherche axée <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

problématique de l’économie de guerre. L’historien économiste Willi A. Boelcke a pu<br />

constater qu’on était bien conscient à Berlin des pertes financières considérab<strong>les</strong> que <strong>la</strong> ruine<br />

du franc suisse aurait entraînées pour l’économie de guerre allemande. «Compte tenu de <strong>la</strong><br />

fonction indispensable de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> dans l’utilisation (Konvertierung) des réserves d’or<br />

allemandes, il faut évidemment se poser <strong>la</strong> question provocante de savoir si ce sont <strong>les</strong><br />

préparatifs de défense militaire de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> ou plutôt <strong>la</strong> perfection avec <strong>la</strong>quelle <strong>les</strong> banques<br />

suisses ‹facturaient› <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> de <strong>la</strong> Reichsbank <strong>sur</strong> l’or <strong>et</strong> <strong>les</strong> devises qui ont garanti <strong>la</strong><br />

sécurité extérieure du pays <strong>pendant</strong> <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale.» 325<br />

L’argument qui fait du franc suisse une arme de dissuasion qui a pu contribuer à préserver<br />

l’intégrité territoriale du pays présente toutefois une double faib<strong>les</strong>se. Comme le montre<br />

l’attaque de <strong>la</strong> Wehrmacht contre l’Union soviétique en juin 1941, <strong>la</strong> «guerre-éc<strong>la</strong>ir» d’Hitler<br />

n’était pas essentiellement inspirée par des considérations rationnel<strong>les</strong> comme <strong>la</strong> thèse de <strong>la</strong><br />

dissuasion économique. Dans ce cas en eff<strong>et</strong>, Staline s’est trompé en croyant pouvoir as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong><br />

322<br />

Cf. Sveriges Riksbank 1997, p. 8.<br />

323<br />

Archives BNS B3/117.8, Procès-verbal du Comité de banque, 23./24.11.1944, p. 369: «Les me<strong>sur</strong>es prises par <strong>la</strong> Suède<br />

montrent c<strong>la</strong>irement que l’on s’oppose là-bas à de tel<strong>les</strong> remises d’or.» (Citation originale en allemand)<br />

324<br />

Archives BNS B3/117.8, Rapport de <strong>la</strong> direction générale du 16 mai 1946.<br />

325<br />

Boelcke 1976, p. 308 s. (citation originale en allemand).

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