Focales n°9 - AFD
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© <strong>AFD</strong> / Novembre 2012 / Une compagnie pétrolière chinoise face à l’enjeu environnemental au Tchad<br />
Introduction<br />
et ses effets réels sur l’évolution des pratiques managériales des entreprises (Zeng et al.,<br />
2005). Le troisième concerne le débat plus large sur la « malédiction des ressources<br />
naturelles » et ses effets supposés, en particulier dans les PMA (Rosser, 2006).<br />
La présence croissante de la Chine en Afrique alimente des controverses au sein des<br />
sociétés et des classes dirigeantes africaines. Alden (2007) distingue trois séquences :<br />
(i) une période d’intense activité durant les guerres de libération et les années suivant<br />
les indépendances (années 1960 et 1970) ; (ii) une phase de relâchement durant les années<br />
1980 (où la Chine travaille en interne à la mise en œuvre de la politique des quatre<br />
modernisations défendue par le président Deng Xiaoping, notamment l’ouverture à<br />
l’arrivée de capitaux internationaux), puis (iii) une période de redécouverte de<br />
l’Afrique à partir des années 1990 (Jenkins et Edwards, 2006). Ce retour vers l’Afrique est<br />
renforcé par l’injonction en 2004 du président Hu Jintao faite aux firmes publiques<br />
les plus importantes d’investir dans les opérations à l’étranger et de participer plus<br />
activement à la compétition scientifique et économique internationale (Finkelstein,<br />
2009). Ceci participe de la stratégie de rayonnement extérieur (going out strategy)<br />
en vue de renforcer les capacités chinoises pour un développement à la fois durable<br />
et mieux partagé (ibid., 2009). Cette injonction fut accompagnée par une batterie de<br />
mesures incitatives et un rôle croissant donné aux institutions financières chargées<br />
de les gérer (fonds d’investissement, banques de développement). La présence de la<br />
Chine en Afrique prend des formes diverses : migrants individuels, petites et moyennes<br />
entreprises (PME) et transnationales (souvent publiques) opérant notamment dans<br />
les secteurs miniers et pétroliers (Cole, 2003 ; Alden, 2007 ; Chen, 2008 ; Perret, 2007 ;<br />
Heinrigs, 2007 ; Munson et Zheng, 2010).<br />
Selon Alden (2007), indépendamment des objectifs affichés ou des effets réels de ses<br />
actions, la Chine a fait l’objet de perceptions variées de la part des gouvernements<br />
et des peuples africains. Elle a ainsi pu être considérée en tant que « partenaire du<br />
développement », comme « concurrent » et parfois même comme « colonisateur ».<br />
Alden, encore (2007 : 59), souligne la capacité d’adaptation de la Chine à la diversité<br />
des régimes politiques auxquels ses acteurs sont confrontés (régimes illégitimes,<br />
démocraties faibles avec des économies principalement tournées vers les matières<br />
premières, ou démocraties couplées à des économies diversifiées). Cette capacité d’adaptation<br />
a projeté l’image d’une Chine prête à tout pour avoir accès aux ressources, par<br />
exemple lorsqu’elle applique à l’extrême le principe de non-ingérence (voir l’argument<br />
développé par Soares de Oliveira, 2008), alors même que l’enracinement de la présence<br />
de la Chine ne peut se faire sans un contexte paisible (Lee et Shalmon, 2007). Pour Soares<br />
de Oliveira, les firmes chinoises sont peu sensibles aux pressions des organisations<br />
non gouvernementales (ONG) occidentales et se concentrent sur les demandes des