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Focales n°9 - AFD

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approuvé. Les PGE et les plans de prévention contre les déversements accidentels<br />

(PPDA) ne sont pas rendus publics et ne sont pas non plus disponibles au ministère<br />

de l’Environnement. Ni les populations riveraines, ni les autorités locales ne savent le<br />

rôle qu’elles doivent jouer dans le projet, en particulier en cas de déversement accidentel.<br />

Plus grave encore, les responsables HSE d’Exxon n’y avaient pas encore eu<br />

accès en octobre 2010, alors qu’il est usuel que les différentes firmes du secteur<br />

pétrolier d’un même pays concertent leurs réponses en cas d’accident de niveau 2,<br />

nécessitant une réponse concertée de l’ensemble des moyens du secteur disponibles<br />

dans le pays. Les responsables HSE d’Exxon et de la CNPC n’ont pas l’habitude de se<br />

rencontrer, ce qui contribue à alimenter rumeurs et stéréotypes. Cet état de faits<br />

empêche le suivi et le contrôle externes de la régulation environnementale du projet,<br />

tant de la part des représentants de l’État, des autorités locales, des ONG, de la<br />

population riveraine que des chercheurs.<br />

Pour la CNPC, le seul interlocuteur est le ministère du Pétrole. Les cadres chinois du<br />

projet rendent rarement visite aux autorités locales (préfets, sous-préfets et sultans) [179] .<br />

Ces visites de terrain sont alors assurées par des membres du personnel tchadien du<br />

département HSE. Expérimentés et rompus aux codes de communication locaux,<br />

ces derniers ont pu établir une relation de confiance avec les villageois. Néanmoins,<br />

lors des entretiens, nombreux sont les riverains des installations pétrolières qui se<br />

sont plaints de ne voir que des Tchadiens discuter avec eux, et jamais de Chinois.<br />

Cette critique montre bien que, pour ces populations, le personnel tchadien ne<br />

représente pas réellement la CNPC [ 180 ] , ou du moins qu’il n’a pas un rôle décisionnel<br />

et ne servirait donc qu’à transmettre les informations [181] . Cette situation engendre<br />

méfiances et malentendus entre l’entreprise, les autorités locales et les populations<br />

riveraines, qui se répercutent négativement sur l'image de l'entreprise.<br />

Qu’est-ce qui peut expliquer ce manque de disposition au dialogue ? Si la gestion<br />

environnementale dans les pays occidentaux est devenue un processus qui concerne<br />

de multiples acteurs aux intérêts divers, et avec lesquels les entreprises ont appris à<br />

dialoguer et à coopérer, Shi et Zhang considèrent que ce n’est pas encore le cas en<br />

Chine, où la protection environnementale est traditionnellement un monopole de<br />

188<br />

© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad<br />

Quatrième partie<br />

[179] Entretien avec un préfet, 13 août 2010.<br />

[ 180] En réalité, la population riveraine des installations souhaite rencontrer « les Chinois » et établir des relations suivies<br />

avec eux, c’est-à-dire pouvoir les rencontrer fréquemment au cours de réunions. Souhait exprimé lors de<br />

« Focus groups » dans les villages et les entretiens avec les ONG locales, le 13 au 15 août 2010, zone de Rônier.<br />

[181 ] Ils manifestent ainsi la conscience de n’avoir affaire qu’à l’ « écorce » de l’organisation, et même à l’extérieur<br />

de cette écorce, par opposition au « noyau » (composé de staff chinois), où se prendraient toutes les décisions<br />

importantes (van Vliet et al., 2007).

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