Focales n°9 - AFD
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Cinquième partie<br />
semblent expliquer la pression qu’exerce le gouvernement sur la CNPC pour le respect<br />
d’un calendrier serré. Une telle prépondérance des intérêts économiques et politiques<br />
par rapport aux préoccupations environnementales s’applique aux trois pays.<br />
Si l’attention médiatique lors du projet de Doba a facilité l’organisation et la structuration<br />
de la société civile tchadienne, la discrétion du projet Rônier rend le travail de<br />
plaidoyer difficile. L’isolement des zones pétrolières ne joue d’ailleurs pas en faveur<br />
des ONG locales qui, pour la zone d’exploitation chinoise au Tchad, sont limitées et<br />
embryonnaires (GRAMPTC, 2010 : 31), voire inexistantes dans la partie concernée du<br />
Niger (Meynier, 2009). Au Soudan, notamment dans le bassin de Melut, les difficultés<br />
d’accès ainsi que le manque d’infrastructures de certaines zones accroissent les dangers<br />
qui pèsent sur les ONG. Lors des périodes de conflit, ces dernières ont parfois été<br />
directement menacées et il n’y a donc pas eu de présence permanente capable<br />
d’établir un suivi des questions environnementales et du droit des populations (Ecos,<br />
2006 : 7, 23).<br />
Indépendamment des situations, la communication de la CNPC s’opère principalement<br />
avec le gouvernement central. Ni l’administration territoriale, ni les pouvoirs coutumiers<br />
et encore moins la société civile locale ne sont en mesure d’effectuer un véritable suivi<br />
des questions environnementales (Ecos, 2006 ; Tutdel, 2010 ; Coalition for International<br />
Justice, 2006 ; PNUE, 2006 ; USAID, 2007), ce qui illustre les liens privilégiés de l’entreprise<br />
publique chinoise avec le pouvoir central des pays en question.<br />
Au Soudan, dans un contexte de guerre, les compensations et les déplacements de<br />
populations ont posé de graves difficultés ; au Niger et au Tchad, les problèmes semblent<br />
gérables, malgré quelques incompréhensions. Selon diverses sources, les arguments<br />
des communautés impactées par les divers projets pétroliers au Soudan n’ont pas été<br />
pris en considération lors de la phase de négociation (ibidem). Quant aux déplacements,<br />
beaucoup de villages concernés par l’exploitation pétrolière chinoise dans le bassin<br />
de Melut ont été vidés de force par l’armée gouvernementale ou des milices lors de<br />
la phase de développement des champs pétroliers en 1999-2002 (Ecos, 2006 : 19). Au<br />
Tchad et au Niger, les projets pétroliers se localisent dans des zones relativement<br />
peu peuplées et la question qui prédomine est celle de la compensation des terres<br />
cultivées. La plupart du temps, les communautés riveraines se plaignent des barèmes,<br />
des critères adoptés et du retard dans le paiement. Le gouvernement soudanais<br />
affirmait que ces communautés seraient relogées dans des sites équipés en services<br />
de base et logements, ce qui, selon Ecos, ne s’est jamais réalisé (Ecos, 2006 : 19). Depuis<br />
la signature du CPA, certains parmi ceux qui auparavant avaient trouvé refuge dans<br />
des centres régionaux ont commencé à retourner vers les sites de leurs anciens villages.<br />
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad