Focales n°9 - AFD
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Première partie<br />
En Chine, la plupart des lois et règlements environnementaux sont rédigés de manière<br />
générale et vague et contiennent des ambiguïtés, notamment parce que certaines<br />
lois importantes ne définissent pas les termes clés (Gang, 2009). À titre d’exemple,<br />
la Loi de 2000 sur la prévention et le contrôle de la pollution de l’air dispose que « le<br />
Conseil des affaires d’État et le gouvernement populaire à tous les niveaux prennent<br />
des mesures pour prévenir la pollution atmosphérique, protéger et améliorer l’atmosphère<br />
», mais elle ne contient aucune disposition sur les mesures et procédures<br />
concrètes qui permettraient de garantir la responsabilité environnementale des<br />
gouvernements. Ces ambigüités sont une porte ouverte à des divergences d’interprétation<br />
entre les administrations et augmentent ainsi fortement le risque de nonconformité.<br />
Comme l’a souligné Alford (2003), certaines lois environnementales<br />
chinoises tiennent davantage de la déclaration d’intention politique que de l’énoncé<br />
clair de ce qui est précisément autorisé et de ce qui ne l’est pas.<br />
Les instruments économiques sont des outils de régulation complexes qui requièrent,<br />
pour être efficaces, d’importantes quantités de données, une capacité de modélisation<br />
et une assez bonne connaissance des comportements des agents. Ils demandent<br />
aussi des capacités pour ajuster et affiner ces dispositifs chemin faisant. Dans des<br />
cadres organisationnels non préparés, qui n’offrent pas ces conditions, ces instruments<br />
peuvent produire des résultats contreproductifs. De fait, ils sont assez mal appliqués<br />
par les autorités locales. Le taux de recouvrement des taxes est faible ; on estime qu’il<br />
est inférieur à 50 % en moyenne (entre 10 % dans les provinces de l’ouest et 80 %<br />
dans les zones côtières, selon le Bureau d’information du Conseil des affaires d’État,<br />
2006). En dépit de récentes augmentations, les taxes de pollution demeurent trop<br />
faibles pour être incitatives [41] et les entreprises préfèrent payer plutôt que de modifier<br />
leurs procédés de production pour polluer moins. Les lois chinoises plafonnent les<br />
amendes infligées aux pollueurs et ce plafond est souvent trop faible par rapport au<br />
montant de l’investissement des projets polluants et des dommages causés à l’environnement.<br />
En 2005 par exemple, trente grands projets de construction (majoritairement<br />
des projets de centrale hydraulique ou thermique représentant plus d’un milliard de<br />
yuans (CNY) d’investissement) n’ont pas rempli les conditions imposées par l’EIE,<br />
tandis que l’amende maximale infligée par la SEPA, de 100 000 CNY seulement, avait un<br />
effet persuasif très modeste sur les contrevenants. « Dans bien des cas, le montant<br />
qu’une entreprise acquitte effectivement résulte d’une négociation avec l’adminis-<br />
[41] Les taux pour les émissions de SO 2 ont été portés de 0,21 CNY/kg à 0,42 CNY/kg en 2004 et à 0,63<br />
CNY/kg en 2005 ; une nouvelle taxe de 0,6 CNY/kg de NOx a été instaurée en 2004 (Bureau d’information<br />
du Conseil des affaires d’État, 2006).<br />
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad