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La Suisse et les transactions sur l'or pendant la Seconde Guerre ...

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Rapport intermédiaire <strong>sur</strong> l’or 122<br />

Chapitre 2<br />

En résumé, on peut dire qu’à propos des achats d’or à <strong>la</strong> Reichsbank <strong>et</strong> des échanges<br />

économiques avec l’Allemagne, le Conseil fédéral <strong>et</strong> <strong>la</strong> BNS se <strong>la</strong>issèrent peu impressionner<br />

par <strong>les</strong> pressions croissantes que <strong>les</strong> Alliés exercèrent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> après <strong>la</strong> conférence de<br />

Br<strong>et</strong>ton Woods en été 1944. Certes, <strong>les</strong> autorités suisses se montrèrent disposées à adapter<br />

leur politique aux nouvel<strong>les</strong> conditions économiques – mais pas à revoir fondamentalement <strong>la</strong><br />

position qu’el<strong>les</strong> avaient conservée depuis le début des hostilités, <strong>et</strong> qui reposait <strong>sur</strong> le principe<br />

de <strong>la</strong> neutralité. <strong>La</strong> position de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> devait également respecter le principe de <strong>la</strong> loyauté<br />

contractuelle, disaient-el<strong>les</strong>: il était incompatible avec ce principe que, sous <strong>la</strong> pression<br />

extérieure, on réduise ou on rompe arbitrairement des re<strong>la</strong>tions économiques avec un<br />

partenaire quel qu’il soit, aussi longtemps que celui-ci «était disposé <strong>et</strong> en état de lui livrer des<br />

marchandises». 275 Ainsi, en dépit de circonstances qui auraient aisément justifié un changement<br />

d’attitude, <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong> préféra respecter jusqu’au dernier jour de <strong>la</strong> guerre <strong>les</strong> engagements pris<br />

envers l’Allemagne. Les autorités suisses considéraient en eff<strong>et</strong>, «malgré de vives<br />

préoccupations», que l’Allemagne avait encore <strong>la</strong> «capacité de contracter». 276 El<strong>les</strong> avaient été<br />

contraintes d’adopter c<strong>et</strong>te position essentiellement sous <strong>la</strong> pression des milieux économiques<br />

qui avaient un intérêt matériel à <strong>la</strong> poursuite des re<strong>la</strong>tions économiques, tant pour perm<strong>et</strong>tre le<br />

rapatriement d’avoirs suisses que dans <strong>la</strong> perspective d’un nouvel ordre international dans<br />

l’après-guerre. 277<br />

Comme on l’a vu à l’exemple des négociations économiques avec le Reich, l’argument de <strong>la</strong><br />

neutralité perm<strong>et</strong>tait de défendre <strong>les</strong> intérêts économiques de <strong>la</strong> <strong>Suisse</strong>; il perm<strong>et</strong>tait de parer<br />

<strong>les</strong> demandes de sanctions, <strong>et</strong> de renoncer à exploiter intégralement <strong>la</strong> marge de manœuvre<br />

dans le cadre des négociations:<br />

«Dans <strong>les</strong> échanges avec l’Allemagne seule, on enregistra <strong>pendant</strong> <strong>la</strong> guerre un excédent des<br />

importations de 500 millions de francs. C’est pourquoi, on eût manqué de prévoyance si l’on<br />

avait écouté ceux qui préconisaient <strong>la</strong> rupture des re<strong>la</strong>tions économiques avec l’Allemagne<br />

parce qu’el<strong>les</strong> représentaient un obstacle à <strong>la</strong> normalisation de nos re<strong>la</strong>tions avec <strong>les</strong><br />

Alliés.» 278<br />

Le fait d’avoir enfin pu m<strong>et</strong>tre un terme aux engagements contractuels avec l’Allemagne ne<br />

suscitait donc pas <strong>la</strong> satisfaction; on regr<strong>et</strong>tait bien plus l’absence de base solide pour <strong>la</strong><br />

conclusion d’un nouvel accord économique, car «ce<strong>la</strong> j<strong>et</strong>a un froid g<strong>la</strong>cial <strong>sur</strong> l’économie<br />

suisse». 279<br />

Il n’y eut pas de rupture économique <strong>et</strong> politique explicite avec le régime national-socialiste.<br />

Au lieu de s’associer à <strong>la</strong> position des Alliés, qui al<strong>la</strong>it décider de l’avenir, on préféra s’en tenir<br />

aux critères passéistes des «bénéfices tangib<strong>les</strong>»: au cours des derniers mois de <strong>la</strong> guerre, on<br />

275 Hotz 1951, p. 58.<br />

276 Archives ASB, volume 203, F17, Procès-verbal de <strong>la</strong> 59 e séance du 26.6.1945 du Comité Allemagne de l’Association<br />

suisse des banquiers, p. 13 (citation originale en allemand).<br />

277 Cf. à ce suj<strong>et</strong> le chapitre 5 du présent rapport.<br />

278 Homberger 1972, p. 105.<br />

279 Homberger 1972, p. 105.

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