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Focales n°9 - AFD

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Quatrième partie<br />

terres mises en valeur, ce qui exclut de facto celles qui sont en jachère depuis plus de<br />

deux ans. Or, dans ces régions à rendement agricole faible et à faible densité de<br />

population, les systèmes de production reposent sur une agriculture extensive où la<br />

pratique de la jachère est généralisée. La durée des jachères varie fortement dans la<br />

région, selon les potentialités et la pression démographique. Ainsi, à Bouram, gros<br />

village des forêts du Baguirmi, la terre peut reposer trois ans, contre dix à quinze ans<br />

à Sabangari, petit village de Fellata Haoussa situé plus au nord. Paradoxalement, alors<br />

que la CNPC ne reconnaît pas la valeur des terres en jachère, l’État tchadien a déclaré<br />

illégal l’abattage des arbres pour faire du charbon, et cela même dans les aires de<br />

jachères, afin d’enrayer le processus de déforestation. Des amendes dissuasives menacent<br />

tout contrevenant. Des associations réclament que la valeur d’une emprise sur un<br />

hectare de jachère devrait au moins être comparable à celle de l’amende gouvernementale<br />

imposée à ceux qui prétendent utiliser la végétation arbustive de leurs terres<br />

au repos. Par ailleurs, alors que l’approche par la compensation semble plus adaptée<br />

(selon les expériences menées dans des contextes fonciers complexes similaires),<br />

celle-ci stagne.<br />

La CNPC envisagerait en effet de réaliser des compensations collectives, qui nécessitent<br />

des budgets plus conséquents, mais seulement lors de la phase d’opération.<br />

Cette position semble avoir été décidée en accord avec le gouvernement tchadien,<br />

afin de ne pas peser sur la trésorerie de la CNPC et de la SRN tant qu’il n’y a pas de<br />

revenus. Ainsi, seuls 3 puits d’eau potable et 500 cartables ont été offerts jusqu’à<br />

présent à la communauté de Koud Alwa, un gros village (2 000 habitants environ)<br />

proche des puits de pétrole. Cette approche, justifiable d’un point de vue financier<br />

et comptable, provoque en revanche des contestations de la part des populations<br />

riveraines, en général bien au courant des pratiques plus généreuses d’Exxon dans<br />

la zone de Doba. En attendant, les demandes de la population sont consignées et<br />

transmises au gouvernement tchadien et à la compagnie chinoise. Laissées sans<br />

réponse, elles risquent d’hypothéquer la « social licence to operate [ 171] ».<br />

[171 ] Cette expression, qui n’a pas d’équivalent exact en français, fait référence à la légitimité et à l’acceptabilité<br />

nécessaires à l’activité des entreprises (voir Donner, 2011).<br />

181<br />

© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad

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