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Focales n°9 - AFD

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Quatrième partie<br />

coexistent autruches, singes et antilopes. Sur le fleuve Chari, que traverse l’oléoduc,<br />

vivent des hippopotames. À ce stade du projet (décembre 2010), aucun impact significatif<br />

immédiat sur la faune ou la flore attribuable de manière plausible au projet n’a<br />

été signalé.<br />

Dans la phase de construction observée, les retombées économiques sont faibles :<br />

les opportunités d’affaires pour les entrepreneurs locaux et les créations d’emplois<br />

pour la population sont rares. Un nombre limité d’entrepreneurs tchadiens intervient<br />

en sous-traitance dans les activités de transport et de construction. Selon les autorités<br />

locales, la CNPC et ses sous-traitants chinois court-circuitent les commerçants<br />

intermédiaires et envoient leurs propres employés sur les marchés locaux, créant<br />

ainsi un marché direct de produits alimentaires frais pour les éleveurs et les paysans.<br />

La politique de recrutement de la CNPC et de ses sous-traitants reste dissuasive pour<br />

les chercheurs d’emploi tchadiens (GRAMPTC, 2010). Pour la phase de construction,<br />

un nombre réduit de postes a été ouvert aux Tchadiens, y compris pour les fonctions<br />

requérant le moins de qualifications (manœuvres). À ce sujet, la loi n o 006/PR/07<br />

relative aux hydrocarbures est souvent invoquée par les associations qui font médiation<br />

entre la CNPC et les populations riveraines. Cette loi dispose en effet que « le contractant<br />

s’engage à assurer en priorité le recrutement du personnel tchadien en procédant<br />

par appels d’offres publics ». Cependant, il n’est pas certain que cette loi soit inscrite<br />

parmi les référentiels qui figurent dans le contrat entre les gouvernements tchadien,<br />

chinois et la CNPC. En réponse aux questions sur la politique de recrutement, la<br />

CNPC indique qu’elle doit respecter un calendrier très serré imposé par les autorités<br />

tchadiennes.<br />

Selon les données recueillies, les conditions de travail des travailleurs tchadiens varient<br />

fortement, selon qu’ils sont directement recrutés par la CNPC, ou qu’ils travaillent<br />

pour des sous-traitants (chinois ou tchadiens). Un employé tchadien d’une entreprise<br />

sous-traitante chinoise travaillerait 12 heures par jour pour 2 000 FCFA (son repas<br />

étant à sa charge). Les employés tchadiens directement recrutés par la CNPC reçoivent<br />

un salaire plus élevé et sont hébergés sur le site même des travaux. Si l’on recense<br />

peu de plaintes à l’encontre de la CNPC, la compagnie souffre des amalgames avec<br />

les entreprises chinoises sous-traitantes (salaires moins élevés, absence de contrat,<br />

licenciements contestés, etc.). Les conditions de travail dans les entreprises soustraitantes<br />

tchadiennes sont également sources de tensions (GRAMPTC, 2010).<br />

Tout grand projet crée des attentes et la gestion de l’impact psychologique revient à<br />

la compagnie pétrolière (Goodland, 2005). Or, dans le cas de la CNPC, cet impact a été<br />

quasiment absent : les populations riveraines semblent avoir intériorisé et anticipé le<br />

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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad

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