Focales n°9 - AFD
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Première partie<br />
USD, soit moins de 7 % du PIB mondial, mais ses consommations d’énergie, d’acier,<br />
de charbon et de ciment représentaient respectivement 15 %, 27 %, 31 % et 54 % du<br />
total mondial (Banque mondiale, 2009). Les politiques de protection de l’environnement<br />
ne pourraient pas à elles seules modifier ce profil de croissance marqué par une<br />
forte consommation d’intrants et une faible productivité. Malgré les efforts entrepris, la<br />
pollution de secteurs importants des systèmes fluviaux chinois exacerbe la rareté de<br />
la ressource en eau (2030 Water Resource Group, 2009) [ 31 ] . La consommation d’eau<br />
douce s’établissait à 2 156 m 3 par habitant en 2007 (parmi les plus faibles pour un<br />
grand pays) et 60 % des 660 villes de Chine manquent aujourd’hui d’eau. De plus,<br />
les ressources hydriques sont inégalement distribuées : en 2000, la Chine méridionale<br />
concentrait 80,4 % des ressources hydriques naturelles, pour seulement 53,3 % de la<br />
population, tandis que la Chine septentrionale accueillait 19,6 % des ressources en<br />
eau mais 46,7 % de la population (Banque mondiale, 2009 ; OCDE, 2007). Depuis un<br />
déversement accidentel de benzène par une usine de produits chimiques en<br />
2005 [32] , les médias chinois ont révélé de nombreux accidents de pollution des eaux.<br />
La Chine paie un très lourd tribut à la pollution hydrique : selon une estimation récente<br />
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 75 % des maladies en Chine sont imputables<br />
à la pollution de l’eau, ce qu’illustrent les nombreux « villages du cancer » situés<br />
le long des sources d’eau polluées du pays. Toujours selon l’OMS, 100 000 décès par<br />
an sont imputables à la pollution de l’eau [ 33 ] .<br />
Selon la Banque mondiale, treize villes chinoises se classaient parmi les vingt villes les<br />
plus polluées du monde en 2006 (Banque mondiale, 2009). La production d’énergie<br />
est le premier responsable de la pollution atmosphérique. En 2009, 77,3 % de l’énergie<br />
produite provenait du charbon (Bureau national des statistiques, 2010). Les centrales<br />
au charbon emploient des technologies désuètes, qui sont à l’origine de niveaux de<br />
contamination de l’air par le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote, la suie et les poussières<br />
supérieurs aux normes chinoises. Le formidable essor du parc automobile individuel<br />
et des usines de ciment est un autre facteur important de pollution de l’air et d’émission<br />
de gaz à effet de serre. En 2010, la Chine pourrait dépasser les États-Unis au premier<br />
[ 31 ] Le MEP applique une grille pour classifier différents degrés de pollution des eaux. Les niveaux I-III indiquent<br />
que l’eau est potable, le niveau IV que l’eau est réservée aux utilisations industrielles, le niveau V, qu’elle l’est<br />
à l’irrigation seulement.<br />
[32] Une explosion survenue dans une usine (usine pétrochimique publique de Jilin, filiale de PetroChina) dans le<br />
nord-est de la Chine en novembre 2005, a provoqué l’écoulement de 100 tonnes de benzène et de nitrobenzène<br />
dans le fleuve Songhua ; une nappe d’eau fortement contaminée de 80 km de long a touché la ville<br />
de Harbin et privé quatre millions de personnes des services publics des eaux pendant cinq jours.<br />
[ 3 3 ] Selon l’organisation Pacific Environment : http://www.pacificenvironment.org/article.php?id=1878. Accès le<br />
5 mai 2011.<br />
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad