Focales n°9 - AFD
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2010 : 18-19). Or, c’est ce qui est advenu. Dans ce domaine de la régulation environnementale<br />
pétrolière comme dans d’autres, les implications de l’indépendance du Sud<br />
Soudan mériteront donc d’être étudiées.<br />
Jusqu’en 2011, la gestion environnementale a donc suivi une logique au cas par cas.<br />
Toutefois, si une interconnexion des projets pétroliers des différents pays de l’Afrique<br />
médiane se réalisait, il serait plus probable que la CNPC adopte une approche régionale.<br />
Au Niger, les réserves pétrolières se présentent sous forme de poches morcelées.<br />
Pour atteindre un niveau de production économiquement viable, il faut forer un grand<br />
nombre de puits (Ecos, mai 2006 ; Tutdel, 2010 ; Coalition for International Justice,<br />
2006 ; PNUE, 2006 ; USAID, 2007). Un tel investissement ne pourrait être compris<br />
sans envisager une possibilité d’exportation du pétrole. Du fait de l’enclavement du<br />
pays, plusieurs options se présentent : exporter par le Nigeria, par le Bénin, par l’Algérie,<br />
ou envisager un rattachement à l’oléoduc d’Exxon Mobil au Tchad (cf. carte 6).<br />
Au Tchad, il pourrait être intéressant pour les Chinois de connecter leurs gisements<br />
avec l’oléoduc construit et administré par Exxon. Les négociations sur les conditions<br />
d’exportation sont en cours avec le gouvernement ainsi qu’avec le consortium de<br />
Doba. En même temps, d’autres options – certes plus coûteuses et risquées – se<br />
négocient avec une entreprise française. L’idée serait de relier l’oléoduc CNPC tchadien<br />
avec le système de transport au Soudan. Si les normes environnementales pour<br />
Doba sont définies par les accords de prêt SFI, la question est de savoir comment et<br />
à quel niveau celles-ci vont s’appliquer aux opérations chinoises en cas de rattachement<br />
de l’oléoduc CNPC avec celui d’Exxon Mobil (cf. parties 3 et 4).<br />
La comparaison entre des opérations pétrolières chinoises aux stades de production<br />
différents permet de questionner l’ensemble d’hypothèses sur les cycles miniers de<br />
van Vliet (1998). Celles-ci montrent l’évolution des stratégies des opérateurs, celle de<br />
l’état des installations ainsi que celle des capacités de négociation des communautés<br />
locales concernées. En principe, le début de l’exploitation extractive constitue la<br />
phase où la création de l’emploi est la plus élevée et où les impacts sociaux et environnementaux<br />
négatifs ne sont pas (encore) visibles. Au fur et à mesure que le cycle<br />
de production avance, la disposition de la part des entreprises à indemniser et à<br />
prendre en considération les requêtes de la population locale diminue. Quant aux<br />
organisations de la société civile et aux ONG, elles mettent du temps à s’organiser<br />
et à développer les compétences nécessaires pour faire valoir les intérêts des communautés.<br />
Sur un graphique, cette inadaptation temporelle donne lieu à deux courbes<br />
contradictoires ; l’une décroissante et l’autre croissante. L’écart entre les courbes se<br />
traduit par des potentialités non exploitées par la population au début du cycle et<br />
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad<br />
Cinquième partie