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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 108<br />

Chapitre 2<br />

exportations invisib<strong>les</strong>, il ne serait pas nécessaire d’accorder un crédit à l’Allemagne. Aucun<br />

pays n’est d’ailleurs aussi intéressé que <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> aux revenus [qui s’élevaient à 200 millions de<br />

francs par an] des exportations invisib<strong>les</strong>. […] L’Allemagne elle, n’y trouve aucun intérêt». 199<br />

Du côté allemand, on prom<strong>et</strong>tait de livrer du charbon, du fer <strong>et</strong> des produits agrico<strong>les</strong> ainsi que<br />

de relâcher le contre-blocus. Le seul élément nouveau de l’accord était une c<strong>la</strong>use imposée par<br />

<strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> qui lui perm<strong>et</strong>tait de résilier prématurément <strong>la</strong> convention.<br />

Force est de constater que <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> n’a pas utilisé toute sa marge de manœuvre dans <strong>les</strong><br />

négociations: Hitler <strong>et</strong> son ministre des Affaires étrangères avaient ordonné à <strong>la</strong> délégation<br />

allemande «de conduire <strong>les</strong> négociations de façon à éviter une rupture qui mènerait à <strong>la</strong> guerre<br />

économique». 200 En outre, le ministère pour l’Armement <strong>et</strong> <strong>la</strong> Production de guerre avait<br />

déc<strong>la</strong>ré qu’il «pourrait au besoin renoncer aux importations de <strong>Suisse</strong> <strong>et</strong> à d’autres livraisons si<br />

<strong>la</strong> situation politique l’exigeait». Même s’il fal<strong>la</strong>it en arriver à une convention qui, «pour ce qui<br />

est des marchandises, défavoriserait l’Allemagne plus encore peut-être que l’absence<br />

d’accord», le ministère était en principe prêt à honorer un accord commercial, fût-il à ce point<br />

dicté par des considérations politiques. 201 Les instructions télégraphiées au chef de <strong>la</strong><br />

délégation allemande, l’ambassadeur Karl Schnurre, ne <strong>la</strong>issaient p<strong>la</strong>ner aucun doute:<br />

«Nous accordons dans tous <strong>les</strong> cas une grande importance, pour des raisons économiques, à<br />

nous entendre avec <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> <strong>sur</strong> un nouvel accord économique. […] [<strong>La</strong>] délégation est<br />

habilitée à approuver une diminution du volume dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e qui sera nécessaire. […] Etant<br />

donné que <strong>la</strong> répartition des réductions <strong>sur</strong> <strong>les</strong> divers postes de marchandises ne revêt pas<br />

une importance fondamentale, nous estimons qu’il n’est pas nécessaire que Berlin en<br />

décide.» 202<br />

Il apparaît donc que <strong>les</strong> <strong>Suisse</strong>s <strong>sur</strong>estimaient n<strong>et</strong>tement l’importance des exportations de<br />

matériel de guerre pour l’Allemagne. Visiblement, le Reich était prêt à accepter <strong>la</strong> suppression<br />

des marchandises c<strong>la</strong>ssées dans c<strong>et</strong>te catégorie. Dans l’optique actuelle, il faut se demander si<br />

l’argument de <strong>la</strong> neutralité n’a pas été avancé au premier rang pour perm<strong>et</strong>tre le maintien de<br />

re<strong>la</strong>tions commercia<strong>les</strong> aussi <strong>la</strong>rges que possible avec l’Allemagne afin d’alimenter le fonds de<br />

transfert <strong>et</strong> <strong>les</strong> livraisons de charbon <strong>et</strong> de fer.<br />

Les intérêts allemands dans <strong>les</strong> négociations économiques se situaient dans des domaines moins<br />

importants pour <strong>la</strong> délégation suisse: le transit de <strong>et</strong> vers l’Italie, <strong>la</strong> quote-part libre en devises<br />

de <strong>la</strong> Reichsbank 203 , ainsi que le commerce de l’or <strong>et</strong> des devises. L’Allemagne avait, <strong>sur</strong> ce<br />

dernier point, particulièrement à cœur de «préserver l’accord négocié récemment par le vice-<br />

199<br />

AFB E 7110 1973/135, volume 42, Compte rendu de <strong>la</strong> réunion du 5.1.1944 de <strong>la</strong> «Commission mixte»; DDS,<br />

volume 15, p. 172 (citation originale en allemand).<br />

200<br />

PA/AA Bonn, R 108101 Ha Pol IIb: <strong>Suisse</strong> 13A volume 6, Note du 2.6.1944 de Schnurre à l’intention du ministère des<br />

Affaires étrangères du Reich, p. 3 (citation originale en allemand).<br />

201<br />

PA/AA Bonn, R 108101 Ha Pol II b: <strong>Suisse</strong> 13A volume 6, L<strong>et</strong>tre du 4.7.1944 au ministère des Affaires étrangères du<br />

Reich.<br />

202<br />

PA/AA Bonn, R 108101 Ha Pol II b: <strong>Suisse</strong> 13A volume 6, Télégramme du 19.6.1944 de Ripken à Schnurre (souligné<br />

par <strong>la</strong> Commission – citation originale en allemand).<br />

203<br />

Cf. note 216 ci-dessous.

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