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Focales n°9 - AFD

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Conclusion générale<br />

térale (projets de la Banque mondiale ou des banques régionales), permettant ainsi<br />

de légitimer l’accès aux marchés de biens et de services créés par les dons ou prêts<br />

en faveur des entreprises des pays membres. Sur la base de travaux antérieurs réalisés<br />

dans des contextes dominés par des firmes occidentales, nous avons supposé que la<br />

CNPC, parce qu’elle se trouvait au début du cycle pétrolier au Tchad, serait ouverte au<br />

dialogue avec les chercheurs, les ONG et les populations riveraines, et qu’elle disposerait<br />

pour assurer ces liens d’un département HSE renforcé (incluant une équipe<br />

conséquente chargée de la communication et des relations communautaires). En d’autres<br />

termes, nous supposions que la CNPC avait mis en place le dispositif correspondant<br />

à la fonction de légitimation observable dans les entreprises occidentales.<br />

Or, dans le projet de la CNPC au Tchad, le rôle et la taille du département chargé<br />

de fournir cette légitimité semblent avoir été réduits, même en début de cycle. Si la<br />

différence entre les fonctions de « production » et de « légitimation » est bien réelle<br />

au sein de la CNPC, la fonction de « légitimation », en particulier dans le domaine de<br />

la gestion environnementale, occupe, quant à elle, une place réduite et peu visible<br />

dans l’organisation. Selon nous, la fonction de « légitimation » de la CNPC est incluse<br />

dans l’ensemble du programme de coopération bilatérale de la Chine avec le Tchad,<br />

suivant un modèle éprouvé dans le cas des coopérations bilatérales des pays occidentaux<br />

jusqu’aux années 1980. Cette fonction est assurée par l’ambassade, par exemple<br />

sous la forme de dons pour la construction d’infrastructures ou de la promotion de<br />

partenariats industriels, comme la raffinerie du Tchad. Il en sera probablement ainsi à<br />

l’avenir, à moins que la CNPC ne développe son propre dispositif de « légitimation ».<br />

Cela pourrait résulter d’un nouveau contexte, où la Chine ferait jouer aux organismes<br />

multilatéraux (dont elle est devenue membre) un rôle de légitimation de l’accès aux<br />

opérations industrielles et commerciales semblable à celui que ces organismes assurent<br />

aujourd’hui en faveur des seuls pays occidentaux.<br />

Jusqu’à maintenant, seules quelques grandes entreprises occidentales ou appartenant<br />

à l’OGP étaient en mesure d’introduire de nouvelles technologies et de nouvelles<br />

approches et procédures reconnues au niveau international. Ces firmes savaient gérer<br />

leurs relations avec les médias, les autorités régulatrices nationales ou supranationales,<br />

et trouver leur chemin dans les méandres des organisations faîtières autorégulées<br />

du secteur pétrolier. Elles pouvaient ainsi voir récompensés leurs efforts en tant que<br />

producteurs de nouvelles « meilleures pratiques ». Mais obtenir une telle reconnaissance<br />

ne suppose pas seulement de disposer d’une « meilleure pratique » : cela exige aussi une<br />

capacité à communiquer, à convaincre, à entraîner l’adhésion, un savoir-faire que la<br />

CNPC doit encore acquérir. Sans ouverture aux pratiques de la communication et<br />

du dialogue, qui constituent aujourd’hui une dimension importante de la fonction<br />

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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad

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