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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 135<br />

Chapitre 2<br />

pays». 339<br />

Dans le contexte économique de <strong>la</strong> <strong>Seconde</strong> <strong>Guerre</strong> mondiale, c<strong>et</strong>te position devait<br />

nécessairement entrer en conflit avec <strong>les</strong> exigences de l’économie de guerre suisse; celle-ci<br />

incombait aux autorités fédéra<strong>les</strong>. <strong>La</strong> promesse du chef de <strong>la</strong> délégation à Washington de<br />

m<strong>et</strong>tre des francs à disposition des Etats-Unis contre de l’or provoqua une controverse entre <strong>la</strong><br />

BNS <strong>et</strong> le Département politique. Rossy, directeur général de <strong>la</strong> BNS, affirma au cours d’un<br />

entr<strong>et</strong>ien avec le Conseiller fédéral Nobs «qu’il serait temps que le Pa<strong>la</strong>is fédéral se distancie de<br />

<strong>la</strong> monnaie <strong>et</strong> qu’il <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> Banque centrale s’en occuper». 340 Il ne faut toutefois pas conclure<br />

de c<strong>et</strong>te déc<strong>la</strong>ration tranchante que <strong>la</strong> BNS aurait cherché à éviter à tout prix <strong>les</strong> consultations<br />

avec <strong>les</strong> autorités politiques. Elle avait pleinement conscience de l’importance du contexte<br />

politique global pour sa propre politique monétaire. Ainsi elle considéra en 1940, <strong>la</strong> création<br />

d’un dépôt auprès de <strong>la</strong> Reichsbank à Berlin, comme un «geste politique» dans le sens d’une<br />

adaptation active à <strong>la</strong> «nouvelle Europe». 341 En revanche, on ne trouve pas trace d’une<br />

col<strong>la</strong>boration active à <strong>la</strong> reconstruction d’après-guerre 342 ; ni même un signe pour se distancer<br />

de <strong>la</strong> Reichsbank. <strong>La</strong> BNS se replia toujours davantage <strong>sur</strong> une position défensive. Vers <strong>la</strong> fin<br />

de <strong>la</strong> guerre, elle ne put se résoudre à refuser d’elle-même l’offre de Puhl, qui vou<strong>la</strong>it continuer<br />

à lui vendre de l’or: elle s’en remit au Conseil fédéral. 343<br />

De plus, <strong>la</strong> BNS ne participa ni à l’é<strong>la</strong>boration de <strong>la</strong> politique du commerce extérieur, ni à sa<br />

mise en oeuvre. En eff<strong>et</strong>, elle ne fut représentée qu’à partir de 1942 dans <strong>la</strong> Commission<br />

d’économie de guerre du Département de l’économie publique 344 <strong>et</strong> ne fut consultée par<br />

l’influente «Délégation pour <strong>les</strong> négociations économiques avec l’étranger» 345 qu’au cas par<br />

cas – ou pas du tout, 346 comme lorsque fut octroyé le crédit de clearing à l’Allemagne en<br />

1941. 347 L’idée, rétrospectivement logique, d’utiliser <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> <strong>sur</strong> l’or avec <strong>la</strong><br />

339 e<br />

Aux termes d’un article paru dans <strong>la</strong> NZZ à l’occasion du 70 anniversaire de Gottlieb Bachmann. NZZ du 20 juill<strong>et</strong><br />

W<strong>et</strong>ter, 1944 (citation originale en allemand); cf. également Arl<strong>et</strong>taz 1982.<br />

340<br />

DDS, volume 15, p. 277 (citation originale en allemand).<br />

341<br />

Cf. chapitre 2.3.2 (citation originale en allemand).<br />

342<br />

Lors de <strong>la</strong> conférence de Br<strong>et</strong>ton Woods en été 1944, des délégués britanniques décrivirent <strong>la</strong> réaction de <strong>la</strong> BNS à <strong>la</strong><br />

réorganisation de l’ordre monétaire de l’après-guerre comme «une absence de compréhension». Cité d’après Herren<br />

1997, p. 643 (citation originale en allemand). Cf. DDS, volume 15, n° 144, p. 394–406. Cf. également Perrenoud 1990,<br />

p. 388–389.<br />

343<br />

«<strong>La</strong> Banque nationale n’a pas à se livrer à des considérations politiques. Si nous ne devons plus accepter d’or<br />

d’Allemagne pour des raisons politiques, c’est <strong>la</strong> Confédération qui doit en prendre <strong>la</strong> décision <strong>et</strong> qui doit également<br />

assumer <strong>la</strong> responsabilité de c<strong>et</strong>te décision» Commentaire de Gottlieb Bachmann au Comité de banque de <strong>la</strong> BNS,<br />

26/27 octobre 1944. Archives BNS, Procès-verbal du Comité de banque, 26/27 octobre 1944, p. 342 (citation originale<br />

en allemand).<br />

344 e<br />

Commission de l’économie de guerre du Département de l’économie publique. Procès-verbal résumé de <strong>la</strong> 123 réunion<br />

du mercredi 18 novembre 1942. AFB E 7110 1967/32, volume 63.<br />

345<br />

Cf. à ce propos Perrenoud 1987/1988, p. 58, 117, ainsi que Perrenoud 1990, p. 377.<br />

346<br />

«<strong>La</strong> délégation a toujours eu à cœur de s’appuyer <strong>sur</strong> l’autorité éprouvée de <strong>la</strong> Banque nationale suisse <strong>et</strong> de consulter<br />

celle-ci <strong>la</strong>rgement dès que des questions étaient évoquées, au cours des négociations économiques, qui entraient dans le<br />

cadre de <strong>la</strong> politique monétaire suisse. <strong>La</strong> délégation agira de même à l’avenir.» L<strong>et</strong>tre de <strong>la</strong> «Délégation permanente» à<br />

<strong>la</strong> BNS, 11.1.1944, AFB E 2001 (E) 2, volume 575 (citation originale en allemand), <strong>et</strong> AFB E 7110 1967/32, volume<br />

1742, L<strong>et</strong>tre de <strong>la</strong> BNS, 30.12.1943.<br />

347<br />

<strong>La</strong> BNS ém<strong>et</strong>tait de grandes réserves quant à l’octroi de ce crédit de 850 millions de francs. Cf. également DDS,<br />

volume 14, p. 124–127ff., 638 sqq.

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