Focales n°9 - AFD
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Troisième partie<br />
pour favoriser le développement, celle-ci ne doit pas seulement porter sur l’amont,<br />
la publication des sommes versées par les compagnies pétrolières aux États (qui<br />
concentre aujourd’hui l’attention des initiatives pour la transparence dans les<br />
industries extractives (ITIE) et du réseau Publiez ce que vous payez [ 119 ] ; voir Magrin<br />
et van Vliet, 2009) ; elle doit aussi porter sur l’aval, c’est-à-dire sur la manière dont<br />
la rente pétrolière est ventilée et gérée par l’État. Malgré les difficultés rencontrées<br />
(Pegg, 2009 ; ICG, 2010), les débats permanents au Tchad sur cette question depuis<br />
dix ans signalent un espace de bifurcation (van Vliet et Magrin, 2009), où les acquis<br />
de la période antérieure méritent d’être consolidés.<br />
Mais cela vaut aussi pour les autres acteurs, et notamment ceux de la société civile.<br />
Les organisations nationales qui se sont spécialisées dans le suivi des activités pétrolières<br />
et le plaidoyer depuis le début du projet Doba – notamment le GRAMPTC et<br />
les réseaux CPPN et CPPL – doivent apprendre à évoluer dans un contexte différent<br />
de celui qui les a vues naître : le retrait de la Banque mondiale diminue l’écho médiatique<br />
international de la scène pétrolière tchadienne, ce qui implique de rechercher<br />
un équilibre nouveau entre les formes anciennes de plaidoyer et une recherche de<br />
dialogue plus approfondi avec l’État et la compagnie pétrolière. La tâche est ardue,<br />
mais indispensable pour faire fructifier les acquis de l’expérience de Doba dans une<br />
perspective de gouvernance seule susceptible d’éviter les ornières de la « malédiction<br />
des ressources naturelles » (Magrin et al., 2009).<br />
À l’échelle locale des zones concernées par le projet Rônier, la société civile part de<br />
loin : les organisations y étaient moins nombreuses et moins fortes que dans la zone<br />
soudanienne qui accueillit le projet Doba, et elles ne bénéficient pas du soutien de<br />
la Banque mondiale, ou, indirectement, de l’appui des grandes ONG internationales<br />
motivé par l’implication de la grande institution internationale. Les ONG et réseaux<br />
nationaux nés de Doba les aident à s’organiser en réseau, par exemple à travers le<br />
Collectif des réseaux et organisations de la société civile en appui aux populations<br />
locales du Loug Chari (CROSCAP LC). Les enjeux seront ceux, désormais habituels,<br />
de la défense des intérêts des riverains et de l’environnement face aux activités<br />
industrielles (compensation des pertes de terre, accidents, nuisances, etc.).<br />
Une question importante demeure mal précisée : comment les impacts régionaux multiformes<br />
des activités pétrolières seront-ils compensés ? Il s’agit des impacts qui dépassent<br />
[119] L’ITIE, lancée par le gouvernement britannique en 2003, cherche à obtenir des États et des compagnies<br />
extractives des engagements en matière de transparence, et notamment que les sommes payées par les<br />
entreprises aux gouvernements en échange de l’exploitation de ressources naturelles soient rendues publiques.<br />
Publiez ce que vous payez est un réseau de la société civile qui fédère, dans chaque pays membre, une coalition<br />
d’ONG autour d’objectifs très comparables. Voir http://publishwhatyoupay.org./fr/about/propos-de-pcqvp<br />
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad