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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 124<br />

Chapitre 2<br />

que <strong>les</strong> livraisons fussent limitées «à de l’or provenant de stocks d’avant-guerre». <strong>La</strong> restriction<br />

du commerce de l’or avec <strong>la</strong> Reichsbank avait alors «du point de vue de <strong>la</strong> neutralité suisse <strong>et</strong><br />

de <strong>la</strong> situation militaire» une grande «importance politique». C’est pourquoi <strong>la</strong> Banque<br />

nationale s’était «entendue avec <strong>les</strong> autorités fédéra<strong>les</strong>» <strong>et</strong> avait convenu avec le Conseil<br />

fédéral de l’attitude à adopter. 285 Les arguments de <strong>la</strong> stratégie défensive <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quels <strong>la</strong> BNS<br />

appuyait sa justification étaient en p<strong>la</strong>ce:<br />

a) acquisition en bonne foi de l’or de <strong>la</strong> Reichsbank provenant des stocks d’avant-guerre;<br />

b) concordance entre ces <strong>transactions</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> principes de <strong>la</strong> neutralité suisse;<br />

c) menace militaire;<br />

d) coordination avec le gouvernement.<br />

a) L’argument de <strong>la</strong> bonne foi<br />

<strong>La</strong> bonne foi a constitué l’argument central de <strong>la</strong> direction. 286 Les dirigeants de <strong>la</strong> BNS<br />

affirmèrent qu’ils avaient pu compter que <strong>la</strong> Reichsbank ne leur livrait pas d’or pillé. C<strong>et</strong><br />

argument ne présupposait pas pour autant que l’appropriation de l’or par le III e Reich ait été<br />

légitime <strong>et</strong>, par exemple, qu’elle ait concordé avec <strong>la</strong> Convention de <strong>la</strong> Haye de 1907. On avait<br />

d’abord songé, il est vrai, à c<strong>et</strong>te première ligne de défense. Toutefois, vu <strong>la</strong> situation, une<br />

étude interne du bureau juridique de <strong>la</strong> BNS ainsi qu’une consultation juridique externe du<br />

professeur Di<strong>et</strong>rich Schindler déconseil<strong>la</strong>ient d’invoquer <strong>la</strong> Convention de <strong>la</strong> Haye de 1907<br />

pour fonder le droit de l’Allemagne à prendre possession de l’or des banques centra<strong>les</strong> des<br />

territoires occupés. 287 Ils doutaient en eff<strong>et</strong> que <strong>les</strong> Allemands eussent eu l’intention d’utiliser<br />

c<strong>et</strong> or conformément à c<strong>et</strong>te Convention. Pour désamorcer <strong>les</strong> reproches des Alliés, on pouvait<br />

faire valoir <strong>la</strong> bonne foi lors de l’acquisition de l’or. L’attention se concentrait donc <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

question de savoir s’il était possible, <strong>et</strong> crédible, d’affirmer que tout l’or reçu de <strong>la</strong> Reichsbank<br />

provenait de ses réserves d’avant-guerre ou avait été acquis légitimement par elle. Le rapport<br />

établi par <strong>la</strong> BNS en mai 1946 répondit c<strong>la</strong>irement par l’affirmative:<br />

«Au cours des négociations menées en octobre 1943 avec le vice-président de <strong>la</strong> Reichsbank<br />

Puhl, ce dernier prétendit que <strong>la</strong> Reichsbank avait toujours possédé d’assez grandes quantités<br />

d’or non déc<strong>la</strong>rées. C<strong>et</strong>te affirmation fut confirmée par d’autres sources. D’une manière<br />

générale, on estimait à 1,5 milliard de francs <strong>les</strong> réserves effectives d’or de <strong>la</strong> Reichsbank au<br />

moment de l’éc<strong>la</strong>tement du conflit. En 1944, <strong>la</strong> direction générale fut informée par des<br />

représentants d’une grande banque suisse de l’existence d’une liste établie par un diplomate<br />

285 Archives BNS, Rapport de <strong>la</strong> direction générale du 16 mai 1946, p. 26–27 (citation originale en allemand).<br />

286 <strong>La</strong> Commission n’ém<strong>et</strong> ici aucun jugement <strong>sur</strong> <strong>la</strong> question de savoir si <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de <strong>la</strong> BNS agissaient de bonne<br />

foi au sens juridique du terme, lorsque <strong>pendant</strong> <strong>la</strong> guerre ils faisaient commerce de l’or avec <strong>la</strong> Reichsbank. <strong>La</strong><br />

Commission a l’intention de faire procéder ultérieurement à une consultation juridique <strong>sur</strong> <strong>la</strong> problématique des<br />

<strong>transactions</strong> portant <strong>sur</strong> l’or.<br />

287 Archives BNS, B3/117.8 I, Note du 5 avril 1944 du bureau juridique de <strong>la</strong> BNS <strong>sur</strong> <strong>les</strong> <strong>transactions</strong> d’or de <strong>la</strong> Banque<br />

nationale suisse, établie en lien avec <strong>les</strong> déc<strong>la</strong>rations des Alliés <strong>sur</strong> le commerce de l’or avec <strong>les</strong> puissances de l’Axe;<br />

BNS, B3/117.8 I, consultation juridique du 22 juill<strong>et</strong> 1944 du professeur Di<strong>et</strong>rich Schindler. Cf. également AFB E<br />

2001 (E) 2, volume 560, AFB E 7160-01 (–) 1968/223, volume 179.

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